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La bonne et la mauvaise RSE

par Hervé Gourio
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Notre ami Alain Mathieu, dans sa publication du 11 juin dernier de notre blog, pourfend avec son énergie coutumière les développements technocratiques auxquels la promotion de la RSE par les « étatistes réunis », depuis Chirac jusqu’à Hollande, a donné libre cours. Ce délire bureaucratique mérite certes d’être fustigé.

Mais dans le même mouvement il s’en prend à l’une des dispositions originales de la loi Pacte : la faculté pour les sociétés qui le souhaitent de définir et publier une « raison d’être » qui définisse des ambitions au-delà de l’intérêt financier des actionnaires qui, jusqu’à aujourd’hui, préside seul au contrat qui les unit.

Je tiens, au contraire, que cette réforme est très bienfaisante pour les entreprises françaises.
Tout simplement parce qu’elle ouvre grand une porte entrebâillée. Alors qu’il voudrait la cadenasser avec un retour en arrière forcément impopulaire.

Il est en effet bien commun aujourd’hui, pour un mandataire social, de s’écarter du commandement de Milton Friedman (la responsabilité sociale de l’entreprise est de maximiser la rentabilité financière pour ses actionnaires) en veillant à ce que l’impact de son activité sur son environnement au sens large soit positif. Pour être sanctionné, il faut que les débordements éventuels nuisent sérieusement à la compétitivité de l’entreprise. Bien au contraire, le souci d’éviter les reproches de tous ordres qui peuvent détourner des clients ou des partenaires, fait partie de la feuille de route de tous les dirigeants dans notre société de l’information si bien-pensante. Il ne suffit plus de respecter les lois pour pouvoir s’enorgueillir des lauriers du bon citoyen. Il faut aussi se mettre à l’abri des mouvements imprévisibles éventuellement hostiles, de l’opinion publique dans l’avenir, et donc démontrer qu’à part certains écarts nécessités par la brutalité de la concurrence, le PDG partage avec ses frères humains le souci du bien commun.

Cette préoccupation est encore plus nécessaire dans notre doux pays qui commence seulement à se défaire d’une méfiance ancienne à l’endroit des entreprises privées, ce qui nous distingue fortement de tous nos voisins et alliés européens. Les consommateurs français adorent l’économie de marché mais n’admirent pas comme ailleurs les entrepreneurs ou les investisseurs qui réussissent. Dans un pays, longtemps le plus prospère et agréable d’Europe, on s’est convaincu que l’économie était un jeu à somme nulle et que les gains des uns se faisaient au détriment des autres. Seule la puissance publique et ses agents désintéressés pouvaient corriger ces déséquilibres malfaisants !

Cet édifice, si bizarre aux yeux des autres Européens et des Américains, est maintenant ébranlé.
Les Français ont compris dans leur majorité que l’avenir de leurs enfants dépend du succès des entreprises qui pourront leur donner du travail, de la satisfaction de leurs clients et de la sagesse de leurs dirigeants. Mais la critique des imperfections du « capitalisme » aura encore des propagandistes énergiques dans une sorte de parti anti-entreprises. Pourquoi donc faudrait-il, par pure satisfaction intellectuelle, agiter un épouvantail caricatural et donner de l’oxygène à des hommes du passé ? Non, dire (si on le pense) qu’une entreprise a une raison d’être qui n’est pas seulement financière, cela n’est pas du tout blâmable. Surtout quand on rappelle au même moment que le succès économique est la condition nécessaire de son existence.

Cette manière d’exprimer la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise, avec les mots qu’elle choisit, est loin d’être aussi critiquable que les batteries d’indicateurs en tous genres auxquelles nos bureaucrates invétérés ont œuvré. Comme le cholestérol, il y a une mauvaise et une bonne RSE. Sans oublier que l’objectif principal est de gagner les cœurs et les esprits de nos concitoyens intoxiqués depuis longtemps par l’image diabolique de l’entreprise privée.

 

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