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Les freins à la mobilité pénalisent les chômeurs et l’emploi

par Gérard Dosogne
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C’est une évidence ! Si l’on vous offre un emploi à 130km de chez vous (La Souterraine), 230km (Alstom) ou, 900km (un grand groupe m’a proposé de quitter Paris pour Cannes), tout le monde trouve cela inadmissible. Vous comprenez, il faudra déménager et mon époux (se), comment va-t-il faire, et les enfants, la crèche, l’école, les copains, et ma grand-mère qu’il faut soigner, et mon club de foot, etc., etc. Enfin est-il humain en France, et même compatible avec les droits de l’homme, de proposer à un chômeur un travail à plus de 100 km de son domicile ? Il s’agit d’ailleurs d’une cause valable pour refuser un travail proposé par Pôle emploi. Pourquoi ? Et surtout pourquoi on comprend cette attitude en France… une question culturelle ? La peur de l’éloignement ? Une particularité « bien française » que le monde ne nous envie pas ?

Oui, un peu de tout cela sans doute, mais tout le monde préfère la stabilité et doit faire un véritable effort quand il doit déménager pour son travail. Partout, aux États-Unis comme en Chine, en Belgique comme en Allemagne.

Alors, connaissant cette difficulté à accepter cette mobilité, il est indispensable de faciliter au maximum la démarche. En France on fait le contraire : on a multiplié les obstacles et les freins à la mobilité, donnant raison à ceux qui ne veulent pas bouger. Bouger, c’est à la limite de la morale pour l’État (au niveau inconscient), puisque cela signifie obliger l’époux (se) à quitter son emploi, l’enfant à changer d’école, la famille à vendre la maison : donc au lieu d’encourager la mobilité, il faut en dissuader tout le monde.

Et pour ce faire, tous les moyens sont bons :

• Rigidité du marché de l’emploi : il est vrai que si votre époux (se) doit démissionner, il perd beaucoup (ancienneté, avantages divers, conventions collectives…) et aura des difficultés à retrouver un emploi. L’État montre l’exemple : un fonctionnaire est difficilement muté. En plus, pendant la période de recherche, il n’aura pas droit au chômage, et sera livré à lui-même ;

• Rigidité du marché immobilier : si vous êtes locataire d’un appartement « social », et que vous le quittez, alors bonjour la galère pour en retrouver un dans votre nouvelle ville. Et si vous êtes propriétaire ? Eh bien l’État vous attend au tournant : si vous vendez et rachetez ailleurs… Les frais de notaire et les taxes vont atteindre environ 12% de la valeur, sans compter les coûts d’agence… Allons, arrondissons à 20% en tout, une paille. Quand on m’a proposé de partir pour Cannes, le coût, pour avoir un logement identique à celui que j’avais à Paris (70 m2) s’élevait à plus de 100.000 euros – pas très incitatif… Et si vous vous dites : je garde mon logement que je donnerai en location et je loue un logement dans ma nouvelle ville, aie, le fisc vous attend avec un marteau : le loyer que vous allez recevoir sera fiscalisé au maximum, et vous avez de la chance si vous gardez 50% du montant de la location après impôt. En outre, bien sûr, le loyer que vous allez payer ne sera pas déductible ;

• Et le banques ? Elles se feront tirer l’oreille pour vous redonner un prêt hypothécaire si vous êtes encore en période d’essai…

• Le système de crèche, école, etc., est quant à lui complètement sclérosé : les nouveaux arrivants sont bien entendu pénalisés : vous n’espérez quand même pas passer devant quelqu’un qui attend une place depuis plusieurs mois ! Manque de place, mauvaises priorités : le chômeur passera avant celui qui vient de retrouver un travail.

J’oublie sans doute toute une série de freins, comme des aides de certaines mairies qui ne seront pas transmissibles, l’abonnement au club de sport non remboursable, et d’autres broutilles faites pour vous rendre désagréable le changement. Une autre particularité amusante (?). Beaucoup de personnes sont prêtes à un certain « sacrifice » pour aller « au soleil » dans le sud de la France… mais refusent de partir vers le Nord : ne serait-il pas du devoir de l’État, dans le cadre de l’aménagement du territoire, d’offrir à ses fonctionnaires, enseignants… des salaires plus élevés pour les candidats prêts à aller dans le nord du pays ? On le fait bien pour les courageux qui partent au soleil de la Martinique ou de Tahiti.

Il faut accompagner la mobilité. Et la solution est simplement que l’État, les banques, l’Éducation nationale, les offices HLM, les syndicats « déroulent le tapis rouge » à ceux qui sont mobiles en suppriment les freins. C’est uniquement politique. Bien sûr, il sera toujours difficile de quitter ses copains, son environnement douillet, mais au moins, il faut que la perspective d’un bon emploi contrebalance ces freins « psychologiques » sur lesquels l’État n’a que peu de prise.

Et le Français est rationnel, comme les citoyens des autres pays.

 

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1 commenter

Paul CHARLOT novembre 15, 2017 - 8:47 pm

Les freins à la mobilité pénalisent les chômeurs et l’emploi
J’ai, pour ma part, changé 4 fois après m’être accroché tant que j’ai pu au poste que je devais finalement quitter. Et j’ai donc connu à plusieurs reprises toutes le galères que vous citez sauf une : ma femme ne travaillait pas..
Le féminisme ambiant est aussi un sérieux frein. Et votre solution de desserrer les freins tenant en un paragraphe est plus facile à écrire qu’à mettre en œuvre !

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