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La fuite des politiciens français vers les politiques de petits boulots.

par Bernard Zimmern
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Incapables de soutenir des politiques visant à mobiliser les riches pour financer nos entreprises, les politiciens de droite ont fui vers la création de petits boulots, le moyen le plus aisé pour eux de faire social et de maintenir le taux de chômage en-dessous de 10%.

Ils ne faisaient que reprendre une voie ouverte par la gauche quand elle était au pouvoir avec des plans comme ACCRE (donation à un chômeur sur dossier de quelques milliers d’euros pour établir une entreprise) ou EDEN (prêts avec le même objectif) que l’on retrouve aussi à travers l’ADIE, cette association qui prétendait copier le microcrédit de Muhammad Yunus fondateur de la Grameen Bank du Bangladesh mais a été, en France, nous le verrons, essentiellement une machine à engranger les subventions.

Le plus grand champion des petits boulots a sans conteste été Jean-Louis BORLOO qui en 2005 lançait un plan services à la personne, resté dans toutes les mémoires, notamment avec le chèque CESU.

Jean-Louis BORLOO n’a pas inventé les services à la personne. Ceux-ci existaient lorsqu’il a lancé son plan, puisque le nombre d’heures totales rémunérées, hors assistantes maternelles, se montaient déjà à 575 millions en l’an 2000, étaient à 700 millions en 2005 et n’a atteint que 800 millions en 2007.

Le rapport public de la Cour des comptes de 2010 a littéralement « exécuté » cette mesure en montrant que la création d’emplois avait été beaucoup plus faible qu’espéré, 108.000 emplois en équivalent temps plein de 2006 à 2008 au lieu des 500.000 attendus. Mais elle aurait fait passer le coût pour l’État, toutes aides et exemptions fiscales, sociales, confondues, de 4,7 milliards d’euros à 6,6 soit environ 20.000 euros par emploi créé mis à la charge du budget chaque année. Le Sénat dans un rapport 589 de sa session 2009-2010 était encore plus sévère en estimant à 51.000 euros le coût par emploi créé.

Jean-Louis BORLOO a été précédé par Renaud DUTREIL avec sa SARL à 1 euro et suivi en 2008 par Hervé NOVELLI. Toujours inspiré par François HUREL, celui-ci créait l’auto-entrepreneur dont on peut estimer l’apport en création d’emplois plein temps à quelque 20.000 emplois.

Mais que ce soit ACCRE ou EDEN (dont le coût était évalué par une étude de 2002 à environ 2 euros par euro de chiffre d’affaires) ou services à la personne de Jean-Louis BORLOO, nous continuons à manquer des créations de grandes entreprises, notamment de celles naissant avec plus de 10 salariés, nous continuons de creuser ainsi notre retard en emplois.

C’est ainsi que de 2005 à 2010, l’économie française aurait créé 700.000 emplois dont 399.000 dans les services à la personne, alors que les Allemands en créaient 1.600.000 hors minijobs et 150 000 dans les services à la personne, la plus grande part en minijobs.
L’écart en emplois entre France et Allemagne s’est donc accru en 5 ans de 900.000, soit près de 200.000 par an (hors minijobs). Et les Allemands ont vu leurs services à la personne dont minijobs, croître de seulement 9% de l’emploi hors minijobs contre 57% en France.

Le résultat se retrouve en grande partie dans la balance des exportations. Car les services à la personne n’exportent pas. Et les emplois industriels, eux, créent automatiquement des services à la personne sans qu’il soit besoin de les subventionner. Mais le résultat est aussi dans le budget de l’Etat qui s’alourdit de toutes ces nouvelles aides.

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