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La transformation d’un canard en poulet

par Bernard Zimmern
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Réconfortant, et je devrais dire enthousiasmant, de voir un canard, pardon Le Canard, faire un pet et de voir tous les médias se précipiter pour admirer le pet.
Ne disait-on pas à la Cour « le Roi a pété » (ou roté quand c’était un rot) ?
Ceux du Canard sont apparemment puissamment odoriférants puisque toutes les guêpes se précipitent pour y ajouter leur miel et remplir la Cour des contes (de fées). Il est vrai que nous nous trouvons devant un scandale qui n’a pas eu jusqu’à présent d’égal. Nous étions jusqu’alors une démocratie irréprochable.

Lorsque les socialistes du département des Yvelines, celui de Benoît Hamon, ont fait entrer dans la fonction publique locale quelques dizaines de parents la veille de perdre leur majorité, en chargeant ainsi de millions les budgets à venir, pas de quoi fouetter un cheval, voire même un âne.

Nous avions, il y a vingt ans, des parlementaires qui payaient leur femme comme assistante parlementaire et nous les avons heureusement remplacées par des maîtresses qui sont beaucoup plus interchangeables, car il ne s’agit vraiment que de les remercier pour ce moment.

Nous perdons la main car, il y a vingt ans, il était encore dans la pratique gouvernementale de distribuer chaque mois des millions, à chaque ministre, en billets, sur des fonds secrets ; il pouvait en faire un usage discrétionnaire. Mais ce n’étaient que des francs. Et pour un usage beaucoup plus justifié que quelques conseils ou informations d’une assistante parlementaire : pour Jacques Chirac, se payer des séjours à l’île Maurice, pour un ministre de François Mitterrand, s’acheter un appartement place des Vosges.

Il est vrai que lors de la fermeture de l’ANVAR en 2005, 261 millions avaient disparu ; la Cour des comptes n’a pu l’expliquer, et aucun média ne s’est interrogé pour savoir où l’argent était passé ni pourquoi le secrétaire général était un membre de la Cour des comptes ou son président, un membre du même corps de l’Inspection des Finances qu’Emmanuel Macron, ni pourquoi il est resté -ironie ?- patron du contrôle des assurances.

Heureusement, le Canard se transforme en poulet et, comme auxiliaire de justice, il va nous aider à dénoncer les dizaines de milliers de fonctionnaires placardisés, sans bureau, sans ordinateur, sans travail, mais payés par la collectivité ; il va nous expliquer comment ils font face à la dépression en se créant un travail parallèle ou tout simplement en cultivant leur jardin.

Nous allons enfin savoir s’il est exact qu’un grand journal syndical s’est vu affecter comme journalistes des fonctionnaires mis à disposition, dont le seul travail consistait à prendre le TGV une fois par mois pour venir toucher leur indemnité et se faire rembourser le transport.

Grâce à lui, nous découvrirons que des capitalistes privés osent utiliser le revenu de leur société pour payer des assistantes qui n’ont d’autre travail que d’ouvrir des portes alors que des collectivités publiques embauchent massivement dans la banlieue parisienne des parents des élus pour les fermer.

Et pourquoi s’indigner d’un simple pet ?
La presse étrangère ne fait-elle pas beaucoup mieux ?

La manipulation médiatique est internationale : on l’a vu récemment aux États-Unis où le président Trump s’est vu accuser d’avoir, dans un grand hôtel de Moscou, fait pisser des prostituées sur le lit qu’avaient occupé précédemment Barack Obama et son épouse. Grâce à la réaction rapide de Fox News, les Américains ont appris qu’il s’agissait du montage d’un journaliste particulièrement imaginatif, envoyé à un sénateur, républicain mais opposant de Trump, qui l’avait envoyé pour examen à la CIA, lui donnant ainsi un caractère officiel mais sans que jamais cette « fake news », (information fausse) ait été validée et confirmée.

Le simple raisonnement aurait dû enlever à cette information la moindre crédibilité, car comment imaginer qu’un homme d’affaires, même simplet, s’amuse à donner au successeur du KGB les moyens de le faire chanter alors qu’il est connu de tous qu’il y a des caméras dans tous les grands hôtels de Moscou ?

Mais en matière d’information, plus le mensonge est énorme, mieux il passe.

Heureusement, et ceux qui ont un peu vécu à la ferme le comprendront, c’est le rêve des canards qui nagent dans la mare où s’écoule le purin, de rejoindre les poulets de plein champ. Grâce à notre Canard, c’est non seulement à la réforme du système politique que nous allons assister mais à une réforme de l’éthique journalistique.

 

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8 commentaires

weiss janvier 29, 2017 - 5:55 pm

La transformation d’un canard en poulet
Avant en France, on prétendait élever des canards en sélectionnant des œufs de poules … Maintenant même le Canard n’est qu’un vulgaire poulet… 😉
Excellent article qui remet les choses en place M. Zimmern, comme toujours…

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Lainée janvier 29, 2017 - 7:28 pm

La transformation d’un canard en poulet – brèves pensées d’un pigeon
Je souris et ne suis pas d’accord avec cette forme d’autorisation de frauder/ jouer avec l’argent public. C’est la nature humaine, ce sera toujours le cas, mais si les changements médiatiques donnent plus d’impact à des acteurs qui exposent des faits vrais, so be it.
Je suis tellement souvent observateur des pratiques par lesquelles les puissants s’entre protègent au détriment dur citoyen : le maire de mon village est un contrevenant compulsif à la loi, et aucune des instances qui aurait la puissance de mettre un arrête à ces pratiques ne le fait ; ni préfet, ni CNIL, ni CADA, ni le département et sa menteuse d’archiviste en chef…
Alors cela m’amène, en tant que citoyen, à deux réflexions :
– franchement aucune pitié pour les petites faiblesses de nos gouvernants. Ils se sont certainement si souvent protégés sans vergogne de malhonnêtetés précédentes, que celle pour laquelle ils payent est le prix de tant d’autres. C’est le prix de la confiance perdue dans toute forme de justice.
– puisque nous devons être, notre devise le dit, à Egalité, chaque citoyen aussi est libre de choisir les lois auxquelles il n’obéira pas. Sans doute nombre d’entre nous choisirait la loi fiscale, et je ne doute pas que nous y parvenions.

