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Une politique industrielle pour les candidats présidentiels

par Bernard Zimmern
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Le Royaume-Uni parle de politique industrielle, un renforcement du rôle de l’état, mais il peut se le permettre après 6 années à créer 500.000 emplois par an. Pas la France qui, malgré les cris de victoire de l’INSEE, en crée moins de 100.000 et n’assure même pas le renouvellement de son parc d’entreprises.
La première tâche de l’équipe qui prendra le pouvoir en 2017 est de libérer la création d’entreprises et son financement par le secteur privé en réduisant la fiscalité sur les plus-values à moins de 30%. Elles sont l’impôt idéologique par excellence mais on ne crée pas d’emplois sans devenir riche. Plus de chômage ou plus de riches, Suisses, Allemands, Américains, Britanniques ont choisi; pourquoi pas la France?

Les médias ont été agités cet été par une possible renaissance d’une politique industrielle étatique britannique.
C’est une renaissance que le Royaume-Uni pourrait bien se permettre après avoir suivi pendant 6 ans une politique résolument pro-entreprises avec David Cameron. Il avait lui-même hérité d’un atout maître. En 5 ans, il a en effet pu réduire de plus de 500.000 la population des fonctionnaires payés sur budget public et alléger d’autant les charges budgétaires à venir mais parce qu’à son arrivée en 2010, le secteur privé produisait régulièrement 500.000 emplois marchands de plus par an, 3 millions durant ses 6 années comme Premier ministre.
C’est une orientation que ne peut prendre la France dont le premier problème est qu’elle ne produit pas assez d’emplois marchands nouveaux, moins de 100.000 par an et serait bien incapable de réduire ses effectifs publics alors que son chômage atteint des sommets inégalés.
C’est un aspect qui n’a pas été bien exposé en France où tous s’accordent à juger le secteur public hypocondre et paralysant l’économie par son poids mais n’ont pas réalisé que réduire un secteur public exige d’abord de créer massivement des emplois dans le secteur marchand qui occupe 75 à 80% de l’emploi total. Sinon, les contraintes politiques rendent pratiquement impossible une réduction significative du secteur public, le chômage obligeant à compenser les réductions d’effectifs publics par la création d’emplois plus ou moins fictifs dont seuls les noms changent : des emplois-jeunes de Martine Aubry aux emplois d’avenir de François Hollande. Ils restent payés par le budget.
Il n’a pas été non plus exposé que la réduction de la dépense publique et des impôts et charges est incapable par elle-même de relancer l’économie et l’emploi si déjà la machine à créer des emplois est en panne. Les exemples de relance de l’économie par de telles réductions au Canada, en Nouvelle-Zélande, etc. n’ont marché que parce que dans ces pays il y avait déjà une création d’emplois par les entreprises nouvelles représentant au moins 10% des emplois existant ; cette création est à moins de 5% en France et n’assure plus même le minimum du remplacement des emplois perdus par la destruction créatrice de Schumpeter. Les politiques qui nous assurent qu’après les élections de 2017 ils vont réduire la dépense publique n’oublient qu’une chose, c’est que la réduction du nombre des fonctionnaires, clé de cette réduction, exige une relance de l’embauche dans le secteur privé.
L’INSEE s’évertue à faire croire que tout va bien chez la marquise, sans nous dire que les entreprises existantes n’ont jamais créé d’emplois supplémentaires dans aucun pays, seulement les entreprises nouvelles, et sans nous dire que depuis 1995, nos gouvernants se sont évertués à créer des dispositifs créateurs d’entreprises nouvelles sans emplois ; seulement 5% d’entre elles créent des emplois, il en faudrait le double ; les autres sont des zombies.
Créer des entreprises créatrices d’emplois n’est pas une variable conséquente de la réduction des dépenses publiques, elle est une variable indépendante, dépendant essentiellement de la taxation des plus-values sur les placements les plus risqués que sont ceux de la création d’entreprise.
Ces taxations influent peu sur le solde budgétaire mais elles sont essentielles comme variables idéologiques : ce sont en effet par les plus-values que se créent les riches. Si la taxation des plus-values dépasse 30%, avec la taxation que sont les risque de perte à investir dans une nouvelle entreprise, mieux vaut acheter des bons du Trésor et c’est la fin des entrepreneurs et des créations d’entreprises porteuses d’emplois. Plus de 90% des fortunes des riches provenaient des plus-values des entreprises créées ou développées par eux ; et ce sont les plus-values qu’ont visé en priorité les égalitaristes qui sont aussi des socialistes car ils savaient que c’est là le talon d’Achille du capitalisme. Mais c’est aussi celui de l’emploi ; ils ont réussi au-delà de toute espérance avec le chômage français.
Un autre mythe que n’aura pas à détruire Madame May, Premier ministre britannique, est qu’une politique industrielle devrait commencer par créer des entreprises de fabrication. L’argument serait en effet que seule l’exportation de produits fabriqués est capable d’équilibrer la balance des comptes, les services en étant incapables. Le Royaume-Uni a mené à cet égard une politique volontariste de formation des apprentis indispensable au développement des industries de fabrication, qui rend d’autant plus ridicule l’échec français : tous les fabricants le disent, en confiant la formation des apprentis à l’Education nationale, nous avons tué l’excellence de nos jeunes sans laquelle il n’y a pas d’industries de fabrication compétitives.
Il n’est d’ailleurs pas certain que l’économie française manque de fabrications puisque celles-ci représentent environ 11% de la valeur ajoutée, le même niveau qu’au Royaume-Uni mais aussi qu’aux USA dont on ne peut pas dire que les industries de fabrications aient disparu. L’initiative privée est d’ailleurs la seule ressource sérieuse pour faire naître de nouvelles fabrications ; le rôle de l’Etat n’est pas de renouveler tous les désastres du plan calcul, du plan machine-outil, etc. mais de permettre à l‘initiative privée de créer des entreprises non seulement en trouvant une main d’œuvre formée par l’apprentissage mais aussi les fonds qui permettent à des start-up de se développer. Pas seulement celles qui font la une des médias mais représentent peu de chose, moins de 10% des nouveaux emplois mais les 90% s’investissant dans des créations d’entreprises traditionnelles comme la réparation automobile, l’alimentation ou les services de santé.
Libérer la santé du poids écrasant de l’état et des syndicats qui s’en nourrissent est d’ailleurs au cœur de toute politique industrielle française qui voudrait réussir après 2017 : c’est l’un des rares domaines où l’économie britannique porte une gueuse de plomb avec le NHS, National Health Service, la médecine publique nationalisée dont Cameron n’a pas su comment se défaire. Serait-ce un objectif de Theresa May ? Et qui l’a compris parmi les candidats français à la présidentielle ?

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