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Santé : le rôle désastreux des experts

par Bernard Zimmern
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Il est assez extraordinaire de voir des experts prendre la place du marché et la concurrence pour définir ce que devrait être la fourniture de soins en France ou même aux États-Unis.

Prenons par exemple l’ouvrage de Frédéric Bizard intitulé « réussir le changement » qui chez Dunod, en 2015, décrit avec force arguments et faits chiffrés l’état misérable de la santé en France mais ne pense pas une seconde proposer l’introduction de la concurrence comme solution.

Un expert n’existe en effet que s’il y a des problèmes et qu’il peut y apporter des solutions.

Imaginer que le progrès est dans la main invisible d’Adam Smith, laisser des dizaines ou des centaines d’initiatives individuelles se manifester et laisser l’opinion choisir entre elles à partir des résultats, c’est nier l’existence même de l’expert.

L’expert est la clé de voûte de tout système dirigiste qui sait et décide a priori ce qui est mieux pour la population.

Dans le cas de Frédéric Bizard, il a les solutions pour tous les problèmes réels ou supposés qu’il a découverts et la plupart de ces solutions passe souvent par un organisme d’État centralisé.

C’est avec horreur qu’il rejette en deux pages (132 et 133) ce qu’il appelle les OAP (assureurs et HMO) et dont il dit : « les résultats de ce modèle aux États-Unis devraient suffire à dissuader les Européens de l’appliquer. C’est d’ailleurs le cas pour tous sauf pour la France ou le poids du lobby des assureurs a fait un travail efficace auprès des pouvoirs publics pour rendre à leurs yeux ce système vertueux. C’est pourtant bien ce système qui a conduit les États-Unis à disposer de la santé la plus coûteuse et inégalitaire au monde. En donnant un pouvoir de régulation sur l’organisation des soins aux assureurs, 50 millions d’Américains ont été exclus de toute couverture santé et la qualité des soins reste largement dépendante de la capacité financière des citoyens américains à se payer un contrat santé de qualité ».

Ce qu’il ne sait pas, c’est que si en effet il y avait environ 41 millions d’Américains non assurés en 2008 à l’arrivée de Obama, seuls de l’ordre de 6 millions restaient sans assurance plus de dix-huit mois.

Mais ce sont également des experts économistes de la santé qui ont reconnu plus tard avoir fabriqué les chiffres et qui ont conçu le plan appelé aujourd’hui ObamaCare, qui s’avère un désastre.
Il est maintenant connu que malgré les dépenses considérables mises à la charge du gouvernement fédéral ou des états, ceux qui resteront sans assurance dépasseront largement les 20 millions sur les 41 millions de départ.

Entre les milliards qui ont été dépensés pour créer un dispositif informatisé permettant aux Américains sans assurance de faire un choix et qui s’est avéré incapable fin 2013 d’accueillir les demandes ce qui a motivé la démission de la secrétaire d’État à la santé, et les dépôts de bilan de plus d’une vingtaine d’assureurs semi-publics créés de toutes pièces avec les états soit plus des deux tiers, ceci donne la mesure de ce dont sont capables les experts.

Les experts et la politique.

Pour prendre un peu de recul, il faut comprendre que les experts se nourrissent souvent de la politique.

Ce sont les Démocrates qui ont fait de l’absence d’assurance un thème de politique de façon à gagner les élections de 2008 et de tous s’exclamer en chœur, comme Frédéric Bizard ,« comment peut-il y avoir 41 millions -et il dit même 50 millions d’Américains -qui ne sont pas assurés pour leur santé !».

Mais il existe même actuellement aux États-Unis plusieurs millions d’Américains qui ne veulent pas s’assurer malgré les pénalités de plusieurs centaines de dollars qui leur sont infligées par Obamacare s’ils ne s’assurent pas.

Ce sont des jeunes qui préfèrent garder leur argent pour d’autres besoins comme de financer l’achat d’une maison.

Ce que les Français ne réalisent pas, c’est que leur système de santé est beaucoup plus inégalitaire que le système de santé américain car il faut vraiment être riche pour pouvoir trouver en France et s’offrir un niveau de santé considéré pourtant comme moyen aux États-Unis.

Mais notre point est moins de comparer le système de santé américain et le système français que de montrer que les experts peuvent se nourrir de la politique pour aider les politiciens à créer des problèmes et faire surgir dans leurs discours les rêves et les chimères qui leur permettent de se faire élire.

 

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