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Réindustrialiser sans privatiser l’apprentissage ?

par Bernard Zimmern
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Être compétitif pour une industrie de fabrication, c’est en premier lieu disposer d’une main-d’œuvre performante, la plus qualifiée possible, pour fabriquer des produits de qualité au plus bas coût. Les Chinois ont encore une main-d’œuvre très bon marché mais le signataire a vu des entreprises de mécanique chinoises, équipées de machines à commande numérique dernier cri et dont les produits n’étaient cependant pas compétitifs, car employant des opérateurs mal entraînés, les temps mis pour réaliser certaines pièces étaient jusqu’à dix fois le temps mis pour faire la même pièce aux USA ou en France.

Le coût de la main-d’œuvre, que toute l’élite pensante française accuse d’être à l’origine de notre désindustrialisation, est, à cet égard, peu de chose comparé au désastre de la formation de notre main-d’œuvre, à cause de la nationalisation de l’apprentissage à la sortie de la guerre de 1940.
A cette époque, la plupart des entreprises de fabrication, que ce soit en mécanique, électricité, ou électromécanique, avaient leur école d’apprentissage ou s’étaient groupées pour établir de telles écoles privées.

C’est toujours le cas en Allemagne où les grandes entreprises forment leurs apprentis et ne les envoient vers l’enseignement public que pour des cours généraux. Elles en embauchent environ 60%, les 40% restants faisant le bonheur des PME qui ne peuvent assurer elles-mêmes une telle formation.
En France en 1945, la CGT a fait transférer à l’Éducation nationale la responsabilité de tous ces apprentis et a de fait nationalisé cet enseignement sous prétexte qu’on ne pouvait pas laisser le patronat continuer à infecter les jeunes avec des idées capitalistes.

Même avec l’alternance, la formation par l’Éducation nationale a perdu deux composants essentiels de l’apprentissage : pour des raisons budgétaires évidentes, l’Éducation nationale est en effet incapable de former les apprentis sur les derniers équipements comme peuvent le faire les entreprises, et comme le font les entreprises allemandes; et surtout, il n’y a plus le lien qui se forgeait entre l’entreprise et l’apprenti : l’apprenti n’est là qu’à temps partiel et l’entreprise ne se sent plus d’obligation vis-à-vis d’un jeune qui pourra aller n’importe où ailleurs.

D’après l’administration française, le jeune apprenti doit absolument obtenir un diplôme alors que pour le patron d’entreprise ce n’est pas le diplôme qui compte mais le métier qu’il apprend.
Les effets de cette nationalisation débordent la désindustrialisation car elle explique aussi le chômage des jeunes, deux fois plus élevé en France qu’en Allemagne, car seuls un peu plus de 500.000 Français se dirigent vers l’apprentissage contre plus de 1, 5 million de jeunes Allemands.
Au final, à cause de l’idéologie communiste, la France se retrouve non seulement dépassée par un chômage durable d’une jeunesse éjectée du système scolaire sans formation initiale, mais confrontée à une pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs vitaux (mécanique, BTP, restauration, …).

C’est aux entreprises de prendre l’entière responsabilité de l’apprentissage et d’en concevoir les programmes afin d’accorder la priorité au savoir-faire et non plus au savoir, ce qui crée des distorsions entre le diplôme et la capacité d’exercer réellement un emploi.
Tant que l’apprentissage restera sous la coupe de l’Enseignement national, il est futile de vouloir réindustrialiser la France.

 

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