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Les causes cachées des attentats islamiques contre l’Occident

par Claude Sicard
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Le récent attentat islamique de l’Aude perpétré par un djihadiste, et la mort tragique du colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame nous interrogent, à nouveau, sur ce qui pousse de jeunes musulmans radicalisés à sacrifier leur vie en s’attaquant d’une manière qui nous parait insensée au monde des « incroyants » que nous constituons, à leurs yeux, dans la vision du monde qu’ils se sont forgée. Les Pouvoirs Publics paraissent déroutés, et ils interrogent les experts. Qu’en est-il ?

Ce sont les anthropologues, nous semble- t- il, qui peuvent le mieux nous guider dans la recherche des causes réelles pouvant expliquer le passage à l’acte de ces islamistes radicaux qui, endossant le rôle de martyr pour défendre la cause de leur dieu, décident de sacrifier, un jour, leur vie au nom de « Allah Akbar ».
Les jeunes djihadistes dont on parle, sont souvent nés en France. Ils sont donc Français. Il faut bien comprendre que, néanmoins, ils revendiquent avant tout, comme identité leur appartenance à la communauté des musulmans, une communauté qui n’a pas de subdivision en pays ou en nations, la « Oumma ». Dans le message délivré par Mahomet, Dieu a dit aux musulmans qu’ils constituaient la meilleure des communautés qu’il ait jamais créées. Tout croyant de l’islam est imprégné de cette vérité. Ces jeunes djihadistes ne sont pas Français, Anglais, ou Allemands,… mais avant tout « musulmans ».
Il faut rechercher, ensuite, ce que recèle le creuset culturel musulman, en fait de vision du monde occidental. On y trouve, pour le problème qui nous occupe ici, des éléments issus du message du Coran, des souvenirs de la longue histoire des combats menés par les musulmans contre les « chrétiens », et par les « chrétiens » contre les musulmans, pour des conquêtes de territoires, et ce, pendant plus de 13 siècles, et des relents d’humiliations venant de l’hégémonie exercée depuis plusieurs siècles maintenant par notre civilisation occidentale sur les pays musulmans. Tout cela se combine et ne peut se comprendre qu’en s’imprégnant du fait que le monde de l’Occident est issu du monde de la chrétienté, la mutation s’étant faite au XVIIIe siècle, avec ce phénomène historique d’une importance considérable que le philosophe Marcel Gauchet a appelé « une sortie de religion ». Souvent, encore aujourd’hui, les musulmans utilisent, d’ailleurs, au Moyen Orient, le terme de « croisés » pour designer des Occidentaux.

