Entreprises et Emplois marchands : Visions d’Entrepreneurs

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La désindustrialisation par overdose de dette et de dépenses sociales

Je ne saurais trop vous recommander la lecture de l’article de ce jour de Claude Sicard car il soulève le coin du voile d’un certain nombre de mécanismes peu ou mal identifiés.

Le premier point est certainement le taux extrêmement élevé des dépenses sociales sur PIB de la France. On a l’habitude de s’intéresser essentiellement au numérateur c’est-à-dire les dépenses et peu au dénominateur à savoir le PIB. Sa conclusion est que contrairement à ce que l’on pourrait penser, les dépenses sociales de la France ne sont pas du tout extravagantes en valeur absolue. C’est en valeur relative que le bât blesse. Nous sommes dans la situation d’un cadre débutant qui voudrait rouler en voiture de maître ! Nous avons des dépenses disons usuelles mais nous n’avons pas les recettes nécessaires pour les financer. C’est bien le déficit de PIB par tête par rapport aux pays similaires qui pose problème.
Il est clair que 20 000 € de dépenses sociales pour un suisse qui en engrange 80 000 €, est beaucoup moins douloureux que ces mêmes 20 000 € prélevés sur un PIB par habitant de 38 000 € en France. Nous vivons au-dessus de nos moyens.

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Le deuxième point est : comment résorber cette distorsion ?
Les pistes :
Diminuer les dépenses sociales ! Pas vraiment souhaitable mais on pourrait éviter par contre au moins de les augmenter continuellement. (Que penser par exemple du financement par la l’État des dépenses de préservatifs pour les jeunes, ou de la prise en charge des protections périodiques (plus des congés concomitant) ou de prêts non remboursables pour les divorcés. Comme désormais tout le monde divorce (réel problème économique), tout le monde y aura
droit : enfin l’égalité parfaite !

Augmenter les impôts (et ou prélèvements) ! Voie déjà largement explorée et qui a manifestement atteint ses limites. La timide amélioration de la situation française, suite aux décisions sur l’IFI, la loi Dutreil et la réduction des impôts de production, etc, n’y survivrait probablement pas.

L’amélioration du taux d’emploi sur vie complète : Voir réforme des retraites …

Financer par la dette ! C’est, de facto, la voie empruntée actuellement. L’Euro ne nous protègera pas toujours et le retour des taux d’intérêt positifs entraînera l’asphyxie. Le processus est déjà enclenché.

Augmenter le PIB par tête. Claude Sicard insiste depuis des mois sinon depuis des années sur ce que l’on pourrait désormais appeler « la dramatique erreur de Jean Fourastié » qui avec le concept de société postindustrielle de services à voué aux gémonies l’industrie au sens concret de la production de biens. Ceci a été encouragé par la compétition de la mondialisation qui a, c’est tout à fait vrai, déclassé la France dans la compétitivité par les coûts. Main-d’œuvre moins chère, coûts sociaux moins importants, investissement récent donc souvent meilleure productivité, transports bon marché : la recette du déclassement industriel de la France était bien celle que décrit Nicolas Dufourcq dans son livre sur la désindustrialisation de notre pays mais tous les autres pays européens ont eu à affronter ce même problème et s’en sont souvent mieux tirés[1].

La France a raté le passage des colonies à la mondialisation

La France a joué la promotion des services et du fabless[2] au détriment de l’industrie

La France entretient soigneusement un mépris des « cols bleus » et un désamour général pour ce type d’activité. (Enseignement, fonctionnarisation, Syndrome NIMBY[3]…) À ce propos il est curieux d’observer le comportement des Français. Une de leurs antiennes permanentes est la « dignité ». Il faut un revenu digne à chacun, il faut un job digne pour tous, il faut un logement décent pour chaque famille etc… en dehors du fait que la dignité est tout de même quelque chose de délicat à définir encore plus à mesurer, personne ne semble se soucier dans ce pays de la manière d’assurer cette dignité ou cette décence : la réponse est pourtant assez simple : cela s’appelle l’industrie ! On pourra bien passer des nuits complètes à réfléchir à la répartition, si rien n’est produit, rien ne sera disponible pour distribuer, encore moins pour redistribuer[4].

La France ne sait pas réformer sauf à organiser des minirévolutions qu’elle adore. On repart à zéro ! Et pour y arriver on commence par se promener dans la rue, faire la fête et s’arrêter de travailler. Nos concurrents, eux ont cherché à s’adapter et parfois pris des décisions très dures (voir les politiques de Mme Thatcher et M. Schröder). À l’occasion de la discussion sur les retraites nous avons vu apparaître ou en tout cas se populariser dans la bouche de Monsieur Laurent Berger le concept de démocratie sociale. De quoi s’agit-il ? La démocratie parlementaire ne donnant pas satisfaction aux syndicats elle est remplacée à partir d’aujourd’hui par le vote par manifestation éventuellement complété par des sondages. Ce serait intéressant de demander au conseil constitutionnel son avis sur ce progrès qui tend à se rapprocher de la théorie des minorités agissantes que nous avons connue bien souvent avec les dégâts que l’on sait. Ceci sans même évoquer l’injustice conceptuelle de ce type de raisonnement.

Les Entreprises françaises se sont trompées de stratégie : elles ont cherché à gérer le prix de revient (tentative directe impossible face à des pays en voie de développement) plutôt que l’innovation et la préservation de la conception. Accessoirement elles n’ont que rarement compris que l’on est moins riche dans un pays pauvre que riche dans un pays riche et qu’il faut préserver son « hinterland » (spécialité germanique par exemple). « L’éventail des outils de compétitivité est observable à l’œil nu. Les composantes en sont la formation, le financement, la solidarité de corps, l’innovation… l’hyperspécialisation, la qualité du dialogue social, la protection du capital familial, enfin la connexion entreprise université. » DUFOURCQ p 72 opus cité

Pour le moment il semblerait que nous ayons choisi la dette. Même si je pense profondément que le débat intergénérationnel est aujourd’hui peu objectif : oui nos enfants vont hériter d’une dette mais ils vivent aussi dans une maison et sur des routes que leurs ancêtres ont investies et construites. On pourrait appeler cela le syndrome du viaduc de Millau : qui doit en fait le payer ? Les initiateurs ? Les constructeurs ? Les utilisateurs ? Les usufruitiers ? Les sociétés se construisent manifestement par empilements successifs. Mais la dette est comme une drogue : nous ne sommes probablement pas loin de l’overdose !

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Vos réactions à cet article (2) :

Désindustrialisation par overdose de fonctionnaires et d’aides aux migrants

le 14 avril, 10:28 par zelectron

les deux plaies majeures citées dans le titre de ce commentaire constituent un blocage quasi total de notre économie : balance des payements et dette globale sont aggravées par le trou danaïdesque dû aux deux causes ci-dessus, mais aussi par le découragement des entrepreneurs potentiels qui ne voient pas l’intérêt de travailler pour le Roi de Prusse surtout si celui-ci se goberge sans vergogne. Les résultats des entreprises dans notre pays sont aliénés par des mécanismes de lourdes ponctions et charges qui n’ont rien à voir avec icelle.


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