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L’étude sur la répartition de la valeur ajoutée

par Bernard Zimmern
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La répartition de la valeur ajoutée est l’un des thèmes que la gauche agite pour montrer combien le capitalisme déforme les revenus des entreprises à son profit.
Des champions que l’on retrouve dans la chasse aux inégalités comme Thomas Piketty ou Philippe Eskenazy du CNRS-CEPREMAP s’emparent du sujet et celui-ci fait son entrée en politique avec Benoît Hamon dans les colonnes de Libération. L’INSEE est chargé par le Président de la République, Nicolas Sarkozy en 2008, d’établir un rapport sur le partage de la valeur ajoutée. La question politique est de savoir si les salaires reçoivent une part suffisante de cette valeur ajoutée et si les dividendes ne sont pas trop élevés. Le Président, dont on peut se demander s’il est bien conseillé, va même jusqu’à évoquer un partage plus juste où une part plus importante des profits serait distribuée aux salariés : un tiers de la marge aux investissements, un tiers aux salariés, un tiers aux actionnaires.

Une première version du rapport est publiée le 23 février 2009 et provoque de la Fondation iFRAP une réaction, car l’augmentation forte des dividendes de 1993 à 2006 est mentionnée mais sans expliquer sa source. Il est en effet noté que les dividendes versés aux actionnaires par les entreprises françaises auraient explosé, passant de 12 milliards d’euros en 1993 à 45 milliards en 2006. Les adversaires du capitalisme s’indignent d’une telle augmentation alors que la part des salaires dans la valeur ajoutée aurait plutôt baissé. Ce constat perd complètement de vue que pendant cette même période, les capitaux investis dans ces entreprises ont plus que doublé passant de 831 milliards en 1993 à 1.815 milliards en 2006.

Le 23 avril 2009, sous la plume de Guillaume Varnier, l’’iFRAP publie un article et un graphique montrant que cette augmentation des dividendes n’est que le résultat du désendettement des entreprises françaises qui ont augmenté leurs fonds propres et réduit leurs dettes ; et que la rémunération du capital a baissé.

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Lorsque le rapport final de Jean-Philippe Cotis sur le partage des profits des entreprises paraît daté du 13 mai 2009, c’est du bout des lèvres que le rapport Cotis en parle et mentionne en effet à la fin de la 3ème partie :

Répartition du profit. 3.1. – Le constat macroéconomique :

On constate par ailleurs que les comptes financiers des SNF ne mettent pas en évidence une augmentation tendancielle de la rémunération des actions et des autres participations depuis le début des années 1990, qu’on y incorpore ou non les plus-values (figure 3.5) 23. La montée de la part du financement par action se traduit en effet par une montée progressive des versements de dividendes en substitution des versements d’intérêts. Les dividendes ont ainsi fortement augmenté en points de PIB, dans la mesure où le ratio capitalisation boursière/PIB progressait lui-même fortement.

Mais les médias ne lisent pas les codicilles et ne retiennent que l’impression première qui est la montée des dividendes.
C’est ainsi que lafinancepourtous.com, le site pédagogique sur l’argent et la finance, où participent la plupart des acteurs du monde financier et donc peu suspect de biaiser ses conclusions, note à propos du rapport Cotis que :
– la répartition entre salaires et « excédent brut d’exploitation » dans la valeur ajoutée des sociétés non financières est restée à peu près stable depuis le milieu des années 1980 ;
– la part des « dividendes » dans les « bénéfices bruts » s’est accrue les dernières années ;
– la part répartie aux salariés sous forme « d’intéressement et de participation » est restée faible ;
– « l’épargne brute » et le taux d’autofinancement des entreprises a eu tendance à diminuer au-dessous des niveaux atteints dans d’autres pays ;
– les « salaires nets » ont augmenté moins vite que les prélèvements sociaux ;
– les très hautes rémunérations ont augmenté plus vite que les autres.

Alternatives Économiques Hors-série n° 082 – octobre 2009, ATTAC, Le Monde Diplomatique se déchaînent à partir de ce rapport pour dénoncer la montée des dividendes sans mentionner sa cause.

 

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