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Réforme de l’administration, numérique et gouvernance

par Bernard Biedermann
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Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est de plus en plus complexe. C’est le cas, des produits et services que nous utilisons tous les jours, des normes et des règles que nous devons respecter, et de tout ce qui concerne la vie au quotidien, en raison des immenses progrès des sciences et des techniques. Qu’il s’agisse de l’analyse ou de la prise de décision, le champ de la réflexion résulte de plus en plus de l’intersection de plusieurs domaines : la science, la technique, le numérique, le juridique, l’économique, le social, la géographie, l’environnement et bien sûr l’éthique. A cette complexité s’ajoute les impacts des innovations qui régulièrement, remettent en cause les données sur lesquelles on travaille, notamment par leurs effets de surprise. Et si de plus, le domaine est concerné par l’international, qui impose des décisions rapides, les choses ne sont alors pas vraiment simples et souvent difficiles à anticiper.

Citons par exemple l’affaire du glyphosate pour lequel les experts n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur un taux de risque de cancer qui fasse l’unanimité. De fait, l’agriculture n’est-elle pas devenue une industrie ? Autre domaine moins simple qu’on ne le croit : le positionnement du coût du travail entre pays de l’UE que l’on devrait toujours associer au taux de productivité des facteurs de production eux même fonction du niveau de l’investissement ; concernant les échanges internationaux, des exportations de produits sophistiqués intègrent des produits et services préalablement importés, ce qui explique en partie une conjoncture des échanges beaucoup plus volatile.

Dans ce contexte, celui d’un flux continu de nouvelles technologies et d’une mondialisation qui travaille en temps réel, quid de l’état ?

Un pays comme la France qui veut maintenir son choix d’être européenne et donc dans l’économie mondiale n’a pas vraiment beaucoup de choix ; Il doit s’adapter en permanence au nouvel environnement tout en assumant les contraintes liées au poids de son état. De ce point de vue les nouvelles technologies constituent une véritable opportunité de réformes.

La liste des réformes potentielles est importante

Citons quelques possibilités :

– L’éducation nationale doit plus que jamais avoir pour objectif « d’apprendre à apprendre » quitte à mettre au second plan le profil d’autrefois, mesurable en quantités de connaissances assimilées, dorénavant disponibles sur le cloud.
– Apprendre à apprendre les nouveaux métiers. En 2019, en France le nombre de postes de techniciens en robotique non pourvus est estimé à plus de 100 000 ; D’où la question de fond, qui ne concerne pas uniquement la robotique : qui doit être responsable des nouvelles offres sur le marché du travail, l’état ou le marché ?
– Le critère de temps doit être revu. De plus en plus d’innovations ont pour origine des travaux de recherches qui ont nécessité beaucoup de temps. Malheureusement le temps du business est beaucoup plus court, il faut alors trouver la bonne répartition et les bonnes relations entre ceux qui travaillent sur le long terme et ceux qui lancent les nouveaux produits. La conception des ordinateurs à base de physique quantique illustre bien ces contraintes.
– Dans la santé, le nombre d’innovations est considérable. Entre le robot qui permet à un handicapé de pouvoir se déplacer et les possibilités de L’IA sur les big data, sans oublier l’e-médecine, les innovations doivent conduire à revoir l’organisation, la méthode de travail et les profils professionnels.
– En matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire, les offres smart-city, le travail à distance, les nouvelles conditions du marché du transport conduisent à redéfinir tous les services
– Citons également la nécessité d’accélérer la politique de cybersécurité dont on dit qu’on est encore en retard.

Actuellement un grand nombre de projets numériques sont en cours dans nos administrations, très souvent en gestion décentralisée. Ceci pose alors le problème de la globalisation de la stratégie. Plusieurs consultants conseillent à l’Etat de lancer une grande réforme qui s’inspirerait de ce que l’Estonie a réalisé et qui constitue une très grande réussite : l’Etat Plateforme avec zéro papier.

Les techniques, les compétences, et les ressources industrielles qui permettraient de lancer une grande réforme en France existent. Faire évoluer l’organisation de l’état est sans doute facile à suggérer sur le papier mais les difficultés de réalisation relèvent surtout des aspects humains. Les méthodes de travail, particulièrement pour ceux et celles qui ont à prendre des décisions d’ordre politique ou qui concerne la gouvernance et l’organisation devraient changer. En poussant à l’extrême, le profil idéal serait celui des collaborateurs d’une start up : ouverture, imagination, créativité, pragmatisme, expériences variées, intention d’objectivité, adaptation au changement. Et, devrait s’éloigner, de l’esprit de silo, de l’intention de plaire à sa hiérarchie, de s’accrocher à l’existant, de vouloir tout encadrer, de la croyance que l’efficacité vient d’en haut, de penser que l’ancienneté est une expérience, et de faire de l’idéologie. Il faudrait également que l’on évite, la simplification exagérée de l’analyse, ainsi que la complexification de la proposition d’action, ce qui n’est malheureusement pas le cas chez nos décideurs, même parmi les énarques. Curieusement, plus les choses sont complexes plus elles attirent nos hauts fonctionnaires. La gestion du changement est un métier.

Considérons maintenant les aspects quantitatifs de l’équilibre économique. Par définition, la mission de la politique économique est de créer des conditions qui assurent le retour à l’équilibre global (stabilité des prix, plein emploi, équilibre extérieur, équilibre budgétaire contrôlé) lorsque l’économie s’en est écartée. Dans une économie ouverte, le degré de compétitivité au niveau international et le dynamisme des entreprises sont deux variables extrêmement importantes qui ne doivent être plombées par un poids excessif de l’état ; Pour la France il est le plus élevé des 28 pays de l’UE.

Une grande réforme de l’état par le numérique pourrait être un moyen de redonner à la France les forces qui lui manquent. L’objectif d’une telle réforme serait alors de créer des gains de productivité qui permettent conjointement, une amélioration des services (plus d’employés sur le terrain, moins d’armée mexicaine, passage de 32 à 35 heures), une hausse des salaires des fonctionnaires et au total moins de postes. L’hypothèse d’un gain de productivité de 12 % et donc d’une baisse correspondante des postes est réalisable. Un tel taux permettrait de réduire les dépenses de l’état annuelles d’environ 30 milliards d’euros et constituerait un montant efficace pour un scénario de retour au plein emploi avec en plus, un impact favorable sur toutes les charges sociales ainsi que des retombées sur les entreprises du privé.

 

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1 commenter

zelectron juin 5, 2019 - 6:52 pm

le fonctionnariat, ses collatéraux y compris « officines et autres Théodule »
le nombre de gens qui se croient indispensables dans la petite description ci dessus est proprement effarent ! J’ai l’impression que personne ne se rend compte du cumul des dépenses engendrées par la masse des inutiles de notre état à commencer par les élus eux mêmes.
1980 (avant Mitterrand ) > 2,6 millions de fonctionnaires
2016 (Hollande Président)> 5,6 millions !

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