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Le bio manque d’aides publiques, dénonce la Cour des Comptes

par Yves Buchsenschutz
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La Cour des Comptes a pour mission principale de s’assurer du bon emploi de l’argent public et d’en informer les citoyens. Juridiction indépendante, elle se situe à équidistance du Parlement et du gouvernement, qu’elle assiste l’un et l’autre, conformément à l’article 47 – 2 de la constitution.

« Raisonner sur les résultats et accepter la liberté de moyen »

Par ailleurs, nous avions appris le 7 novembre 2021 que l’État français était condamné pour inaction climatique : le tribunal administratif de Paris a condamné l’État français a réparer les dommages causés par son inaction climatique d’ici 14 mois soit avant le 21 décembre 2022. (Jugement du 14 octobre 2021) sous peine d’astreinte ensuite. Les tribunaux administratifs jugent les litiges entre les particuliers et l’administration.

En fait et pour simplifier, la Cour des Comptes avec force précision et détails (production, distribution, prix, domaines réservés comme par exemple les cantines scolaires…). Elle considère et donc clame que l’État n’en fait pas assez pour le bio. Il est vrai que ce dernier, pour la première fois est en chute sur les marchés alors qu’a contrario la production se développe progressivement au fur et à mesure des adaptations des pratiques agricoles.
Ce phénomène est intéressant à observer car il est représentatif des rapports de l’État au changement et de ses méthodes de gestion.

À l’origine la France a développé son agriculture et la qualité de ses produits alimentaires sous l’œil bienveillant du ministère de l’agriculture, mais aussi sous celui plus pointilleux peut-être de l’INAO et de la DGCCRF et autres organismes de contrôle divers qui encadrent en permanence la qualité des produits fournis. Il y a bien entendu quelques « accidents » chaque année mais on peut honnêtement admettre qu’ils sont relativement rares dans notre pays, rapidement détectés et n’ont le plus souvent par entraîné de conséquences graves massives.
Que les promoteurs du bio le veuillent ou non, les approvisionnements alimentaires en France, frais ou industrialisés, sont généralement sûrs, de bonne qualité nutritionnelle et gustative, et d’un prix compétitif.

Lorsque la religion écologique a commencé à prendre son essor, plébiscitée par les disciples tardifs de Jean-Jacques Rousseau, elle s’est bien entendu intéressée à la nature et sa préservation (ou plutôt à sa conservation – en fait sa tétanisation en l’état, quoique celle-ci soit « par nature » changeante) mais a également pris quelques décisions fondamentales :
• Affirmation non négociable que l’industrie est par construction l’ennemi héréditaire de l’écologie, même si elle a permis la survie de l’espèce humaine dans des conditions, osons le mot : plus humaines.
Le «naturel » ne peut être que bon, l’industriel, ne peut être que mauvais y compris quand il s’agit du même produit : le guano, engrais nitré résultat de l’accumulation de fientes d’oiseaux au Chili etait bon, mais son substitut synthétique est forcément mauvais.
La productivité agricole, laquelle permet d’améliorer les prix de revient, et donc l’accessibilité des produits pour le consommateur, ne peut être que nuisible et inférieure au travail manuel et local.
• Il en est de même pour les pratiques agricoles. Mieux vaudrait dixit le bio en définitive un mauvais melon cultivé localement à la main, qu’un bon melon d’une exploitation qualifiée d’industrielle. (Pour information un produit industriel correct est en général à l’indice 70, cad meilleur que 70 % des produits artisanaux, moins bon que les 30 % meilleurs.)
• En France, et ceci est très particulier à notre pays, les partisans de l’écologie se sont appropriés le nom de « bio » ce qui signifie et a toujours signifié la vie et pas l’écologie. En Allemagne par exemple ces produits sont appelés « ökologisch » et en Grande Bretagne « organic ». Ceci n’a pas du tout la même résonance générale historique positive et constitue en quelque sorte un vol sémantique. En matière de pression publicitaire, la totalité de l’éducation nationale, 90 % des médias y compris la TV assènent à longueur de journée les qualités indispensables du bio, suivi d’ailleurs de plus en plus par les entreprises qui préfèrent accompagner le mouvement faute de pouvoir s’y opposer.
• Elle a créé un parti politique et un lobby assez puissant pour aller jusqu’à faire voter des lois rendant obligatoire l’utilisation des produits dits bio. À ce propos cela signifierait à contrario que tous les autres sont toxiques, au moins un peu. Mais il y a en France plus d’écologistes que d’agriculteurs. Cette dernière manifestation est la remontrance (indignée) de la très respectable Cour des Comptes qui demande au gouvernement d’accélérer et d’amplifier, en pleine crise sociale, son soutien au développement du bio. On croit rêver !
• Elle a enfin réussi à faire accepter que ces produits (le plus souvent anti productif par construction) soient vendus au consommateur en moyenne 30 % plus cher que leurs homologues traditionnels pourvu que les œufs soient présentés sur de la paille au lieu d’être dans une barquette en carton ce qui est tout de même une superbe performance marketing.

