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Les effets pervers des aides sociales

En 1964, année de son élection, le président Lyndon Johnson lança « la guerre inconditionnelle à la pauvreté », guerre que « la nation la plus riche du monde avait les moyens de gagner et qu’elle ne pouvait se permettre de perdre ». Les différents programmes d’aides sociales mis en œuvre eurent cependant l’effet totalement inverse à celui escompté.

Les aides sociales furent tout d’abord un puissant désincitatif au travail, particulièrement pour les personnes faiblement qualifiées. Les recherches ont montré entre autres qu’en présence d’une allocation minimum assurée, le nombre d’heures travaillées diminuait de 43% pour les hommes célibataires et de 33% pour les hommes mariés sans enfants[1]. Surtout, ces chiffres étant une moyenne, ils ne consistaient pas en une diminution des heures travaillées de l’ensemble, mais un abandon pur et simple du travail d’une partie d’entre eux.

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Outre l’effet sur l’insertion dans l’emploi, les aides sociales entraînèrent une augmentation de la pauvreté et notamment de la pauvreté des afro-américains, population aux revenus les plus modestes. Entre 1940 et 1960, la part des pauvres chez les afro-américains était passée de 87% à 47%. Pourtant, après que la « guerre contre la pauvreté » a été menée, le nombre des enfants noirs vivant sous les seuils de pauvreté a été multiplié par trois[2]. La réforme de l’aide sociale de 1996, qui rendit son accès plus restrictif, eut un effet immédiat dans l’autre sens. La pauvreté chez les enfants noirs, qui stagnait entre 40 et 47% depuis 1970, est passée à 30% quatre ans seulement après la réforme[3].

Ces chiffres montrent donc que l’existence d’aides sociales influence les comportements. Aux États-Unis, certaines de ces aides n’étaient accordées qu’aux parents isolés, or après l’instauration du dispositif, le taux d’enfants nés hors mariage augmenta considérablement. Dans les années 1940, moins de 10% des bébés noirs étaient nés en dehors des liens du mariage[4], mais en 1994, 70% des enfants noirs sont illégitimes, alors que ce taux n’atteint que 25% des enfants blancs[5]. Le taux de pauvreté des afro-américains était ainsi en grande partie corrélé à l’augmentation de la monoparentalité, les mères choisissant de tomber enceinte pour percevoir les allocations, puis restant au foyer, coincées ensuite dans cette situation sans aucune perspective d’ascension sociale.

Ces faits ont été prouvés pour les États-Unis, et aucun argument ne permet d’affirmer que les aides sociales en France n’aient pas des conséquences perverses de nature similaire. Un référent RSA[6] confiait récemment à Emploi 2017 que « pour beaucoup d’allocataires c’est bien simple, ils préfèrent rester chez eux ! ». Les solutions pourtant existent.

La première réforme à mettre en œuvre est de n’accorder un revenu minimum qu’en échange de contrepartie pour les personnes en bonne santé. Cela permet tout d’abord de distinguer les profiteurs de ceux qui ont vraiment besoin d’une aide. Aux États-Unis, lorsqu’un tel programme a été instauré et que les États ont demandé de rendre des services d’intérêt général, un tiers des bénéficiaires des revenus minimum y ont renoncé en un an. Cette contrepartie est par ailleurs loin d’être injuste : la société soutient l’allocataire dans le besoin, l’allocataire ne fait donc que le lui rendre sous forme de service à la collectivité. Ensuite, cela permet à l’allocataire de garder l’habitude du travail et de maintenir des relations avec le monde extérieur. De tels programmes ne sont pas exceptionnels puisqu’ils existent également au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède pour les chômeurs de longue durée.

La deuxième réforme à mettre en œuvre, c’est celle qui consiste à inciter les plus riches à investir dans les jeunes entreprises, celles qui ont le plus fort potentiel de création d’emplois, comme c’est le cas au Royaume-Uni. Dans le cas spécifique des jeunes, qui sont en France presque trois fois plus touchés par le chômage que l’ensemble de la population, seul le développement de l’apprentissage aura un effet durable. Comme le rappelle l’OCDE[7], ce sont les pays ayant réussi à mettre en place l’apprentissage qui connaissent les plus faibles taux de chômage des jeunes.

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