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La destruction destructive du protectionnisme

par Bernard Biedermann
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Le protectionnisme est une politique économique visant à protéger les entreprises menacées par la concurrence extérieure ; les objectifs étant de maintenir l’emploi, d’éviter la disparition des jeunes entreprises et de rééquilibrer la balance du commerce extérieur. Les décisions protectionnistes sont appliquées en période de crise, de guerre, ou pour imposer des représailles dans le cadre d’un conflit de politique extérieure.

Plusieurs mesures peuvent être appliquées :

– Droits de douane sous forme de taxes sur les importations ;
– Subventions au profit des producteurs et exportateurs domestiques ;
– Choix par le gouvernement de producteurs locaux dans le cadre des appels d’offres ;
– Création de normes restrictives sur les biens de consommation (sanitaires, écologiques, sociales, etc.)

Elles ont souvent des justifications d’ordre économique :

– Diminution de la consommation globale ;
– Accroissement de la production dans les secteurs protégés ;
– Réduction des importations d’un montant égal à la somme des variations de la consommation et de la production ;
– Augmentation des rentrées fiscales ;
– Redistribution des revenus des consommateurs au profit des producteurs et de l’Etat ;
– La possibilité d’éviter une spécialisation économique exagérée, qui conduit à des risques macro-économiques.

Et elles présentent des avantages :

– L’Etat protectionniste se dote du pouvoir de manipuler les prix ;
– A l’importation on peut constater des baisses de prix des produits taxés sur les marchés internationaux ;
– Les représailles entre pays finissent par se traduire par la mise en place de cycles de négociations ;
– La protection temporaire des entreprises naissantes souvent fragiles ;
– La possibilité de corriger les dysfonctionnements sur le marché des biens et services ;
– La remise en cause de la rente des entreprises internationales en position de monopole ;
– La nécessité de protéger les nouveaux secteurs en apprentissage (nouvelles technologies) ;
– La transformation d’une entreprise nationale en leader mondial notamment par la R&D (aéronautique, spatial, etc.)

Mais il y a des inconvénients :

– Les échecs constatés sont dus au fait que les gouvernants sont loin d’avoir le niveau d’information nécessaire à une bonne stratégie de prix sur les marchés internationaux ;
– L’asymétrie d’information entre l’Etat et les entreprises conduit à des rentes pour l’entreprise, socialement coûteuses ;
– Les politiques de protection des nouvelles technologies ont souvent échoué à cause d’erreurs de stratégie que le marché aurait pu éviter ;
– Les gouvernants recherchent plus la possibilité d’être réélus que l’équilibre de leur économie.

Il faut également tenir compte du fait que, dans les secteurs produisant des produits sophistiqués, le produit final résulte de sous-produits préalablement exportés puis réimportés. On évoque la protection des nouveaux secteurs mais dans les faits on protège aussi les industries mourantes ce qui a un coût et des effets pervers.
A tort on justifie souvent le protectionnisme par le fait que la mondialisation a globalement généré du chômage et des délocalisations.
L’histoire nous montre que les représailles provoquent des représailles et que celui qui a commencé est souvent le grand perdant. Un pays qui limite ses importations par des taxes, risque de connaitre une hausse de sa monnaie ce qui pénalise ses exportations. De plus, la nécessité d’accroître la productivité des facteurs n’est plus prioritaire, ce qui est très gênant sur le long terme.

Les débats sur le protectionnisme mettent en avant des risques ou des situations difficiles qui concernent le plus souvent les grandes entreprises. Il est tout à fait justifié que les gouvernants prennent leurs décisions sur la base de bonnes connaissances de la vie de l’entreprise, cependant on ne gère pas une économie comme on gère une entreprise.

Plus généralement, le développement économique s’appuie sur les échanges internationaux. Ricardo, puis les libéraux, ont bien expliqué ce phénomène. Il convient néanmoins de rappeler que les libéraux n’ont jamais dit que n’importe qui pouvait produire n’importe quoi, mais que les gouvernements devaient s’assurer que le marché fonctionne correctement. Il y a une recommandation libérale qui vise à limiter les échanges internationaux entre pays de niveaux de développement voisins. Ainsi les pays dont le PIB par habitant est très élevé ne devraient pas favoriser leur commerce extérieur avec des pays au PIB par habitant faible, ce qui est souvent le cas dans la réalité économique actuelle.

En fait on devrait imaginer un protectionnisme éclairé uniquement avec les pays comme la Chine ou même l’inde, qui ont atteint un développement technique comparable au nôtre, mais ne jouent pas le jeu social, environnemental, fiscal, normatif, et se protègent par là tout en réclamant le libre-échange. Par contre, je pense que le libre échange doit être la norme entre les pays développés, ou avec des pays en réelle voie de développement.

 

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