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Liquéfaction de l’esprit public, ruine de la France

par Hervé Gourio
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Le monde est la proie d’un changement de civilisation très apparent dans les attentes des générations successives et bien reflété dans l’esprit public.
Plus menacée que d’autres par ces changements, la France doit changer d’élites et d’Etat.

En même temps que de monstrueuses hécatombes, résultats de nationalismes extrêmes, le XXe siècle a vu l’épanouissement de deux puissantes forces de progrès apparues deux siècles auparavant : la recherche scientifique et la croissance économique. Elles ont transformé les sociétés humaines, au moins autant qu’avaient pu le faire l’adoption de la religion chrétienne après l’empire romain ou l’acceptation progressive du « rule of law » en Europe occidentale.

La prolifération des inventions et découvertes dans tous les domaines a fait accepter à travers le monde l’idée que des vérités scientifiques existent, qu’elles s’imposent et ne peuvent être contestées que par des nouvelles avancées dans la même discipline. La Vérité est devenue une valeur essentielle dans l’esprit public.

Le développement économique a multiplié les biens et services à la disposition des populations et fait apparaître de nouveaux besoins en même temps que les moyens de les satisfaire. Cette explosion du bien-être résulte de mécanismes économiques mis au jour et entretenus par l’économie de marché. Au cœur de ces échanges, l’utilité, la valeur d’une offre pour un client potentiel. Découvrir cet intérêt économique, rendre possible sa satisfaction, ces conditions essentielles du développement économique, sont devenus l’un des objectifs majeurs de l’action publique. La gestion efficace de ces intérêts, privés la plupart du temps, tient depuis le début du XXe siècle une place dominante dans l’esprit public.

Mais au fait pourquoi invoquer l’esprit public ? Cette notion n’est elle pas désuète ?
Ce n’est certainement pas le cas dans la génération des baby-boomers proche de la mienne. Et la popularité du découpage de la population mondiale en générations distinctes, X, Y, maintenant milléniales, renforce encore ma conviction que « certaines idées utiles au bien de la nation sont largement partagées » et composent ainsi « L’esprit public ».

Ou en sommes-nous en ce début de XXième siècle ?

Les piliers d’autrefois, la recherche de la vérité et la bonne économie, n’ont pas disparu partout mais ils sont bien ébranlés.

D’abord dans bien des pays l’émotion des citoyens est devenue prépondérante par rapport à l’exercice de la raison et à la pratique du débat ordonné. Et la plus puissante des émotions, la colère, nourrit des mouvements et des ruptures souvent violentes. Les médias présentent des situations dramatiques pour garder leur public. Des comédiens ambitieux savent faire croire à des plans politiques aux effets pourtant spéculatifs. Même dans des démocraties anciennes les citoyens passionnés acceptent une dose élevée d’imaginaire.

Ensuite tous ont la parole. Pour crier plus que pour convaincre. Dans des réseaux sociaux qui n’échappent pas à des manipulations et valorisent les contre-vérités.

Enfin le duopole de la vérité et de l’intérêt personnel offrait aux gouvernements des possibilités de mesure et de pondération au double sens de ces deux termes. Cet équilibre est renversé et avec lui la recherche du « bon gouvernement ». La passion l’emporte aujourd’hui sur la vérité. Les excès de rêve sur la recherche des compromis équilibrés. Le gouvernement par les tweets et une consultation populaire sans précédent font tanguer deux vieilles démocraties traditionnellement moins hasardeuses. Encore n’ont-elles pas renoncé à la technologie et au capitalisme !

Notre cher et vieux pays va-t-il résister à cette bourrasque ? Il souffre au départ d’un handicap : un troisième pilier de l’esprit public s’est enraciné profondément au côté du duopole moderne Vérité-Intérêt , la légitimité de l’Etat pour transformer la société. Bien sûr, nos voisins allemands et britanniques ont installé la social-démocratie dans leur esprit public. Mais chez eux, les acteurs sociaux négocient des compromis et ils sont inspirés par leurs intérêts respectifs et partagent un respect pour les faits et leur analyse. Encore aggravée par la pratique des gouvernements de la Ve République, cette prééminence du politique pur a fait passer au second rang l’économie de marché et le progrès scientifique dans notre pays.
Pour aggraver la situation, le gouvernement de la France est aujourd’hui confié à des élites qui très généralement n’ont jamais eu de contact pendant leur formation supérieure, ni avec la Science, ni avec le marché. Et voilà ces bons esprits confrontés à la vision apocalyptique des écologistes inspirés par des visions à long terme qui font fi des progrès scientifiques ou économiques envisageables.

Il y a de quoi trembler pour de bon si notre débat politique ne se concentre pas promptement sur : L’amélioration de notre économie, notre recherche scientifique et sur le recul de l’étatisme.

 

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2 commentaires

verhaeghe octobre 20, 2019 - 9:06 pm

changement de société
Vous pourriez aussi citer l’intention délibérée de détruire la famille, cellule de base de la société.
Ce n’est pas de l’économie direz-vous.
Pourquoi parle-t-on de l’humanisation du travail alors ?

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zelectron octobre 24, 2019 - 1:24 pm

il ne manque plus que la Tchéka
La destruction de la famille faisait partie des « préceptes » des bolchéviques et des Lenin, Stalin et consorts . . .

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