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Services à la personne : un jeu à somme nulle ?

par Valérie Pascale
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Le gouvernement actuel, comme son prédécesseur, a de grands espoirs pour le secteur des services à la personne. Mais son effet sur emploi est tellement faible, et la qualité de travail souvent médiocre, qu’encore une fois nous sommes sur une mauvaise piste.

Une note produite par la Dares en septembre 2013 et destinée au Commissariat général à la stratégie et à la prospective (anciennement Conseil d’analyse économique) révèle des perspectives d’emploi importantes dans les services à la personne. Selon cette note, « le secteur des services à la personne va croître dans les années à venir du fait, d’une part, des nombreux départs en fin de carrière prévus et, d’autre part, des créations d’emplois projetées ». Ainsi, près de 490.000 départs en fin de carrière (assistantes maternelles comprises) sont programmés sur la période entre 2010 et 2020, et plus de 150.000 nouveaux postes devraient être créés sur cette même période. Cela représente une création nette de seulement 15.000 emplois par an dans le secteur. Y a-t-il vraiment de quoi se réjouir ?

Pourtant, d’après les statistiques publiées régulièrement par cette même Dares, les services à la personne se trouvent en véritable stagnation depuis 2010. Le nombre d’heures rémunérées dans le secteur[[Depuis 2014, la Dares privilégie dans ses statistiques les heures totales rémunérées aux heures totales travaillées.]], seule mesure qui reflète la nature ponctuelle et temporaire des services à la personne, est actuellement en baisse après quelques années d’accroissement, légèrement soutenu grâce aux ambitions de Jean-Louis Borloo.

Pour rappel, le plan Borloo, lancé en 2005, avait pour objectif de soutenir la croissance des services à la personne, notamment grâce à une simplification des procédures administratives, et un régime fiscal et social particulier avec le chèque emploi service universel. En termes d’emploi, la mise était tellement prometteuse, avec près de 500.000 emplois attendus en trois ans, que la déception fut ensuite partagée même par la Cour des comptes, qui n’en avait compté que 108.000 équivalents temps plein de 2006 à 2008. Pourtant, les dépenses associées s’élevaient à 16 milliards en 2010 contre 10 milliards en 2005, toutes aides et exemptions fiscales et sociales confondues.[[http://www.senat.fr/rap/r09-589/r09-589-syn.pdf]]

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Plusieurs gouvernements, de droite comme de gauche, ont misé sur les services à la personne bien avant Borloo. Le secteur existait déjà au début des années 1990 et regroupait divers métiers d’aide à domicile, quand une série de lois a permis d’accélérer son évolution, comme par exemple une réduction d’impôts de 50% sur le salaire versé à une personne employée à domicile, ou une baisse de la TVA à 5,5% pour les entreprises du secteur.

Avec près de 250.000 emplois équivalents temps plein existant dans le secteur en 2000, et 350.000 emplois en 2005, l’évolution des services à la personne jusqu’à 450.000 emplois en 2010 semble plutôt modeste . Comme le secteur stagne depuis quelques années, nous ne comprenons pas l’enthousiasme de nos dirigeants concernant son avenir.

De plus qu’ici nous sommes encore très loin des vraies entreprises qu’il nous manque, seules capables de créer de vrais emplois et nous faire sortir du chômage. Les services à la personne ne restent qu’une solution provisoire, souvent faute de meilleures solutions, pour les personnes qui interviennent dans le secteur.

Comme le note par ailleurs le rapport de la Dares cité auparavant, « la qualité de l’emploi dans le secteur des services à la personne est faible : beaucoup d’emplois à temps partiel, notamment subi et très court, s’y exercent, les conditions de travail sont difficiles et marquées par des déplacements fréquents, de la pénibilité physique, des rémunérations faibles, peu de perspectives de carrière et, au final, peu d’accès à la formation professionnelle continue ».

Faute du courage pour soutenir les créations d’entreprises par les vrais entrepreneurs, et pas par les chômeurs, nos politiques tournent en rond et ne nous proposent que des petits boulots, qui, comme les entreprises sans salariés, n’ont aucun effet significatif sur l’emploi.

 

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