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Voyage dans un manuel scolaire, prélude au vote… Mélenchon

par Yves Buchsenschutz
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Notre année électorale est maintenant pratiquement terminée. En dehors des phénomènes concernant les grands partis, un élément un peu différent se détache : l’émergence de Jean-Luc Mélenchon. Il a fait un score élevé aux présidentielles, soutenu en particulier par les jeunes, et participant largement à la déroute du PS historique. Lors des législatives, il a été largement élu à Marseille et a obtenu un nombre de députés lui permettant de former un groupe à l’Assemblée. Néanmoins, et quoiqu’il s’en défende, les différents éléments de son programme nous emmèneraient assez directement vers des régimes de type Poutine, Castro, ou Chavez[[Pour mémoire Cuba était classé 67ème sur 186 pays en Indice de Développement Humain en 2014 (en baisse) et le Venezuela 72ème, en stagnation. Quel magnifique objectif !]]. Comment donc expliquer un tel succès ?

Ayant eu l’occasion de voyager tant en Russie qu’à Cuba, pays de faillite économique totale ou peu s’en faut, liberticides et totalitaires, etc., je me suis posé la question de savoir pourquoi nos enfants plébiscitaient le promoteur de ces régimes.

Alors il y a bien sûr l’idéalisme de la jeunesse, la haine de la finance internationale, l’égalitarisme… mais tout de même. J’ai alors pensé à l’éducation. J’ai pu me procurer le manuel d’histoire et géographie des classes terminales S édité chez Hachette avec lequel l’un de mes petits-fils travaillait. Il me semblait raisonnable de penser que c’était d’abord dans ces matières que devait se trouver une partie de la réponse.

Quel fut le résultat de cette enquête ?

J’ai trouvé un livre intéressant, très bien documenté, mais assez touffu et avec des choix parfois un peu curieux : les élèves ont droit à la liste de tous les présidents chinois mais Kennedy n’apparait nulle part, ni pour la conquête de la Lune ni pour la crise de Cuba, ni pour le Viêt-Nam, ni même pour l’enthousiasme qu’il suscita aux États-Unis et dans le monde à l’époque. Par ailleurs les cartes, graphiques, présentations, enchaînements, etc., censés valoriser le travail de l’enseignant, se bousculent jusqu’à saturation. Enfin je fis une constatation gênante : les chapitres ne se suivent pas par ordre chronologique, entrainant la disparition de fait de la chronologie, colonne vertébrale pourtant indispensable pour se repérer.

Quant aux opinions sous-jacentes véhiculées, elles sont parfaitement « politiquement correctes » avec le régime politique que nous venons de quitter et dont Jean-Luc Mélenchon représente une continuation dans un mode accentué. En résumé, le capitalisme et les « croisés » représentent le grand Satan, et le reste du monde est une victime ! Il règne également au travers de ces pages une idée de complot permanent (voir le hard et le soft power des États-Unis) et une absence désolante de substrat économique réel.

Un bon exemple est celui des chapitres traitant de la mondialisation : la définition retenue par le manuel est la suivante :

« La mondialisation est un processus de diffusion du capitalisme dans le monde. Elle se manifeste par un accroissement des flux et implique des acteurs multiples. Ces acteurs nourrissent un débat qui anime les sociétés civiles. La mondialisation provoque une interdépendance croissante entre les territoires et les hiérarchise. Mais de nombreux territoires restent à la marge du processus. La mondialisation a, en revanche, renforcé le caractère géostratégique des espaces maritimes. »

À titre de comparaison, voici la définition donnée par le journal The Economist et reprise par Le Monde : la mondialisation « désigne un processus par lequel les échanges de biens et services, capitaux, hommes et cultures se développent à l’échelle de la planète et créent des interactions de plus en plus fortes entre différentes parties du monde. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de l’interdépendance au niveau mondial… Sa nature multidimensionnelle se décline en économie, sociologie, politique, philosophie… ».

La définition de la mondialisation proposée à nos enfants est donc pour le moins assez loin du compte, délibérément orientée et pour finir assez confuse, empruntant au style de Diafoirus. Si l’on ajoute que les deux exemples retenus et développés chacun sur huit pages sont l’iPhone (bien entendu) mais aussi le café (une sorte de mondialisation historique ?), on comprend progressivement comment on formate le cerveau de nos enfants, en donnant une place démesurée à certaines choses tandis que d’autres plus essentielles sont tout simplement ignorées.

Quant aux deux grands acquis de la mondialisation économique, à savoir l’éradication progressive de la pauvreté dans le monde par l’alignement sur le modèle occidental – modèle standardisé et évolutif mais plébiscité par les populations -, ainsi que l’amélioration massive de la productivité et en conséquence la baisse des coûts d’accès aux produits manufacturés et autres services, ils ne sont même pas évoqués. Seules restent les conséquences – souvent difficiles il est vrai – de la nécessaire adaptation des modes de vie et de pensée qui en sont le prix.

Manifestement, la mondialisation, ce n’est « pas bien ». Et curieusement, comme souvent, ce sont les mêmes personnes qui sont contre la mondialisation des biens par les échanges commerciaux et pour la mondialisation des populations par les migrations (voir les chapitres sur ces dernières) qui semble pourtant générer des problèmes d’une tout autre gravité.

Les jugements voilés sur la « gouvernance mondiale », le rôle néfaste des « multinationales » comme Nestlé ou Walmart, le rôle quasi missionnaire des « ONG salvatrices » de type Greenpeace, Oxfam ou les Indignés – quoi qu’elles fassent ou disent -, la croissance continue et générale des « inégalités » entre et dans les pays – pourtant la pauvreté recule ? – … sont savamment orientés.

À croire que c’est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui a défini avec l’Éducation nationale le programme et le manuel scolaire, se préparant à bon compte des électeurs pour demain, prêts à tout pour casser la machine qui les nourrit !

 

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3 commentaires

Picsou 75 juin 28, 2017 - 10:16 pm

Voyage dans un manuel scolaire, prélude au vote… Mélenchon
Je ne peux que confirmer ce problème.
J’ai lu le livre officiel d’économie pour la première ES (dont l’économie est la justement la matière principale) et j’ai été sidéré :
au chapitre « chomage », le texte commence par présenter une évidence « pour faire baisser le chomage, il suffit d’augmenter les salaires. Ainsi, les entreprises auront plus de commandes, et devront donc embaucher » Toute la suite ressemble plus à un tract de la CGT qu’à un livre d’économie. L’élève doit donner des exemples pour illustrer l’affirmation ci-dessus. Ensuite, un texte de Jacques Genereux (n°2 de Mélenchon) sur le chomage reprend les mêmes informations, et les élèves doivent en faire un résumé, et proposer pour finir des cations dans ce sens…

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Grobin juillet 1, 2017 - 12:54 pm

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Mondialisation ?
Admettons que la mondialisation en cours soit économiquement profitable, même partiellement, ce qui est loin d’être prouvé semble-t-il. Mais admettons aussi qu’elle ne peut se développer qu’avec la suppression des frontières. Or comment faire coéxister le sans-frontiérisme et la démocratie ? Les deux concepts sont résolument contradictoires. Voyez l’Union Européenne, pour y faire marcher une mini mondialisation à 28 pays, il a fallu avoir recours à un arsenal retors et occulte de soi-disant traités dont le résultat s’appelle une dictature.
Non, la mondialisation n’est pas une fatalité, elle est décrétée, et c’est une utopie, comme le communisme.

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yves BUCHSENSCHUTZ juillet 1, 2017 - 7:10 pm

Voyage dans un manuel scolaire, prélude au vote… Mélenchon
Le « bénéfice mondial » de la mondialisation est totalement incontestable. C’est grâce à elle que la pauvreté dans le monde est désormais passée au-dessous de 15 % (objectif mondial de l’ONU pour 2015 atteint pour une fois en avance dès 2013). Ce qui ne signifie pas que tout est rose mais cela avance …… Concernant les frontières, elles la freinent mais peu surtout si les droits de douane sont abaissés (cf l’OMC) et que le coût des transports est bas, ce qui est le cas actuel des transports maritimes.
On peut donc conserver des pays, des frontières et des régimes différents (en gros tout ce qui concerne le politique) tant qu’on libéralise les échanges de biens.

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