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Libérer le système de santé : objectif un demi-million d’emplois supplémentaires en 10 ans

par Gérard Dosogne
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Dans un colloque donné l’an dernier, l’association Impactent a présenté le système de santé des Pays-Bas comme modèle à suivre pour la France. Ce pays a libéralisé son système en 2006 et il est le plus performant du monde d’après le classement du EuroHealth Consulmer Index. Quelles en seraient les conséquences en France en termes d’emplois ?

Nous estimons qu’une libéralisation permettrait la création nette d’emplois dans ce secteur entre 200.000 (à 3 ans) et 500.000 à 10 ans. Les comparaisons avec les pays qui nous environnent et ont un système plus ouvert à la concurrence que le nôtre, nous y confortent. C’est ce que nous allons analyser et calculer dans les différents points qui suivent.

260.000 infirmiers en plus

Le nombre d’infirmiers pour 1.000 habitants est particulièrement faible en France, soit 9,8. Par comparaison l’Allemagne est à 13, la Suisse à 17, 4, le Danemark à 15,5, les Pays-Bas à 12,1, les USA à 11,1. Si l’on prend la moyenne des pays que nous venons de citer elle est de 13,8. Si la France s’alignait sur ce chiffre, cela signifierait 260.000 infirmiers en plus ! On passerait alors de 2,8 infirmiers par médecin à 4, ce qui se rapproche du ratio des pays les plus performants[[Pays-Bas 3,7, Allemagne 3,2, Suisse 4,3, Danemark 4,5, USA 4,1.]].

Hors infirmiers, 220 personnels soignants en plus

On constate également le déficit de la France en termes de personnel soignant hors infirmiers. En 2009 pour 10.000 habitants, la France avait un personnel soignant de seulement 132 personnes, contre 161 en Suisse, 190 aux Pays-Bas, 201 en Belgique, 313 aux USA… (mais 128 en Allemagne). La marge de progression est donc importante et si la France visait le chiffre de 200, cela signifierait 220.000 soignants en plus, hors personnel infirmier.

30.000 médecins supplémentaires

Il y a en France 116.000 médecins libéraux dont seulement 60.000 généralistes. Si l’on admet qu’il faudrait en augmenter la densité dans la moitié des régions françaises (d’environ 3 par 10.000 soit 20.000) et créer entre 3.000 et 5.000 maisons de santé de proximité, le chiffre de 30.000 médecins supplémentaires est parfaitement justifié. Au passage, cette question évoque évidemment celle du remplacement des médecins partant à la retraite : en 2014 il y avait 215.000 médecins en activité, dont 53% de plus de 55 ans… Cependant sur les 7.000 médecins qui sortent chaque année des facultés de médecine, 25% ne s’inscrivent pas à l’ordre ! (Ils travaillent dans les laboratoires, mutuelles…). Pour que le remplacement puisse se faire correctement il faut donc offrir des conditions attractives pour la médecine dite de ville (libérale), ainsi que de nouveaux modèles (en dehors de la tarification à l’acte) qui pourraient être couverts par des assurances privées.

Dans cette optique, il faudrait donc doubler le chiffre du numerus clausus et revaloriser le métier de généraliste.

Revoir les normes et les autorisations administratives pour l’ouverture de maisons de retraite et pour personnes handicapées, et créer plus de 100.000 emplois

D’après les spécialistes du secteur, alors que l’on construit une maison pour handicapés en 1 an en Belgique, il faut 10 ans en France ! Les tarifs sont de 20% inférieurs en Belgique, avec pourtant plus de personnel par résident. De ce fait il y a 8.000 handicapés français qui sont hébergés en Belgique, pour un coût supérieur à 500 millions d’euros, et 6.000 emplois créés en Belgique de ce fait. On y trouve également 2.000 retraités français, dont la migration a permis la création de 1.000 emplois belges. Les exemples de ce type sont nombreux…

Appliqué à toute la France, rien que des « assouplissements » administratifs devraient permettre la création de 30.000 emplois. Il existe en effet aujourd’hui 1,7 million de personnes de plus de 85 ans, qui demandent de plus en plus de soins, soit à domicile, soit en maisons spécialisées. Et ce chiffre croît chaque année sous le double effet de l’augmentation de la population et de l’espérance de vie. Dans un environnement libéralisé, le gisement d’emplois (soit soins de proximité, à domicile ou en maison de retraite) serait donc considérable : entre 100.000 et 150.000.

Les nouveaux services

Il est difficile d’estimer la création dans des nouveaux services (« allo nounous », nurseries pour enfants malades, etc.) et d’éviter de compter les créations d’emplois deux fois ! Ce que nous avons donc, de façon prudente, indiqué « pour mémoire » dans le tableau récapitulatif.

Une diminution des emplois administratifs

Les coûts de gestion (coûts administratifs, prévention, santé publique, subventions) sont très importants dans notre système, puisque la France présente une part de 50% plus élevée que celle de la moyenne de l’OCDE. Cela est largement dû à l’existence de deux financeurs institutionnels pour chaque prestation, ainsi qu’à la multitude des régimes… Dans ce cadre, l’introduction de la concurrence et d’un seul payeur par prestation devrait rationaliser le système et entrainer une baisse des coûts administratifs (et du personnel). Dans le même temps l’État ne gardant que la charge de la solidarité, devrait repositionner une partie de ces agents pour la partie dite assurance.

Une grande restructuration sera également attendue au niveau des mutuelles puisque sur les 60 mutuelles qui existaient aux Pays-Bas avant leur réforme de 2006, il en reste 20, et 4 représentent 80% des assurés ! Par comparaison il en existait 1.250 en France en 2005, 719 en 2010, et il en est prévu moins de 300 en 2017. Avec la réforme envisagée et la concentration subséquente du secteur, on pourrait avoir une douzaine de mutuelles représentant 80% du marché.

Au total, on estime la baisse de l’emploi administratif à 40.000 sur 10 ans.

Récapitulatif

Nombre d’emplois créés à 3 et 10 ans
3 ans 10 ans
Médecins : 10 000 30 000
Infirmiers : 100 000 260 000
personnel soignant :
– soins à domicile 40 000 50 000
– maisons handicapés 10 000 30 000
– dépendance 50 000 140 000
nouveaux services (pour mémoire)
emplois administratifs (20 000) (40 000)
total 190 000 470 000

 

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2 commentaires

BAUER octobre 3, 2016 - 11:36 am

Quel serait le coût et qui payera?
Quelle part supplémentaire les patients seraient-ils prêts à prendre en charge eux-mêmes pour un meilleur service?

Répondre
Gerard Dosogne octobre 3, 2016 - 4:15 pm

réponse à Bauer
Vu l'inefficacité du système actuel- rien que le double remboursement (CNAM + Mutuelle) coute 6 milliards d'euros…) , la mise en concurrence de tous les acteurs de la santé devrait dégager des marges considérables , et donner ce meilleur service sans augmentation de cout : donc le patient aura un meilleur service sans payer plus!

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