Page d'accueil Regards sur l'actualité Les deux leviers de la transition énergétique

Les deux leviers de la transition énergétique

par Philippe Charlez
29 vues
arton1049.jpg

Si la technologie est le catalyseur endogène de la croissance économique, l’énergie en est l’aliment exogène. Aussi, depuis la révolution industrielle, la croissance s’est-elle nourrie « avec gourmandise » de combustibles fossiles. Ils représentent aujourd’hui 82% du bouquet énergétique mondial.

Mais, à travers cette gloutonnerie de charbon, de pétrole et de gaz, la croissance émet des gaz à effet de serre, cause principale du dérèglement climatique.

Notre société serait donc confrontée à des objectifs paradoxaux : satisfaire la demande en énergie pour assurer la croissance économique d’une population mondiale grandissante tout en réduisant les émissions de GES.

Croissance, Energie, Climat. La transition énergétique pourra-t-elle « dépasser la quadrature du cercle ? »

C’est ce sujet clé de société que Philippe Charlez aborde sans parti pris et de façon dépassionnée dans son nouvel ouvrage paru aux Editions De Boek Supérieur. Sa démarche repose sur des données incontestables. Elle se veut à la fois pédagogique, historique et scientifique.

Les deux leviers de la transition énergétique

Diminuer les émissions carbonées sans toucher ni à démographie ni à la croissance économique, repose sur deux leviers : décorréler l’énergie de la croissance en réduisant l’intensité énergétique[[L’intensité énergétique est le rapport entre la consommation d’énergie d’un pays et son produit intérieur brut. Elle s’exprime en kWh/€]] d’une part, remplacer progressivement les combustibles à haut pouvoir d’émission (charbon) par des combustibles à pouvoir plus faible (gaz) voire nul (nucléaire, renouvelables) d’autre part.

Illustrons cette démarche à l’aide de deux exemples d’actualité : les voitures électriques dans un premier article et la génération électrique, dans un deuxième.

La voiture électrique pourra-t-elle à terme remplacer la voiture thermique ?

Rose en apparence, la voiture électrique est finalement loin d’être… verte. Faible autonomie (sauf à sur-dimensionner les batteries), long temps de charge (sauf a sur-dimensionner la puissance des prises au risque de faire sauter le réseau), utilisation massive de métaux rares comme le lithium ou le cobalt mal distribués sur la surface de la planète[[Plus de la moitié de la production mondiale de cobalt est extraite en RDC dans des conditions dignes du XIXème siècle]] et émissions considérables de CO2 lors de la fabrication des batteries, sont les inconvénients majeurs des voitures électriques. Ainsi pour compenser les 17 tonnes de CO2 émises lors de la fabrication d’une batterie Tesla de 85 kWh, on pourra rouler 150.000 km avec une voiture diésel émettant 130 gCO2/100km. Tous les indicateurs le prouvent : la vocation de la voiture électrique c’est d’être une citadine de faible autonomie et de long temps de charge. La version routière n’a clairement aucun avenir.

D’autant que les réserves de diminution de la consommation des voitures thermiques sont considérables. Réduction de la vitesse et du poids, amélioration de l’aérodynamisme et des pneumatiques ou encore mise en œuvre de la boite de vitesse intelligente, sont autant de leviers qui devraient permettre de diviser par trois la consommation moyenne des voitures thermiques.

Le parc automobile mondial comporte aujourd’hui 1,2 milliard de voitures[[Dont seulement 3 millions de voitures électriques]] qui consomment quotidiennement 16 millions de barils de pétrole. Il devrait atteindre 2 milliards de voitures à l’horizon 2030. Sans aucun investissement dans la réduction de la consommation des voitures thermiques, une augmentation significative du nombre de voitures électriques ne permettra en rien d’infléchir la consommation pétrolière. Au contraire, une réduction draconienne de la consommation des voitures thermiques diminuerait de façon significative la consommation pétrolière dans les transports.

En ce qui concerne les voitures individuelles « réduire » s’avère donc beaucoup plus efficace que « déplacer ».

Contrairement à Renault qui a choisi d’évoluer vers le tout électrique, la décision de PSA d’investir dans les voitures thermiques basse consommation est de notre point de vue la bonne stratégie.

Nous abordons dans un deuxième article la problématique de la génération électrique.

Philippe Charlez

Expert Energie à l’Institut Sapiens

 

arton1049.jpg

Tu pourrais aussi aimer

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy