L’OCDE démasquée

par Dominique Mercier
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La dernière étude de l’OCDE milite pour davantage de politiques publiques en faveur de la redistribution, au prétexte que l’augmentation des inégalités de revenu freinerait la croissance économiques des pays. Un récent article du Wall Street Journal révèle pourtant que cette corrélation est biaisée par les méthodes statistiques utilisées et, en fait, inverse de la réalité.

D’après l’OCDE dans sa dernière étude In it together, Why less inequality benefits all, la hausse des inégalités de revenus entre 1990 et 2010 au sein de ses pays membres a été fortement préjudiciable à la croissance, entrainant une perte cumulée sur cette période de 4,7% de PIB en moyenne. En ne s’occupant pas de réduire les inégalités, les pays sont ainsi coupables de freiner la croissance économiques. Afin de remédier à cette situation, l’OCDE propose des politiques étatiques de redistribution via une augmentation de la fiscalité sur les riches particuliers et les entreprises multinationales.

Pourtant si l’on examine les chiffres dans le détail et en prenant des périodes différentes de celles utilisées par l’OCDE, on arrive à des chiffres qui démontrent exactement l’inverse : entre 2011 et 2013, les 5 pays les plus inégalitaires de l’OCDE – Israël, États-Unis, Turquie, Mexique et Chili – ont au contraire d’après le FMI connu une croissance économique cinq fois plus forte que les autres pays. Le Chili, qui a eu le taux de croissance le plus fort cette dernière décennie, est aussi le pays le plus inégalitaire de l’OCDE, avec un coefficient de GINI de 0,5[[Le coefficient de GINI mesure la distribution des revenus, 0 représente l’égalité complète et 1 représente une société où une seule personne détient l’ensemble du revenu. La France a par exemple un coefficient de GINI de 0,29.]].

La deuxième affirmation de l’OCDE, selon laquelle « la redistribution est, au pire, neutre pour l’économie », est également particulièrement suspecte, s’appuyant sur une méthodologie douteuse. Elle se concentre sur l’impact de la redistribution du revenu disponible[[Après impôts sur le revenu et transferts monétaires vers les plus pauvres.]] sur la croissance, sans regarder l’effet ni des impôts indirects comme la TVA, ni des transferts en nature comme l’éducation, la santé, et le logement.

Ils constituent pourtant une part considérable de la redistribution, il est donc beaucoup plus honnête, pour juger de l’effet de la redistribution sur la croissance, de regarder l’ensemble des dépenses publiques de fourniture de biens, de services, d’aides et de prestations sociales. Or, de 1995 à 2012, on constate bien que les pays qui ont augmenté leur part de dépenses publiques dans le PIB ont connu des croissances économiques de 30% inférieures aux pays qui ont au contraire choisi de la réduite, soit 1,9% de croissance moyenne contre 2,5%.

Après cette analyse, il fait donc peu de doute de l’orientation idéologique des chercheurs de l’OCDE, qui n’hésitent pas à choisir les méthodologies qui vont dans le sens de leur croyance. Sur le fond du sujet, on peut par ailleurs se demander si l’inégalité, plutôt qu’un frein à la croissance, n’en est pas d’abord la conséquence. Les changements technologiques produisent en effet des plus grands gagnants et des plus grands perdants. Et s’il est vrai que les pays européens sont bien plus égalitaires que les États-Unis, ils sont également beaucoup moins innovants comme le montre que l’Europe a été incapable de créer une entreprise d’internet valant plus de 10 milliards de dollars pendant que les Etats-Unis en produisaient 6.

Le travail de l’OCDE ne serait-il pas plus productif à étudier comment créer de la richesse dans le futur plutôt que sa redistribution dans le passé ?

 

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