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Réindustrialiser la France

par Bernard Zimmern
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Constatant que l’Allemagne a deux fois plus d’entreprises de fabrication que la France, certains économistes en ont déduit que le déficit croissant de la balance des comptes comme la persévérance du chômage trouveraient leur solution dans une ré-industrialisation de notre pays.

Comment ? En demandant à l’Etat de multiplier les mesures financières et fiscales et le financement de programmes de recherche pour muscler les entreprises de fabrication qui restent en France et les aider à se développer.

Nous devons expliquer que, même s’il est souhaitable d’encourager les entreprises de fabrication, on ne peut en recréer suffisamment pour espérer, quels que soient les sacrifices, voir ces efforts récompensés par une diminution de notre déficit ou un accroissement de l’emploi.

Une industrie de fabrication repose d’abord sur une main d’œuvre extrêmement qualifiée ; pour fabriquer des machines outils qui sont indispensables à toute fabrication, il faut faire des plans précis et les finir avec des « gratteurs » qu’il faut des années pour former. Les Allemands ont conservé un apprentissage de qualité avec près de 1,5 millions d’apprentis formés tous les ans contre moins de 500.000 en France; mais ils sont formés en Allemagne par les entreprises, pas par l’Education nationale dont le matériel est en grande partie périmé et qui s’est inscrite très tôt comme opposé à tout ce qui peut servir le capitalisme. Avant de parler de réindustrialiser la France, il faudrait commencer par redonner aux entreprises l’apprentissage qui leur a été enlevé au sortir de la dernière guerre

Bref, la seule politique valable pour créer des emplois est d’inciter tous les types d’entreprises à se développer en sachant que la réussite se fera essentiellement par la création de services et non d’industries de fabrication.

Le graphique ci-dessous, publié par le grand journal économique japonais, le Nikkei, le 11 mai 2009, paraît confirmer ce point de vue.

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Non seulement, ce sont les pays ayant les fabrications les plus développées qui voient leur PIB souffrir le plus de la crise mais surtout, il est clair que la sortie de nos malheurs se trouve dans les industries de service, pas dans les fabrications. Tout d’abord, pour pouvoir rejoindre l’Allemagne, il nous faudrait doubler le volume de nos fabrications. Pratiquement impossible alors même que les seuls secteurs où la France dispose d’une certaine avance, parce que l’Etat y a énormément investi, sont eux-mêmes menacés : l’industrie des lanceurs par l’apparition de concurrents chinois, russes et indiens qui obligent déjà à prévoir que le prochain lanceur ne sera viable que fortement subventionné, l’industrie nucléaire avec la concurrence de nouveaux groupes russes-allemands.

En second lieu, il est clair que le plein emploi n’est pas associé à l’industrie de fabrications. Les États-Unis et la Grande-Bretagne qui l’ont atteint avant la crise en créant respectivement en moyenne 300.000 emplois supplémentaires par mois pour l’un, 300.000 par an pour l’autre, contre près de zéro pour la France, et pourtant les fabrications n’y représentent qu’un peu plus de 10% du PIB, comme en France.

En troisième lieu, la désindustrialisation et la croissance du secteur tertiaire vont dans le sens de l’histoire et même aux États-Unis où les industries de fabrication sont encore très puissantes, on a vu leur part régresser autour de 12% du PIB.

Enfin, la statistique de l’OCDE dont est tiré le graphique du Nikkei laisse réfléchir sur la qualité des fabrications françaises : elles réalisent 12,9% du PIB en occupant 14,1% des emplois contre 16,3% et 13,1% en Grande-Bretagne ; les industries françaises de fabrication seraient 26,5% moins efficaces que les Anglaises à secréter de la valeur ajoutée…

Sans donner à ce chiffre plus qu’il ne faut lui attribuer sans une recherche approfondie, il semble bien confirmer qu’il n’y a pas de raison de privilégier les industries de fabrication et que le problème français est d’abord que nous ne créons pas assez d’entreprises, qui, par les temps qui courent, sont d’abord des entreprises de services.

 

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