Page d'accueil Regards sur l'actualité Un problème à la Direction du Trésor à Bercy ?

Un problème à la Direction du Trésor à Bercy ?

par Bernard Zimmern
15 vues

La direction du Trésor au ministère des Finances a été traditionnellement considérée comme la division la plus estimée de Bercy, par la qualité des études qu’elle publiait autant que par son influence sur la politique économique de la France.
Son directeur, Ramon Fernandez, a été remplacé fin 2014 par Bruno Bézard, polytechnicien, major de l’ENA, sorti comme Fernandez à l’Inspection des finances.

L’étude n° 147 Trésor-Eco de mai 2015 intitulée « Inégalités, pauvreté et mobilité sociale aux USA : un enjeu économique et social d’envergure » nous laisse nous demander si l’information économique de cette direction ne traduit pas un problème au sein de cette importante direction de Bercy.

C’est d’abord le niveau d’information des auteurs de cette note qui suscite l’inquiétude : ils notent en effet qu’il y a eu une augmentation du niveau des inégalités aux USA depuis les années 1980, mais dès le départ, ils ne se sont pas demandé si cette augmentation était bonne ou mauvaise, la considérant a priori comme mauvaise et la reliant, comme si le lien était évident, à d’autres évolutions constatées aux USA.

Il se trouve que comme nous l’avons montré dans nos études antérieures, cette augmentation est BONNE, son principal ressort étant le développement de succès entrepreneuriaux. C’est cette augmentation qui manque à la France et dont l’absence peut expliquer un chômage croissant.

L’augmentation des inégalités aux USA est essentiellement liée au succès d’entrepreneurs devenus très riches. Cela se voit statistiquement sur la fortune des milliardaires américains de l’enquête annuelle Forbes ; ils ont vu leur fortune mondiale multipliée de 1983 à 2010 par un coefficient compris en 4 et 10[[http://www.boeckler.de/pdf/v_2014_10_30_capehart.pdf]] alors que le revenu moyen américain augmentait environ 3 fois moins vite.

Mais cela se voit aussi sur le 1%, une population beaucoup plus étendue que les 400 milliardaires de cette série Forbes, qui ne représentent que 0,0001 à 0,0002% de la population. Grâce à l’enquête Survey of Consumer Finance de la Federal Reserve, la Banque fédérale américaine, on peut voir qu’environ 80% de l’énorme accroissement de fortune du fameux 1% des plus fortunés, étaient dus à l’accroissement de leur patrimoine industriel et, notamment à la valeur prise par des petites entreprises dont le 1% est actionnaire et gérant. L’un des commentateurs de cette enquête, cité par le Trésor, E .Wolff, a été effaré de découvrir que 74% du 1% des individus les plus riches possédaient leurs entreprises.

Si le Trésor avait regardé les travaux d’Arthur B. Kennickell, le meilleur spécialiste des enquêtes SCF, cela lui aurait probablement évité de répéter l’une des âneries reprise de Thomas Piketty qui voudrait que l’augmentation des inégalités de revenu du 1% le plus riche soit dû à la hausse des hauts salaires.

Ce cliché facile ne résiste pas à l’analyse de Kennickell, dont les statistiques montrent que, si les salaires constituent en effet une part en hausse pour la plus grande partie des américains, cela n’est pas vrai pour le 1% qui tire les augmentations de ses revenus de l’augmentation de son patrimoine industriel.[[http://www.irdeme.org/Le-point-sur-la-montee-des.html]]

Le reste de l’article incite à se demander s’il s’agit d’une légèreté dans le travail des analystes ou si ce travail est moins le résultat d’une recherche scientifique que de statistiques mises au service d’une idéologie.

Il est en effet frappant de les voir ressortir la pauvreté relative comme mesure de la pauvreté aux USA alors que les USA sont l’un des rares pays à utiliser la pauvreté absolue.

La pauvreté relative est simplement la mesure du pourcentage de la population dont le revenu serait inférieur à 50% du revenu médian. La pauvreté absolue est la mesure du pourcentage de la population qui ne pourrait couvrir avec un tiers de ses revenus le prix d’un panier de marchandises déterminé.

Avec la pauvreté relative, lorsque le revenu de la population croît, croît également le revenu médian et donc le seuil de pauvreté relative.

Nous avions vu ainsi dès 1995 une étude montrer que le taux de pauvreté relative du Bangladesh plus faible que le taux de pauvreté relative des USA.

Le taux de pauvreté absolue évite de telles énormités. Il est donc assez inquiétant de voir page 4 le Trésor rappeler ces deux définitions mais donner comme justification apparente la publication de la pauvreté relative le fait que la pauvreté absolue ne serait pas une mesure comparable internationalement alors qu’elle est une bien meilleure mesure d’une évolution de la pauvreté.
La pauvreté absolue américaine a considérablement baissé puisqu’elle est passée de 23% en 1960 à 15% en 2010. A noter également que seulement un tiers de ceux qui sont considérés comme pauvres un mois donné y restent toute l’année. Pauvreté comme richesse sont des situations le plus souvent transitoires.

Nous n’avons pas eu le temps de vérifier d’autres statistiques données par le Trésor telle que la mobilité sociale.
Mais à la lumière de ces quelques remarques, on peut se demander si l’objectif du Trésor n’est pas ne nous convaincre indirectement que les USA, avec des inégalités qui augmentent, sont le pays à ne pas imiter et qu’il faut être heureux d’être en France, puisque notre indice d’inégalité est beaucoup plus faible que celui des Etats-Unis et surtout n’a pas bougé.

Se pourrait-il que le Trésor ait raté la seule conclusion valable ? Que, si précisément nous avons un chômage qui est au moins double de celui des USA et un revenu par tête qui sombre, ce serait parce que nous n’avons plus assez de riches dans le 1% des plus fortunés qui investissent dans l’industrie, plus assez de personnes privées qui prennent des risques en créant des entreprises et des emplois ? Les auteurs de cet article font-ils en fait la publicité d’un système étatique dont vit la direction du Trésor mais dont nous sommes en train de payer l’effondrement ?

Rappelons que vous êtes invités le 15 juin de 17 heures à 20 heures à la Maison de la Chimie pour un colloque « L’imposture Piketty : les riches sont-ils le problème ou la solution ? »
https://www.weezevent.com/imposture-piketty

Tu pourrais aussi aimer

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy