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L’Australie si proche de la France

par Bernard Zimmern
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Malcolm Turnbull, Premier ministre australien, a inauguré ce mois-ci avec Edouard Philippe à Villers-Bretonneux, le musée John Monash, du nom de ce général australien de la Première guerre mondiale. L’occasion de se rappeler que les Australiens font partie de ceux qui ont permis l’armistice du 11 novembre.

Il peut sembler paradoxal de qualifier de proche un pays, un continent, qui pour être atteint, nécessite 25 heures de vol par l’une de compagnies d’aviation les plus directes, faisant escale dans le golfe persique : Emirates (Dubai) ou Qatar Airways (Doha).

Pourtant en quittant l’Australie, après 5 heures de vol pour traverser ce continent en partant de Sydney, Melbourne ou Canberra, les grandes agglomérations de la côte est, ce ne sont que noms français qui défilent sous l’appareil : les caps Lévêque, Latouche Tréville, Dumont d’Urville, qui commémorent les noms des explorateurs français qui, en concurrence avec le capitaine Cook, ont découvert l‘Australie, non par l’est comme Cook, mais par le nord-ouest, par la superbe région qui s’appelle les Kimberleys, avec des merveilles naturelles comme les Bungle Bungle comparables au Grand Canyon du Colorado.

Pourquoi sont-ce les Anglais qui les premiers ont réalisé qu’une île pouvait être une prison naturelle ne coûtant rien à entretenir et y ont envoyé en 1788 une flotte de 11 navires commandée par le capitaine Arthur Phillip ? Il y avait à bord 1.560 condamnés – dont 10% de femmes -, des animaux de ferme et des semences, débarqués à Botany Bay, à quelques kilomètres au sud de l’actuel Sydney. Ils ont été imités plus tard par les Américains avec la prison d’Alcatraz, la plus sûre des Etats-Unis et pourtant seulement à 2,4 kilomètres de San Francisco. Et finalement par les Français envoyant les révoltés de la Commune de Paris à l’île des Pins, en Nouvelle-Calédonie.

Il est vrai que parmi ces condamnés australiens figurait un architecte de génie à qui l’on doit les bâtiments les plus anciens comme la cathédrale de Sydney, bâtie avec le grès ocre issu du sol, ou les magasins Victoria dont les arches gothiques permettaient de se croire à Westminster alors qu’il fallait encore un mois par les clippers les plus rapides pour venir de Londres à la fin du 19ème siècle.

Mais la venue en France de Malcolm Turnbull, Premier ministre australien, pour ouvrir le 15 avril avec Edouard Philippe le musée John Monash à Villers-Bretonneux, a rappelé des périodes d’histoire beaucoup plus proches. Il s’agit des victoires des deux divisions australiennes de « diggers » qui ont cassé l’armée allemande et permis l’armistice du 11 novembre 1918 dont les Français célèbrent tous les ans l’anniversaire.

Les diggers étaient des Australiens des campagnes, venus en volontaires se battre dans l’armée britannique. Le surnom de diggers provient vraisemblablement de ce que beaucoup étaient des descendants des chercheurs d’or, l’Australie ayant connu sa ruée vers l’or vers la fin du 19ème siècle dans l’état de Victoria (Melbourne). Sir John Monash était un général australien, pas militaire de carrière mais promu par suite de ses hauts faits, et anobli sur le champ de bataille par le roi d’Angleterre. De formation ingénieur, il apporta à ses offensives la méticulosité de l’ingénieur, d‘abord en combinant les nouvelles technologies, chars, aviation avec les anciennes (mitrailleuses, canons), créant ainsi des innovations reprises dans la Seconde guerre mondiale par des généraux allemands comme Gudérian. Ensuite ce fut en concevant ses offensives et en en mesurant l’efficacité pour obtenir les gains de terrain avec le minimum de pertes. Ce fut une nouveauté dans une guerre de tranchées où les hommes étaient d’abord de la chair à canon.

Il sut transmettre à ses hommes le goût de la victoire et du dépassement, que l’on mesure dans le nombre de Victoria Cross (équivalent de nos Légions d’honneur ou Croix de guerre) reçues par les hommes de ses divisions et dont on retrouve la trace dans le Victoria Building de Sydney ou les parcs des Blue Mountains, dont des allées gardent les noms des faits d’héroïsme. Le plus souvent, le digger se précipitait en courant sur un nid de mitrailleuses allemandes et le neutralisait par une grenade, ce qui faisait dire aux Allemands que les Australiens ne respectaient pas les règles du combat figurant dans les manuels, et leur infligeaient de ce fait une peur justifiée. Ces victoires portent les noms de Villers-Bretonneux où Monash cassa une grande offensive « finale » allemande ; Harmel Village, pour lequel Georges Clémenceau vint lui- même féliciter Monash sur place ; Mont Saint-Quentin, sur la rivière Somme ; Amiens, dont le généralissime allemand a dit que c’était le jour le plus triste de l’armée allemande ; Péronne et la percée de la ligne de fortifications Hindenburg.

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1 commenter

Amandine Odouard mai 3, 2018 - 1:34 pm

Bravo
Très bon article! Bravo, Bravo!

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