Ainsi coule un pays, victime de ses élites et médias complaisants pendant bien trop longtemps.

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2700. Dominique Mercier janvier 30, 2017 - 12:00 pm

La transformation d’un canard en poulet – brèves pensées d’un pigeon
Réponse de Bernard Zimmern :
Comme l’explique très bien un député, l’argent dépensé par un parlementaire (Julien Aubert) pour rémunérer ses assistants n’est plus de l’argent public mais privé comme la rémunération d’un fonctionnaire n’est plus de l’argent public une fois versé à son destinataire.

Mais le plus ridicule, c’est qu’à l’époque des faits, l’argent non dépensé pour rémunérer des assistants était versé au parlementaire; et celui-ci y gagnait car il n’avait plus à en déduire les charges sociales.
Cela vous est-il suffisant? bz

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Hubin janvier 29, 2017 - 10:13 pm

La transformation d’un canard en poulet
Agréable rappel , mais ici une grosse différence avec les autres cas cités : l’attaché parlementaire de circonscription est très utile quand il se trouve de la famille de l’élu ; il a pour fonction essentielle de représenter localement l’élu lorsque ce dernier est à paris , afin de répondre immédiatement, comme l’exige l’électeur , à toutes les demandes d’intervention
Si la demande n’est pas présentée à l’élu directement (le bon Dieu ) elle doit l’être au moins au meilleur de ses saints et il n’y ven a pas de meilleur que l’épouse , si elle ne travaille pas dans un autre métier elle est de facto attaché parlementaire de circonscription donc autant qu’elle le soit de jure , cela n’a rien d’illégal 117 députés et (à vérifier ? ) une cinquantaine de sénateurs pratiquent cette méthode , Mme Chirac a joué ce role comme cela , Mme Bachelot , Mme Alliot Marie , Mme Tibéri et pour Frédéric Dupont sa sœur Melle Dupont et cela ne charge en rien les comptes publics puisque cette dépense est assurée par l’assemblée nationale ou le sénat de façon officielle et budgétée . On peut regretter que la famille du député trouve ainsi un complément de revenu , mais je trouve cela très injuste , car cette famille joue un role éminent dans l’action de l’élu (à la demande de l’électeur ,j’insiste sur ce point ) et personne n’a jamais critiqué les services administratifs à disposition de Mmes Giscard , Mitterrand , Chirac , Sarkozy et Hollande (secrétariat de Mme Trierviller ) toutes effectivement submergées de nombreuses lettres d’électeurs cherchant une oreille attentive à des réclamations délibérément ignorées par les services administratifs « en charge »

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yves BUCHSENSCHUTZ janvier 30, 2017 - 9:41 am

La transformation d’un canard en poulet
A ce propos, quel pouvait bien être le statut légal de Madame Thierweiller ? Compagne, maîtresse, amie, collaboratrice, …… quel a pu être son budget ? et quel est le juge qui s’en est soucié ?

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dosogne janvier 30, 2017 - 3:21 pm

La transformation d’un canard en poulet
Bravo pour cet excellent article ! Les juges ont du pain sur la planche surtout s’ils commencent à s’intéresser aux « faveurs  » (illégales elles) distribuées par certains syndicats à leurs copains;

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Gandois février 1, 2017 - 12:26 pm

La transformation d’un canard en poulet
Moi, ce qui me choque le plus, ce n’est pas le fait que les hommes politiques, à gauche comme à droite, profitent des privilèges plus ou moins légaux de leur position. Ce qui me choque c’est que les journalistes du Canard disposaient de ces (vieilles) informations certainement depuis longtemps et qu’ils aient attendu la fin de la primaire de gauche pour sortir bout par bout (sous forme de feuilleton) les informations. Un but évident de descendre un candidat à la Présidentielle qu’ils exècrent de manière extrêmement orchestrée. Le journaliste moderne devient sniper.
Et finalement, ce pourrait être sans doute leur contribution au Front National.

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LASSEAUX février 1, 2017 - 7:32 pm

La transformation d’un canard en poulet
Le canard vient probablement d’être infecté par la grippe aviaire. Attention il est contagieux, impactant d’une manière exponentielle le reste de la basse-cour, qui s’en donne à coeur joie.
La majeure partie des médias, reprend en boucle les arguments fielleux du journal satirique en faisant à l’envie ses choux gras.
Quelle curée! haro sur la bête que l’on croit blessée et que l’on destine sans autre forme de procès à l’abattoir. Oui car l’on tient là surement de quoi tenir l’audience pour quelques semaines encore, surtout si l’on fait fi! de la présomption d’innocence. La basse cour devrait faire preuve de beaucoup plus de discernement et de modération, car s’il s’avérait qu’elle était par trop infectée, elle pourrait tout simplement être éradiquée…

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