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SBIC – Le déraillement habituel par Bercy et la caisse des Dépôts

par Bernard Zimmern
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Le 5 janvier 2006, dans son discours aux « forces vives » de la nation, Jacques Chirac annonçait la création d’un fonds de deux milliards d’euros destiné à aider les PME les plus dynamiques, aux côtés de financements privés.
Son cabinet complétait en indiquant que « les deux milliards d’euros levés seront confiés à des fonds d’investissements agréés sur le modèle des SBIC, à charge pour eux de les investir directement dans le capital de PME, aux côtés d’investisseurs privés de type capital-développement ou capital-risque ».

Le lendemain, soit le 6 janvier, un communiqué « complétait », en indiquant clairement quels étaient les appétits prêts à se sacrifier sur l’autel de l’intérêt national pour consommer ces deux milliards. Dont la Caisse des Dépôts, qui, à travers sa filiale CDC Entreprises, a finalement hérité des 2 milliards, devenus un programme dénommé « France Investissement ».
Programme que François Fillon, à la fin du quinquennat Sarkozy, n’a pas hésité à compléter par un engagement de 6 milliards.

Si, d’après nos contacts avec l’Elysée, les SBIC du discours Chirac étaient bien inspirées des SBIC américaines, les SBIC à la française n’ont plus rien à voir avec elles.
Les SBIC sont l’antithèse des programmes d’OSEO-Anvar, de la Caisse des Dépôts. Ces programmes apportent une aide à la création de PME et à leur développement, mais une aide bureaucratisée car monopolistique, sans concurrence et où le soutien, hors soutien financier, est généralement nul.
Un vrai plan SBIC aurait conduit à la création rapide de plus d’une centaine de fonds indépendants, petits (5 à 10 millions de capital), en concurrence et offrant donc une diversité, gérés par des investisseurs privés apportant aux PME soutenues une expertise personnelle de gestion en dehors de l’apport de fonds proprement dits.
Nous en sommes restés très loin : 5 ans après, CDC Entreprises indiquait que loin d’avoir été engagés dès la première année ou les deux premières années, les 2 milliards avaient été engagés dans des « fonds de fonds », et que les fonds eux-mêmes n’avaient pas encore investi la totalité de l’argent.
Ainsi au 31/12/2010 les investissements réalisés dans des fonds, étaient de 1,1 milliard pour la branche publique (pour 2,090 engagés), et de 397 millions d’euros pour la branche privée de France Investissement (pour 506 engagés). On peut considérer en fait qu’au niveau des investissements finaux dans les PME, France Investissement était 5 ans après sa dotation, à peu près à la moitié de son investissement…

A comparer avec les 5 milliards/an du programme SBIC, même en divisant par 5 pour tenir compte des échelles.

Des SBIC ou un détournement par la bureaucratie de la Caisse des Dépôts, qui vit de la « gestion » de France Investissement, et dont nous avons montré qu’elle avait investi dans des fonds de capital investissement 2,7 milliards pendant que le capital-investissement investissait plus de 90 milliards ?

Mais la Caisse des Dépôts n’est-elle pas sous contrôle de Bercy et n’est-elle pas pour les cadres de Bercy un pré beaucoup plus vert car les traitements et les retraites y sont plus confortables ?

Il faut dire que l’exemple vient de loin : en cinq ans après leur création, 700 SBIC avait été créées aux USA. La première imitation française en 1971, à l’instigation de Christian Marbach, a limité les créations à ceux qui étaient bien introduits au ministère des Finances, par une multitude de conditions. Résultat : 5 ans plus tard, il n’y avait que 3 sociétés de capital-risque créées, dont la Sofinnova de Marbach.
Le système américain encourageait des sociétés de capital-risque de petits opérateurs, pas des grands machins.
La première Sofinnova créée en 1971 comportait dans son assemblée générale toutes les grandes entreprises, Crédit National, Charbonnage de France, etc. L’antithèse des SBIC américaines réunissant quelques actionnaires fortement impliqués.

 

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