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La politique énergétique allemande coûte cher à l’Europe

par Yves Buchsenschutz
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On parle souvent de la maladie nucléaire de la France, en particulier de l’autre côté du Rhin. On oublie toutefois que l’Allemagne a compté jusqu’à 35 centrales nucléaires. Dès 2018, elle ne produisait par contre déjà plus que 76 TWh, soit 12 % de la production d’électricité, contre 170 TWh représentant 30 % de la production d’électricité en 2000, début du tournant énergétique allemand (Energiewende), lancé par une coalition SPD – verts.

Madame Merkel a fait voter en 2010 une loi prolongeant le fonctionnement de l’ensemble des centrales de 12 ans, laquelle a été remise en cause en 2011 à la suite de l’accident de Fukushima et donnant comme date limite de l’arrêt de l’ensemble des centrales allemandes, 2022 !Ce programme a été tout à fait suivi et a comme résultat que l’Allemagne produisait en 2018 12 fois plus de CO2 par KWh produit que la France. (472 g contre 40).

Qu’en est-il à date ?

L’Allemagne a fermé 3 des 6 derniers réacteurs en décembre 2021, représentant 4 GW de puissance installée et 35 TWh de production, alors même que la crise énergétique s’annonçait avec le quadruplement des prix du gaz dès septembre.
Il reste encore trois centrales en activité en Allemagne, à arrêter en principe en 2022, représentant également 4 GW de puissance installée.

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Comme on peut le constater, ces centrales ont été mises en service en 88 et 89 et seront donc arrêtées après 34 ans de service. (Pour mémoire les Américains viennent de prolonger quasi systématiquement la durée de vie de leurs centrales de 20 ans au-delà de 40, et la France se propose de faire de même, un premier palier à 50 ans étant en cours de mise en œuvre avec le programme du « grand carénage ».
À notre connaissance il n’y a eu ni problème particulier, ni décès à déplorer lors de leur exploitation, et leur taux de disponibilité -96 % en 2021- est remarquable, ce qui prouve leur excellente qualité et celle de leur exploitation et de maintenance (plusieurs réacteurs allemands dans le top 10 mondial chaque année depuis 1981. Pourtant nos amis allemands ont réussi à faire avaler à l’ensemble de l’Europe que le nucléaire était le diable et que le gaz n’émettait en quelque sorte pas de CO2 « nocif ». (?)
Surtout il est arrivé entre-temps un phénomène imprévu : à savoir l’OPA guerrière de la Russie sur l’Ukraine et la découverte soudaine par l’Allemagne de sa dépendance quasi totale à des énergies importées de Russie carrément polluante, presque autant que le lignite autochtone. Au passage, l’Allemagne a réussi également à bloquer la prospection de gaz de schiste en Europe et investit des milliards dans les énergies dites renouvelables et dans NORDSTREAM 2. Elle a même omis (c’est un des rares pays en Europe) de construire des terminaux de gaz naturel liquéfié. L’Espagne en disposerait mais il faudrait de toute urgence le faire transiter par la France !
Comme de bien entendu, la Russie exerce aujourd’hui un chantage total que ce soit sur la fourniture ou sur les modes de règlement de gaz, mais aussi de pétrole et de charbon (elle fournit à peu près 40% de l’énergie allemande).
Et pourtant les Ministres de l’Environnement et de l’Economie allemand, ont communiqué, réunis, le 8 mars, qu’après étude il n’était pas opportun de reporter la fermeture de ces trois centrales car elle serait marginale (il y en a déjà eu 32 de fermées il est vrai). On s’en serait douté mais cela aurait pu être tout de même un geste à défaut d’un effort dans la nécessaire résistance des démocraties européennes à l’expansionnisme rampant des dictatures dans le monde et en particulier russe.
L’Allemagne a décidé en fait de régler le problème en augmentant le stockage de gaz et de charbon, voire de pétrole pour préparer l’hiver 22-23. À notre connaissance le CO2 contenu dans ces combustibles fossiles n’aura certainement pas disparu d’ici là, surtout d’ici la fin de l’hiver 2023. Pour atteindre cet objectif ambitieux dans les délais, des délégations allemandes parcourent déjà le monde pour préempter de nouveaux approvisionnements ce qui va certainement alléger les tensions sur les marchés et ceci sans en informer ses partenaires européens ni aucun souci de cohérence entre les pays de l’Union.
Et puis en 2023, il suffira de refaire l’opération pour l’hiver 2023-24 ! Le consensus européen qui semblait s’être formé rapidement à l’occasion de ce conflit n’aura pas duré longtemps. Les autres pays européens devraient être en train d’exiger de l’Allemagne un moratoire sur ces fermetures. Ce qu’envisagent déjà les Belges par exemple. Après tout c’est bien pour faire plaisir à l’Allemagne que la France a fermé Fessenheim en 2020 en contradiction malencontreuse avec le cataclysme qui se préparait. À tout le moins, la France devrait aujourd’hui demander une révision complète de l’organisation du marché électrique européen, particulièrement dans sa composante concurrence.

Comment se fait-il qu’au final, EDF vende à des concurrents (français, il est vrai) de l’électricité à un prix inférieur à celui qu’elle rachète sur le marché, 3 fois plus cher et fabriqué en Allemagne avec du charbon russe ?

 

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2 commentaires

jacques de Naurois avril 21, 2022 - 10:27 am

La politique énergétique allemande coûte cher à l’Europe
Bien vu et frappé au coin du bon sens!
dommage que ce texte n’ait pas été introduit dans le volet énergie du debat d’hier!

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Jean-Claude STREICHER mai 10, 2022 - 9:34 am

La politique énergétique allemande coûte cher à l’Europe
la situation énergétique de l’Allemagne n’a pas changé depuis le diktat du traité de Versailles : impossible de faire autrement que de chercher ses approvisionnements à l’est, ce qui oblige les States Rikaner à lui imposer un nouveau diktat (Northstream Verbot). Et les franzosens sont toujours aussi ridicules à prétendre lui faire la leçon

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