Premier point de clivage : Mahomet a dénoncé toutes les croyances des chrétiens, leur disant que lui seul détient le vrai message de Dieu, et il les a engagés à se rallier à son message. Ceux qui n’accepteront pas de le faire seront traités dans la société nouvelle en citoyens de second rang.
Second point de clivage : Le monde, pour les musulmans, se divise en deux parties : le « Dar al-Islam » d’un côté, c’est-à-dire les territoires déjà placés sous le règne de l’islam, et le « Dar al-Harb », de l’autre, c’est-à-dire les territoires non encore gouvernés par l’islam. Le devoir de tout musulman est de concourir à l’extension du « dar al islam » afin que le règne de Dieu s’étende à toute la terre. Il va donc s’agir de soumettre les incroyants, et il est significatif que « dar al harb » signifie « maison de la guerre ».
Troisième point de clivage : Les luttes menées depuis la mort du Prophète Mahomet pour des conquêtes de territoires, luttes d’abord menées par les musulmans contre le monde de la chrétienté, ensuite contre le monde de l’Occident. Il n’y a pas lieu de détailler, ici, cette très longue histoire qui va des conquêtes fulgurantes des cavaliers d’Allah après la mort du Prophète, aux récentes luttes des musulmans, dans la seconde moitié du XXe siècle, contre les puissances coloniales occidentales qui avaient voulu leur imposer au siècle précédent leur loi. Il y eut l’épisode des Croisades, au XIe siècle, la longue et difficile « Reconquista » de l’Espagne ensuite, puis les avancées des Turcs jusqu’à Vienne en 1521, des Turcs Ottomans qui étaient de très vaillants guerriers que les Européens mirent quatre siècles à ramener chez eux, pour que cela s’achève par le démantèlement de l’Empire ottoman , à la fin de la première guerre mondiale. Il est utile de rappeler, ici, que les musulmans considèrent que les Croisades, lancées par le pape Urbain II en 1095, ont été un acte d’agression de la part des chrétiens, alors qu’il ne s’est agi de leur part que d’une tentative pour reprendre aux envahisseurs musulmans des terres qui étaient chrétiennes, des terres où Jésus est né, où il a prêché et où il est mort. Les musulmans avaient enlevé Jérusalem en 637, soit 5 ans seulement après la mort de leur Prophète, à Médine. Autre épisode qui est gravé dans la mémoire collective des musulmans : l’expulsion d’Espagne des morisques, en 1609, après une vaine tentative d’évangélisation des musulmans, pendant une centaine d’années, après la fin de la Reconquista. La prise de Grenade en 1492 qui a marqué la fin de la domination des musulmans en Espagne avait valu à Isabelle la Catholique et à Ferdinand d’Aragon, son époux, de se voir attribuer par le Pape le titre flatteur de « Rois très catholiques ».
Quatrième et dernier point de clivage : La domination exercée depuis le XVIIe siècle par la civilisation occidentale sur le monde, une civilisation d’ « incroyants », des « sans-dieu » qui ont voulu imposer aux musulmans leurs valeurs, leur mode de vie, et leur façon d’organiser la société. Précédemment, c’était la civilisation musulmane qui avait été dominante, avec ses penseurs et ses savants.

Il y a donc dans l’antagonisme existant entre le monde de l’islam et celui de l’Occident des éléments d’ordre doctrinal ou philosophique, des facteurs historiques, et des considérations qui expliquent les blessures d’amour propre qui sont profondément ressenties aujourd’hui par les musulmans. Notre ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, au lendemain de l’attentat de l’Aude a ainsi évoqué « la nécessité d’un combat culturel ».
L’islam qui s’était assoupi pendant de longs siècles, s’est réveillé avec les luttes contre le colonialisme. On néglige trop souvent cette origine du regain de l’islam et de la nouvelle vigueur qui est la sienne, aujourd’hui. Ce sont, il faut le rappeler, des chefs religieux, qui ont réveillé les populations qui étaient par trop soumises : ils ont eu l’habileté de s’appuyer sur l’islam pour lutter contre les puissances occidentales qui étaient venues s’installer dans leur pays. Ce fut notamment, le cas en Egypte avec Hassan al Banna qui créa le mouvement des Frères Musulmans, en 1928, et avec le Cheikh Abdelhamid Ben Badis, en Algérie, qui créa l’ « Association des oulémas musulmans », en 1931. Et ces initiatives se conjuguèrent avec les coups de force menés avec succès contre de grandes sociétés occidentales par deux hommes politiques d’exception : Mossadegh, en Iran, qui eut le front de nationaliser en 1951 l’Anglo-Persian Oil Company, l’APOC, qui était sous contrôle britannique depuis 1913, et le colonel Gamal Abdel Nasser, en Egypte, qui nationalisa la compagnie du canal de Suez, en 1956. Toutes ces victoires sur les pays occidentaux trouvèrent leur couronnement dans l’accès à l’indépendance de l’Algérie, en 1962, après 7 années de lutte contre l’armée française. La victoire du FLN en Algérie fut certainement le moment le plus fort de ces luttes victorieuses des musulmans contre les puissances occidentales, du fait que la France avait annexé ces terres, de l’autre côté de la méditerranée, à son territoire en en faisant trois départements français.
Les musulmans qui viennent s’installer dans nos pays, en Europe, portent dans leur culture, d’une façon plus ou moins vivace, le souvenir des conflits du passé : il s’agit d’un problème d’inconscient collectif, et ils ont tout naturellement le désir de conserver leur identité. Ils refusent d’en changer, d’autant qu’ils sont fiers des prouesses que l’islam vient de réaliser, avec le succès des luttes qui ont été menées pour l’indépendance de leur pays d’origine. La très grande majorité d’entre eux s’accommodent relativement bien de la façon dont nos sociétés sont organisées, bénéficient des avantages que leur octroie sans compter notre législation sociale, mais ils revendiquent le droit de conserver leur culture, ce que le Conseil de l’Europe à Strasbourg les autorise à faire, sinon les encourage, à faire. Ils exigent donc que les sociétés d’accueil s’adaptent, à leur tour, à leur culture. Ce fonds culturel fait obstacle à la politique d’assimilation qui est celle, normalement, de la République française, et c’est ainsi que s’installe dans notre pays le communautarisme.
Sur ce fonds de culture, que certains qualifient d’« occidentalophobe », quelques musulmans que l’on qualifie de « radicalisés », pour des raisons qu’avec l’aide de psychiatres on s’efforce à présent d’élucider, voient dans la réalisation d’attentats contre les kouffars (mécréants) que nous sommes, la sublimation de leur mission sur terre. Ils se sacrifient dans des attentats sanglants, avec la certitude d’agir dans la voie de Dieu.

