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L’industrie française : « Parce que je le vaux bien »

par Gérard Laloi
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De la pandémie mondiale du covid 19 a surgi pour la France, ses citoyens, ses consommateurs, le traumatisme d’une souveraineté industrielle perdue. Au-delà de ce qui pouvait être pressenti, mais en réalité masqué, ou pour le moins travesti par une bonne conscience faussée voire mensongère, s’est avéré brutalement le risque de notre dépendance soumise à la capacité, à la volonté de producteurs étrangers, avec son cortège de conséquences ponctuelles, absence de masques, de vaccins…, mais aussi et peut être surtout endémiques, pertes de compétences, d’emplois sur notre territoire.

Le besoin de réindustrialisation de la France et l’exigence de compétitivité qu’il réclame devient ainsi un objectif prioritaire, visée heureuse et salutaire soudain partagée. La stratégie de (re)conquête doit passer simplement, mais avec une hargne inlassable, par la quête permanente du rapport qualité/prix le meilleur, jusqu’à devenir quasi incontournable pour le client et durement atteignable par le concurrent.

Le premier pas pour les entrepreneurs concerne naturellement le « dénominateur » de notre fraction, soit l’optimisation impérieuse des coûts et d’abord dans le contexte français, la baisse significative des charges fiscales et sociales, lourdes entraves à la capacité concurrentielle de nos entreprises.
En parallèle à cette obligation fondamentale incessamment rappelée aux pouvoirs publics, doit être aussi travaillé, avec la plus ferme résolution, le « numérateur » qualité du rapport, volet potentiellement déterminant que notre culture française de surcroît, à condition de bien la développer à partir d’exemples reconnus, sait promouvoir avec bonheur ! En d’autres termes, comment une politique d’offre attractive peut-elle contribuer à transcender la question du prix et du coût ?

Trois facteurs ouvrent la voie du succès

La recherche de la spécificité créatrice d’envie

La quête constante et pragmatique du besoin affirmé, mais aussi et surtout émergent, voire inconscient, du consommateur final, doit constituer l’objectif prioritaire de l’entrepreneur fournisseur. Que désire mon client ? De quoi a-t-il vraiment envie ? En quoi puis je lui apporter la réponse la mieux adaptée à son attente et surtout la plus spécifique, perçue comme telle, exprimée comme telle ? Le précepte marketing de « proposition unique de vente », la fameuse « USP », « Unique Selling Proposal » chère à l’école américaine s’impose toujours dans le choix de la qualité à offrir.
Spontanément, les exemples de marques prestigieuses, sur le marché du luxe et de l’agroalimentaire pour la France, dans le domaine de l’automobile pour l’Allemagne, viennent à l’esprit. Qui remet en cause le prix d’Hermès, d’Hennessy, ou bien de BMW, de Mercedes ?
Mais de telles stratégies de la spécificité s’appliquent aussi à l’industrie : la « Caravelle » des années 60, plus tard la gamme « Airbus », le TGV de 1980, la filière nucléaire pour la France, les « GAFA » pour les Etats Unis depuis la décennie 2000, l’expertise quasi unique de Taïwan, de la Corée du sud, des USA, en matière de semis conducteurs, enjeu d’actualité crucial mondial, décrivent par l’exemple la démarche visant le caractère incontournable de l’offre.
Confronté à une lutte concurrentielle exacerbée avec la mondialisation et la communication planétaire instantanée, ce statut d’unicité exige toutefois un combat permanent contre la menace de copie, voire d’obsolescence, donc de bataille de prix destructrice.

