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L’INSEE occulte le peu de créations d’emplois par les « entreprises à forte croissance » françaises

par admin
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L’OCDE a défini les entreprises à forte croissance (« High growth firms » ou HGF) comme les entreprises de 10 salariés ou plus ayant au moins 20% de croissance en effectifs sur 3 années de suite. L’INSEE s’est refusé à en donner le nombre et les emplois sous prétexte que toutes les entreprises ne communiquaient pas leurs effectifs. En fait elles sont seulement 20% des entreprises et il a été possible de reconstituer une valeur raisonnable des effectifs manquants à partir des charges salariales des comptes de résultat. Ce que cachait l’INSEE, c’est que la France a la moitié des HGF anglaises et que, de 2005 à 2008, elles ont produit 600.000 emplois supplémentaires contre 1,35 million en UK.

ANALYSE

L’IRDEME, avec l’aide du pH Group (du cabinet Experian), a réalisé une étude sur les entreprises françaises à forte croissance d’emplois). C’est la première fois qu’un tel travail est réalisé pour la France. En effet, même l’OCDE qui a développé un observatoire des entreprises à forte croissance ne dispose pas de données sur la France car elles ne sont pas suivies par l’INSEE.

Définition des entreprises à forte croissance

Les entreprises les plus dynamiques, les High Growth Firms (HGF) comme définies par l’OCDE, répondent aux critères suivants :
– Entreprises d’au moins 10 employés
– Entreprises créées depuis plus d’un an
– Entreprises dont le nombre d’employés a augmenté d’au moins 20% par an sur une période de 3 ans consécutifs.
Les données du nombre de HGF n’étant pas disponibles en France, nous avons fait une demande auprès du pH Group pour calculer leur nombre et leur impact sur la création d’emplois. Les données fournies par le pH Group se basent sur les données INSEE sur les entreprises françaises.
Cette étude compare le nombre d’entreprises à forte croissance créées en France, et leur impact sur la création d’emplois, aux entreprises à forte croissance d’autres pays, notamment du Royaume-Uni. Les principaux résultats sont les suivants :
– Alors que le Royaume-Uni a environ 11.000 sociétés à forte croissance, la France en a seulement 5.200 sur la même période ;
– Ces sociétés ont créé environ 550.000 emplois sur le période 2005-2008 en France alors qu’elles en ont créé 1.265.000 au Royaume-Uni, soit 2,3 fois plus.

Contexte

L’aide à la création d’entreprises est un sujet très important pour les pays développés. En effet, depuis près de 40 ans et le premier choc pétrolier, la plupart des pays d’Europe font face à un niveau de chômage très important.

Ce chômage est structurel, signifiant qu’une grande partie en est incompressible sans la mise en œuvre de mesures politiques de fond importantes, alors qu’une petite part du chômage (le chômage conjoncturel) apparaît et disparaît en fonction des cycles économiques. Afin de lutter efficacement contre le chômage structurel, certains pays (principalement les pays Anglo-Saxons) ont décidé de mesures favorisant la création d’entreprises qui elles-mêmes favorisent la création d’emplois.

Cependant, toutes les entreprises contribuent-elles de façon uniforme à la création d’emplois ou est-ce que seulement une partie d’entre elles réalise le gros de la création ? C’est dans cette optique que l’OCDE, en 2007, a décidé de créer un observatoire des entreprises les plus dynamiques afin de mesurer leur impact sur la création d’emplois. Cet observatoire auquel ont participé plusieurs pays de l’OCDE (dont la France qui n’a pas communiqué de données) a mis en avant l’importance des entreprises à forte croissance : elles sont peu nombreuses (entre 3% et 6% du total des entreprises d’au moins 10 employés selon les pays) mais elles contribuent à une part très importante des emplois créés annuellement par les entreprises existantes. Ainsi, la proportion d’entreprises à forte croissance et leur dynamisme serait un point crucial pour la réduction du chômage.

Comparaison France – Royaume-Uni

Les entreprises françaises ne sont pas dans l’obligation de communiquer le nombre de leurs salariés. Certaines le font, d’autres non. Afin d’identifier les entreprises à forte croissance en France, le pH Group, à la demande de l’IRDEME, a développé un modèle permettant de simuler le nombre d’employés des entreprises ne les communiquant pas, en se basant sur la masse salariale des entreprises.
Ainsi, en se basant sur les données de l’INSEE, nous obtenons les résultats suivants :
– Il existait 175.087 entreprises avec 10 employés ou plus en 2005, parmi lesquelles 156.045 étaient toujours en vie en 2008 ;
– Parmi elles, 121.012 ont publié leur bilan et compte de résultat dont 94.471 ont publié leur nombre d’employés ;
– Le modèle développé par le pH Group permet d’augmenter le nombre de sociétés dont on connaît le nombre d’employés de 26.541, donnant ainsi un échantillon de travail de 121.012 entreprises, soit 77,5% [[121.012 / 156.045 = 77,5%]] de la population totale d’entreprises de plus de 10 employés.

Dans cet échantillon, 4.057 entreprises, soit 3,4%, ont enregistré une croissance annuelle moyenne d’au moins 20% sur la période 2005-2008. Le nombre d’employés est passé de 225.000 en 2005 à 650.000 en 2008. Cependant, ces résultats sont basés sur 77,5% de la population. Ainsi, en supposant que l’échantillon soit représentatif de la population totale des entreprises de 10 employés ou plus, nous observons 5.200 entreprises à forte croissance en France sur la période 2005-2008, employant 290.000 personnes en 2005 et 840.000 en 2008, soit un triplement du nombre d’employés.

Ces résultats nous montrent l’impact des entreprises à forte croissance sur la création d’emplois. Cependant, si l’on compare ces chiffres à ceux observés au Royaume-Uni, nous pouvons voir que les performances des entreprises françaises à forte croissance sont loin de celles réalisées par les entreprises à forte croissance du Royaume-Uni.

En effet, une étude menée par NESTA [[M. Anyadike-Danes, K. Bonner, M. Hart, C. Mason ; Octobre 2009 ; “Measuring Business Growth – High growth firms and their contribution to employment in the UK” ; NESTA]] montre que sur la période 2005-2008, le pourcentage d’entreprises dynamiques est nettement supérieur au Royaume-Uni (5,8% comparé à 3,4%), tout comme leur nombre (11.500 au Royaume-Uni, 5.200 en France). Ces entreprises emploient environ 714.700 personnes en 2005 et presque 2 millions en 2008, soit environ 1.265.000 d’emplois créés sur la période. Ainsi, bien que les entreprises à forte croissance aient les mêmes dynamiques de croissance, à savoir un triplement de leur nombre d’employés en 3 ans, le graphique ci-dessous met en avant l’écart en nombre d’emplois existant entre la France et le Royaume-Uni :

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Source : pH Group

Note par B. Zimmern : on retrouve dans cette étude sur les HGF un résultat, la plus forte croissance des entreprises britanniques déjà rencontrée à plusieurs reprises par les recherches IRDEME dans la vitesse de croissance des créations et dans les nuages de Birch comparés.

 

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