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7 commentaires

Eschyle 49 avril 15, 2018 - 11:15 pm

Désolé , mais vous êtes complètement dans les choux . Puis-je vous expliquer pourquoi ?
Désolé , mais vous êtes complètement dans les choux . Puis-je vous expliquer pourquoi ?
Vous avez mes coordonnées , merci de me contacter . En effet , il serait inconvenant de vous proposer une analyse qui irait directement à la poubelle . D’accord ?

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Gerard Cachier avril 16, 2018 - 7:26 am

Pourquoi maintenant ?
Aux anachronismes du 8° siècle sanctifiés dans le Coran pour l’éternité, il faut ajouter que dans les années 1980, la décennie durant laquelle le jihad contemporain, dans sa version armée, fut « inventé » – théorisé et mis en pratique- par un Frère musulman palestinien, Abdallah ‘Azzam, parti combattre l’Armée rouge qui avait envahi l’Afganistan. Les « fondamentaux » dont ‘Azzam fit usage pour bricoler son corps de doctrine, fut fort utile alors pour attirer du monde entier des musulmans égarés entre modernité et tradition sur le champ de bataille afghan – où le martyre leur permettrait de subsumer ces tensions insurmontables.

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zelectron avril 16, 2018 - 8:34 am

la taqiya (art de la duperie) a l’air d’être parfaitement ignorée en occident.
les différents gouvernements des pays musulmans qui détiennent du pétrole poussent des cris d’orfraies additionnés de pleurs et larmes lorsqu’un attentat est commis en occident avec les phrases convenues officielles: nous sommes à vos cotés, c’est horrible, espérons que ça ne se reproduira plus. D’un autre coté ils financent les terroristes qui sont susceptibles de fomenter des actions de mort . . .

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Denis Chaigne avril 16, 2018 - 9:48 am

les causes cachées . . .
article pas très convaincant, et qui reste très cérébral sans donner l’ impression d’une expérience de terrain

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Hubin avril 16, 2018 - 10:56 am

La radicalisation islamique
Elle est récente , il y a cinquante ans il y avait des musulmans en France , ils cherchaient à devenir français , les ancétres de G.Darmanin et de Alice Zéniter le démontrent , la nouveauté c’est maintenant leur attachement à reconstruire ici « le bled » , je vois deux motifs : le soutien financier des Saoudiens et autres wahabites aux imans et par eux aux arabes qui veulent vivre comme au bled : ils sont payés pour cela ,alors ils se déguisent puis intégrent une attitude hostile à l’occident diabolisé d’autant plus que cette attachement au bled interdit la moindre intégration économique sérieuse , mais cela a été facilité par le ‘l’arrivée de femmes prises au bled (sans doute pas de dot à payer si on fournit des papiers en régle ) d’hommes de meme (on se fait payer pour vendre à la fois sa fille française et les papiers qui vont avec ) c’est le fruit très strérile des regroupements familiaux à la noix qui ont rendu rares si ce n’est exceptionnelles les unions avec des autochtones français (dont Darmanin et Zéniter sont aussi des descendants )
Financement Wahabites , et psudo regroupement familial ont interdit l’intégration par le sang , à nous de revenir en arrière sur ces deux points et l’intégration reprendra , elle n’a jamais cessé pour les africains noirs chrétiens en dépit d’un regroupement familial aussi nocif pour eux que pour les musulamns mais qui n’a pas empéché des unions entre autochtones français et immigrés
Mais pour cela il faut croire aux bienfaits de la civilisation occidentale et à sa supériorité , et donc à la justesse de point de vue de celui qui l’impose , ce que ne veut pas le consensus européens centriste qui céde un peu devant les dénommés « populistes » de l’est européen , mais pas encore assez !