L’esprit de compétition moteur de l’innovation

L’esprit de compétition trouve ainsi pleinement sa raison d’être dans cette volonté acharnée d’innovation constante ; Le dicton populaire, « qui n’avance pas recule » prend encore plus de sens dans le monde ouvert d’aujourd’hui. Encore faut-il savoir pressentir, choisir son champ de jeu, c’est à dire l’attente de son client. Soumis à une guerre de coûts, les moyens, sinon les objectifs de recherche, risquent de s’affaisser et dès lors entraver le souffle créateur.
Ainsi, au début du XXème siècle, les compagnies de chemin de fer transcontinentales américaines se sont épuisées dans des luttes fratricides alors que le marché naissant, et profitable, de l’aviation rapetissait leur champ d’opération jusqu’à l’éteindre ! Plus près de nous en France, la marque
Citroën aux nombreux succès technologiques – traction avant, suspension hydropneumatique – perdit progressivement sa force créatrice au détriment final de l’indépendance de l’entreprise !
Une politique active d’innovation, par les relais de croissance rentables qu’elle génère, permet naturellement d’abord de compenser l’effritement, sinon la dégradation des produits en fin de vie, mais aussi et peut être surtout de conserver une image d’entreprise rayonnante à l’interne comme à l’externe. La maitrise des coûts reste une discipline impérieuse, le développement par la nouveauté crée la motivation. La gestion garantit le présent, la création assure l’avenir !
Ainsi, Marc Zuckerberg, le fondateur de Facebook, vient-il d’annoncer le projet « Metaverse » incarnation du futur du réseau social, où « réel et virtuel devraient se mêler jusqu’à se confondre ».
Par des technologies, comme l’hologramme par exemple, l’impression de rencontre entre deux interlocuteurs séparés géographiquement confinerait à la réalité ! Nul doute que cette invention constitue une croissance rentable pour le groupe, mais elle enrichit aussi, facteur clé, son image d’entreprise d’avant-garde chère à ses partenaires, clients en tête.
Plus prosaïquement, imaginerait-on les succès de nos entreprises de luxe, la plupart confrontées au caractère éphémère de la mode, sans une activité de création inlassable ?
Comment, dès lors, favoriser cette faculté d’innovation, qualité probable du tempérament français, mais pourtant insuffisamment mise en valeur ?

Le « savoir-faire » réclame le soutien du « savoir être »

La culture de la qualité, de sa spécificité, le goût de la compétition stimulante, source de croissance, doivent s’acquérir et se fortifier par l’éducation dès le plus jeune âge, par la formation continue pendant toute la vie, par l’inspiration rayonnante du management.
Dans cet esprit, le monde de l’enseignement dès les étapes du primaire et du secondaire, et, bien sûr, du supérieur dans ses filières économie, peut contribuer à la fondation capitale de ce « savoir être » des futurs adultes par une initiation au fonctionnement concurrentiel de l’entreprise, à sa raison d’être, et à sa vocation au service de ses partenaires en particulier – clients, fournisseurs, personnel, actionnaires – de l’emploi en général. Une information sur l’emploi d’un résultat de société – investissements, contribution fiscale, rémunération des salariés, des actionnaires … apporterait beaucoup à la compréhension de l’économie privée.
L’amélioration permanente du « savoir-faire », l’adaptation constante à de nouvelles pratiques, devraient participer de cette motivation à rechercher par la rigueur, par la curiosité, la meilleure qualité. Dans ce domaine, la formation sur le lieu de travail et/ou dans des organismes professionnels ou universitaires, confère une responsabilité majeure aux tuteurs, entrepreneurs et professeurs. L’apprentissage connaît – enfin ! – en France un bel essor, le développement continu exige les efforts de tous : employeurs et employés.
Le programme intensif de mobilisation de l’industrie automobile concentrée sur la mutation du moteur thermique vers la machine électrique, représente l’exemple même de cette compétition concurrentielle pour l’entreprise, de cet enjeu personnel pour le salarié.
Enfin, l’attitude de la direction en particulier, du management en général, par le sentiment exemplaire de vigilance et de confiance dans l’innovation qu’il diffuse, joue un rôle déterminant dans l’esprit qualité et la capacité créatrice de l’entreprise. Le climat d’une société commerciale, voire d’un pays, donne le ton.
Rien d’étonnant à ce que la France, héritière d’une profonde tradition agricole et culinaire, ait développé une filière agroalimentaire enviée, à ce que l’Allemagne, imprégnée d’une culture industrielle historique, ait crée des marques d’automobile de réputation mondiale.

Parce que je le vaux bien !

« Parce que je le vaux bien », exigence nécessaire, « parce que je le vaux plus », ambition indispensable : la réindustrialisation viendra de cette volonté acharnée de recherche de la différence gagnante.
Soutenu par une culture collective de la réussite inculquée dès le plus jeune âge par l’éducation, servi par des politiques de formation justement adaptée aux besoins, stimulé par un programme fiscal incitatif, sinon raisonnable, l’entrepreneur retrouvera le chemin de l’installation d’usines en France.

