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L’échec du shut down américain
une succession qui part mal à Heritage Foundation

Il y a 32 ans, un jeune libéral (au sens français du terme) imprimait sa marque aux USA et même au monde : Ed Feulner, le jeune président d’Heritage Foundation, dont il avait repris le contrôle moins de 10 ans avant, faisait date en présentant au président Reagan, nouvellement élu, un livre resté fameux parmi les libéraux : « Mandate for Leadership ». Avec plusieurs dizaines de dossiers solidement étayés, Heritage offrait au président Reagan des projets de réformes dont plus de la moitié furent réalisés.
2013 a vu la retraite d’Ed Feulner qui vient de céder la présidence de la fondation à un homme politique, Jim De Mint, qui fut dernièrement sénateur de Caroline du Sud. Mais l’année se termine sur une débâcle qui résonne comme une mauvaise sortie sur la quarantaine d’années de vie publique d’Ed, ayant fait d’une très modeste organisation non lucrative l’une des plus puissantes du monde occidental.

Si l’on en croit le Wall Street Journal [du 14 octobre], le shut down est en effet l’œuvre d’une création d’Heritage, Heritage Action, menée par un jeune de 31 ans, Michael Needham ; c’est lui qui aurait lancé et mené la campagne pour lutter contre le plan de santé Obamacare, ayant conduit au « shut down ».

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C’est Heritage Action qui, s’appuyant sur des parlementaires comme Ted Cruz, sénateur du Texas, aurait convaincu les plus activistes du parti républicain de bloquer à la Chambre basse le vote du budget et surtout l’augmentation du plafond de la dette américaine afin de stopper Obamacare à travers son financement ; c’était obliger le gouvernement à mettre à pied plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires et surtout conduire, si la menace était menée à son terme, à un arrêt des paiements par le gouvernement américain.
L’absurde est que cette stratégie était perdante d’avance ; car empêcher le gouvernement américain de payer ses dettes, c’était provoquer une crise économique mondiale que les leaders du parti républicain n’auraient pas, à juste raison, le courage de provoquer.

Cette stratégie oubliait aussi que l’une des plus grandes faiblesses du parti Républicain actuel est son retard dans la communication sur le parti Démocrate et le camp Obama, par internet et les réseaux sociaux. Elle oubliait que Mitt Romney a été en partie crucifié parce que les équipes de mobilisation des masses mises en place par les Démocrates étaient quatre fois plus importantes que celles qu’ont pu aligner les Républicains, contrairement aux fausses espérances qu’avait pu faire naître Karl Rove, le conseiller politique du président Georges Bush, crédité de la victoire de Georges Bush en 2008. Ces équipes techniques permettent aux messages du président Obama d’être immédiatement relayés à plusieurs dizaines de millions d’Américains alors que ceux émis par une multitude de Républicains sont le plus souvent inaudibles quand ils ne sont pas contradictoires.

Le résultat politique de ce conflit ouvert est que les Républicains n’ont rien obtenu, qu’ils ont par contre sérieusement mis en danger leurs chances de reprendre le Sénat en 2014 ou peut-être même de conserver la Chambre basse. Et qu’ils ont même permis au président Obama de leur moucher le nez en leur disant de commencer par gagner une élection au lieu de mettre le pays à feu et à sang en voulant bloquer la loi sur la santé par du lobbying.

L’ironie est que cette stratégie sans objectif de sortie (« without end game » comme le disait un législateur républicain) a non seulement endommagé le futur du parti, elle a conduit à protéger l’Obamacare qu’Heritage Action voulait stopper.

Obamacare est en effet pour l’instant un désastre, car le système mis en place ne fonctionne pas ; L’État du Delaware n’aurait ainsi connu pour l’instant qu’une seule inscription… Et il ne s’agirait pas de couacs informatiques, souvent inévitables dans tout grand système[1], mais peut-être une nouvelle démonstration qu’un système bureaucratique, imaginé par une bureaucratie[2], est incapable de bien fonctionner.

Mettre le pays à feu et à sang et se mettre en position de perdre les élections qu’il est d’abord nécessaire de gagner pour stopper Obamacare alors que celui-ci était menacé d’autodestruction, est une relève peu glorieuse après le départ de l’illustre fondateur de la plus grande fondation conservatrice américaine.

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