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Patrimoine : la moitié oubliée par l’INSEE

Pour la plupart des ménages, le patrimoine principal est constitué par leur retraite. Mais l’INSEE omet soigneusement de le prendre en compte. Ainsi, le patrimoine estimé par l’INSEE correspond à la moitié, voire au tiers du patrimoine total réel des Français.

Ne serait-ce que pour les États-Unis, réputés moins redistributifs que la France, les chiffres sont absolument frappants : le patrimoine social[1] - sécu, santé et retraite – d’un retraité représente trois fois son patrimoine immobilier et financier[2] :

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Patrimoine moyen d’une famille américaine au début de sa retraite :

Dans les chiffres de son l’enquête annuelle sur le patrimoine des ménages[3], l’INSEE reconnaît l’approche restrictive adoptée[4] pour définir la notion de patrimoine. Elle se justifie en expliquant que la « composante importante » des droits à la retraite des ménages ne peut pas « être directement évaluée ». Il est intéressant de constater que malgré cette affirmation, l’INSEE lui-même a publié une étude en faisant l’évaluation il y a déjà plus de 6 ans[5]

Ainsi en 2005, le montant total des engagements implicites des organismes de retraite - c’est-à-dire l’ensemble des droits à la retraite à honorer dans le futur sur la base des règles existantes - s’élevait déjà à environ 7.000 milliards d’euros. Pour le Conseil d’Orientation des Retraites, l’estimation allait même jusqu’à 10.000 milliards d’euros. En tout état de cause, au vu de notre population vieillissante, des taux d’inflation et d’après l’estimation plus récente de Jacques Bichot[6], elle dépasse aujourd’hui ce montant. Or, 10.000 milliards, c’est l’équivalent du montant total du patrimoine matériel[7] des Français.

Les versements de l’ensemble des autres prestations sociales, hors retraites, atteignent par ailleurs aujourd’hui des montants presque aussi élevés. De la même manière que les retraites, ils constituent des sortes de rentes qu’il serait tout à fait logique de convertir en patrimoine. Or, les prestations sociales hors retraites étant en moyenne perçues plus tôt dans le cycle de vie des membres du ménage, leur montant actualisé atteint donc au moins les 10.000 milliards également. Comme on le voit plus haut, ces différentes données sont cohérentes avec celles disponibles pour les États-Unis. En Allemagne, l’ajout des seules retraites dans l’estimation du patrimoine des ménages revient à le multiplier par trois[8].

Ce patrimoine, cependant, n’est nullement provisionné (en anglais le système par répartition se nomme bien unfunded system). Il représente en fait les dettes implicites supportées contre leur gré par ceux qui détiendront et produiront la richesse dans les années à venir (les travailleurs du privé et les entreprises). Ainsi en France, l’ensemble de ces engagements implicites – dont le caractère contraignant est cependant variable[9] - représenterait actuellement plus de 10 ans de PIB.

On a accusé les banques de pratiquer des pyramides Ponzi, comme Madoff. L’État a probablement fait pire. Mais est-il acceptable que son institut statistique publie des chiffres sur le patrimoine en en oubliant la moitié sinon les deux tiers ?

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