 

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4 commentaires

zelectron novembre 2, 2021 - 10:12 am

sans la baisse significative des charges fiscales et sociales, il est vain d’essayer quoique ce soit !
C’est une façon de travailler pour le roi de Prusse que de déployer des efforts d’imagination et de travail sans parler de maigres économies investies, l’état omnipotent, omniprésent (omniscient?) qui se mêle de tout est la pire entrave qui soit!
A propos comment faites vous pour diminuer drastiquement les charges fiscales et sociales, sauf à virer 1 à 2 millions de fonctionnaires et collatéraux ? Le vrai débat est là : si les fonctionnaires nuisibles restent il y en a encore qui vont partir vers d’autres cieux.

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Dosogne novembre 2, 2021 - 10:13 am

L’industrie française : « Parce que je le vaux bien »
Magnifique ode à l’industrialisation ! Mais quel changement culturel la France devrait opérer pour atteindre ces objectifs ! Une anecdote : en 1980, je rencontrais a New Delhi l’attaché commercial de l’ambassade de France qui me racontait comment Renault avait loupé le plus grand marché de l’époque en ne voulant pas écouter le client qui voulait une banquette unique à l’avant pour pouvoir transporter leurs grandes familles: inadmissible pour les ingénieurs français qui ne juraient que par le changement de vitesse au plancher « plus moderne » . Devinez… ce furent les japonais de Suzuki qui emportèrent ce marché gigantesque. Et ces exemples pullulent…alors écouter le client ok si il est d’accord avec l’ingénieur français ! ( je l’ai personnellement vécu avec les premiers satellites HTS- encore une anecdote édifiante )

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ge39 novembre 4, 2021 - 11:46 pm

L’industrie française : « Parce que je le vaux bien »
Quant on sait que l’Université n’a pas vocation à former des étudiants pour les « patrons », les parents devraient « orienter » leurs « bacheliers obligatoires » vers d’autres écoles plus pragmatiques. Et les nouveaux étudiants ne pas s’aventurer dans des études « trop longues ».
Quant on sait que la plupart des élèves quittant le collège ou le lycée, ne savent pas écrire ou ne connaissent plus les règles de l’orthographe « normal », on peut douter que le « patron » qui va les employer va s’interroger sur leurs capacités à gérer les affaires et les hommes.
Quant on sait que certaines élites intellectuels préconisent que « tout se vaux » à travers la politique de l’égalitarisme à tout prix, on ne peut que constater les dégâts psychologiques sur les foules avec le slogan marketing des produits de l’Oréal du « Parce que je le vaux bien ».
Alors, tant que nos politiques n’auront pas une culture de l’entreprise industrielle en y ayant travaillé des ateliers puis aux installations chez le client, puis aux Bureaux d’Etudes ou du commercial, on peut douter de la capacité du pays à « valoir quelque chose ».
Plus personne ne fait son « boulot » en France depuis que l’Etat veut s’occupe de tout et du plus que tout.
Et comme disait le chef gaulois aux romains, « Malheur aux vaincus ». Vaincus, ruinés et encore contents voila ce que nous laisserons à nos enfants, quand les créanciers viendront présenter leurs factures. Ce pays « si industrieux » est devenus faignant.

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ge39 novembre 4, 2021 - 11:48 pm

L’industrie française : « Parce que je le vaux bien »
Quant on sait que l’Université n’a pas vocation à former des étudiants pour les « patrons », les parents devraient « orienter » leurs « bacheliers obligatoires » vers d’autres écoles plus pragmatiques. Et les nouveaux étudiants ne pas s’aventurer dans des études « trop longues ».
Quant on sait que la plupart des élèves quittant le collège ou le lycée, ne savent pas écrire ou ne connaissent plus les règles de l’orthographe « normal », on peut douter que le « patron » qui va les employer va s’interroger sur leurs capacités à gérer les affaires et les hommes.
Quant on sait que certaines élites intellectuels préconisent que « tout se vaux » à travers la politique de l’égalitarisme à tout prix, on ne peut que constater les dégâts psychologiques sur les foules avec le slogan marketing des produits de l’Oréal du « Parce que je le vaux bien ».
Alors, tant que nos politiques n’auront pas une culture de l’entreprise industrielle en y ayant travaillé des ateliers puis aux installations chez le client, puis aux Bureaux d’Etudes ou du commercial, on peut douter de la capacité du pays à « valoir quelque chose ».
Plus personne ne fait son « boulot » en France depuis que l’Etat veut s’occupe de tout et du plus que tout.
Et comme disait le chef gaulois aux romains, « Malheur aux vaincus ». Vaincus, ruinés et encore contents voila ce que nous laisserons à nos enfants, quand les créanciers viendront présenter leurs factures. Ce pays « si industrieux » est devenus faignant.

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