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La République En Marche : la France sortie de prison ?

par Hervé Gourio
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Il est évidemment prématuré de porter le moindre jugement sur l’action d’un Président aussi fraîchement élu. On doit cependant reconnaître à Emmanuel Macron un mérite singulier : celui de sortir la France d’une impasse, d’une prison dans laquelle elle s’était enfermée depuis des décennies : un bipartisme dégénéré.

Jusqu’à présent, chaque échéance électorale nationale opposait deux groupes de rivaux bien identifiés qui se paraient avec complaisance de l’appellation de « partis politiques ». En effet leur harmonie était très insuffisante tant sur le plan des programmes de gouvernement que pour leur hiérarchie interne, dans les débats préélectoraux ou après qu’ils ont accédé au pouvoir. Malgré ces insuffisances, les campagnes électorales donnaient le change avec le concours de tous les médias, heureux d’orchestrer une dramaturgie assez spectaculaire pour attirer un public nombreux. Attrait au demeurant bien surprenant car l’issue du combat était presque toujours la même : le rival du Président sortant était élu. Exceptionnellement, les électeurs réélurent le Président sortant mais c’était toujours après une cohabitation, pour déjuger le Premier ministre démissionnaire. Ce fut le cas en 1988 et en 2002. Ainsi en définitive, aucune politique générale, aucun gouvernement, aucun leader n’a bénéficié depuis 1969 d’une réélection au suffrage universel ou d’une confirmation.

Ceci est la conséquence logique de la médiocrité des gouvernements qui se sont succédé et n’ont pas apporté la preuve de leur réussite. Mais on ne saurait s’en tenir à une conclusion aussi sommaire. Ni les hommes politiques, ni les citoyens ne sont des imbéciles. Si nos politiques se sont laissé enfermer dans cette prison, c’est qu’ils y avaient intérêt. La situation de la France est en vérité bien banale. Les deux grands partis « de gouvernement » ont formé un duopole. Ils se sont succédé au pouvoir sans surprise. Au fond, s’ils rataient une élection, il fallait juste qu’ils conservent toutes les chances de gagner la suivante et de revenir au pouvoir pour profiter de la situation très gratifiante de l’exécutif dans la Vème République. Au pire, ne pas manquer deux échéances successives. Donc, ne pas entreprendre de changements trop profonds, puisque leurs résultats ne seraient pas visibles avant la prochaine échéance. Donc faire des mesures catégorielles, des réformes sociétales et de la communication, car c’est rapide et visible. Ce sont des marqueurs, comme on dit, mais quel rapport avec les graves maux dont souffre la France ? Aucun, souvent, mais c’était trop compliqué de s’attaquer à ces derniers. Les réformettes éloignent moins du pouvoir.

Pire encore, mais moins apparent peut-être, les élus et, autour d’eux, ceux qui aspiraient à les aider ou à leur succéder dans chaque parti, ont adopté un comportement de rentier caractéristique de celui des mauvaises entreprises. Celui où plaire au chef est plus important que de gagner de nouveaux clients. Puisque le fonds de commerce est assuré aujourd’hui ou dans cinq ans, ils ne remuent pas trop la barque. Les recettes apprises à l’ENA ou à Sciences Po font l’affaire. Ils attendent patiemment leur tour.

Le traitement que vient d’infliger Macron au Parti socialiste est donc un sacré coup de pied dans cette funeste fourmilière. L’arrivée de candidats de la société civile (c’est-à-dire de citoyens qui ne sont pas aujourd’hui des politiciens professionnels) va – nous l’espérons – changer ces comportements de rentiers, puisque les nouveaux venus n’ont pas encore de rente à défendre.

Certes, il ne faut pas être trop optimiste. La recherche de rente étant inhérente à la nature humaine, la prison peut se reformer dans sa forme habituelle de duopole ou d’une autre manière, pire encore, par le monopole des grands corps pourvus par les meilleurs élèves de l’ENA, à commencer par celui des Inspecteurs des Finances. Le Front national peut rendre ici un grand service en étant un acteur crédible. Mais ce serait un comble si la droite, en principe attachée à la Liberté, faisait dans l’avenir moins bien que Macron en ne mobilisant pas pour les diverses élections les dizaines de milliers de simples citoyens réunis au sein du Conseil de la société civile animé par Pierre Danon, et coauteurs du projet de François Fillon. La droite peut, elle aussi, ébranler la prison. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait la première ?

La partie n’est donc pas terminée mais saluons la première étape et souhaitons que tous s’en inspirent pour consolider cette petite révolution.

 

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