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Denis Chaigne avril 19, 2018 - 9:27 am

les causes cachées . . .
un mensonge répété 1000 fois devient une vérité, dit le proverbe chinois . . . .
Tel est l’idée qui ressort de votre article, en ce qui concerne la victoire du FLN sur la France, sur cette guerre d’Algérie perdue par la France.
Il serait beaucoup plus pertinent pour l’autorité intellectuelle des « entrepreneurs pour la France » que vous analysiez les raisons qui ont fait que l’armée française étant vainqueur sur le terrain, contrôlant tout le territoire algérien et aimée des populations locales car elle avait ramené le calme dans leur vie quotidienne, la France n’ait pas trouvé d’autre solution que de partir comme chassée, avec le désastre humain qui s’en est suivi, tant en France qu’en Algérie, en raison de la guerre civile qui a suivi cette évacuation précipitée.

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Gerard Cachier avril 20, 2018 - 9:42 am

suite – les causes cachées sont dans la naissance de l’Islam
Lors de la période fondatrice de l’islam au 7° siècle, les contemporains de Mahomet ont vécu l’apocalypse : effondrement de l’Empire Romain et fin de la « pax romana », peste bubonique dévastatrice. Dans les tribunes bédouines des déserts d’Arabie la seule priorité a été la difficile survie du groupe.

La pensée du Coran a été évidemment tributaire des conditions matérielles et morales de l’époque qui l’a vu naître. Elle reproduit l’ambiance guerrière de cette époque et de son histoire, et même des siècles suivants puisque la première version complète connue du Coran a été écrite 200 ans après la mort du Prophète. Les Califes des 7° et 8° siècle y ont ajouté de quoi justifier et aider leur guerre contre l’armée romaine (chrétiens), en motivant les combattants et facilitant leur recrutement (paradis garanti), et aussi de quoi établir leur suprématie sur les Califes concurrents en apparaissant comme de meilleurs musulmans. Le Coran etant devenu la parole d’Allah pour mieux asseoir encore l’autorité du Calife, il a été sanctifié pour l’éternité.

Avec les conquêtes, le jihad a progressivement évolué d’une recommandation d’autoprotection vers une version encore plus offensive et belliciste. Les concepts et normes ont été regroupés sous le terme de chari’a. Les conquêtes spectaculaires ont assuré les succès religieux, les deux étant à l’époque intimement liés (lutte contre les infidèles). Le salafisme a rendu le système religieux figé et intangible, en total décalage avec l’époque actuelle, ou les autres religions ont mieux accepté les innovations. Il a crée une scission potentiellement violente avec ceux (musulmans et non musulmans) qui ne suivent pas ses recommandations.

Last but not least, vers la fin du 20° siècle, le jihad contemporain, dans sa version armée, fut « inventé » – théorisé et mis en pratique – par un Frère musulman palestinien, Abdallah ‘Azzam, parti combattre l’Armée rouge qui avait envahi l’Afganistan. Les « fondamentaux » dont ‘Azzam fit usage pour bricoler son corps de doctrine, furent fort utiles alors pour attirer du monde entier des musulmans égarés entre modernité et tradition sur le champ de bataille afghan – où le martyre leur permettrait de subsumer ces tensions insurmontables. Mené avec l’appui de la CIA et le soutien financier des petromonarchies, ce « combat sacré » victorieux a rappelé aux salafistes jihadistes leurs victoires passées menées au nom d’Allah et les a encouragé a poursuivre dans cette voie.

A quand un Ernest Renan de l’Islam ?

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