Au milieu de tout cela, le consommateur nostalgique a voté pour le bio y compris dans des catégories sociales peu fortunées mais des craquements dans ce beau modèle ont commencé à apparaître dès 2020 et se heurtent aujourd’hui de manière frontale à la crise du pouvoir d’achat déclenchée par l’inflation. L’avenir nous dira si le bio survit et comment, et ce que seront devenus tous ceux qui ont quitté leur job traditionnel pour se consacrer au lait de chèvre sur le plateau de Millevaches.
Cette remontrance est plus que surprenante. (Comment un organisme comme la Cour des Comptes dont l’existence est basée sur la justice et l’équité peut-il soutenir urbi et orbi une catégorie particulière de citoyens-producteurs privés au motif que la qualité est meilleure ce qui est tout sauf prouvé, en se basant sur des moyens et non des résultats.

On peut au demeurant rapprocher cette « campagne » du jugement obtenu par un certain nombre d’associations écologistes condamnant l’État car il n’aurait pas suivi suffisamment vite les exigences de leur lobby ? Il est vrai qu’ils avaient pris soin de faire voter une loi à terme défini sur ce sujet.

Quelques questions :

• Peut-on et doit-on inscrire dans la loi des décisions à terme défini dont la pertinence n’est pas prouvée, et dont les moyens de réalisation sont mal connus et évalués ?
Peut-on attaquer, dans le même esprit, ces associations qui ont provoqué la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, laquelle entraîne aujourd’hui la remise en route de la centrale au charbon de Saint Avold ? (Sans parler du désastre parallèle de l’Allemagne, sachant que le CO2 n’a pas de frontières)
• L’État, ses représentants, et les politiques, pourraient-il apprendre à raisonner en termes de résultats et non en termes de moyens : ce qui compte en définitive, c’est que les produits alimentaires soient sains et d’un prix abordable,
En termes d’énergie, consommable de base universel, ce qui compte c’est que l’humanité gère de manière plus responsable et plus productive sa consommation et que celle-ci soit décarbonée au maximum, et produite dans des conditions de sécurité, de coûts (d’investissement et de fonctionnement) et de régularité acceptables.
En termes d’automobile, la France et l’Europe se félicitent d’avoir décidé une interdiction et une date limite au moteur thermique. Une fois encore, ce raisonnement est basé sur les moyens et non sur les résultats escomptés. Si, en raisonnant en cycle de vie complet, quelqu’un arrive à faire fonctionner correctement (cad à la satisfaction du consommateur) un véhicule disons avec 1 l d’essence aux 100 km, c’est peut-être une meilleure solution que le passage au tout électrique ? Au demeurant ce basculement général en 13 années paraît bien hasardeux. On pourrait peut-être se souvenir que la consommation moyenne des voitures a bien dû être divisée par trois ou par quatre depuis 1945, et que la durée moyenne de renouvellement du parc est supérieure à ce délai. Et si on laissait les entrepreneurs chercher des solutions ?
• A contrario félicitons-nous de la baisse surprise de la pollution en France. Comme c’est curieux personne n’a envie de mourir asphyxié ! Incitons d’abord.
En matière de d’inertie et de délai, rappelons-nous qu’un pétrolier de 400.000 Tonnes marchant à 20 nœuds met 13 km à tourner ! (C’est de la navigation). Faisons confiance et laissons le temps au temps !

 

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