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Intérêts négatifs : Banques Centrales en apprentis sorciers

par Gérard Dosogne
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Ben Bernanke avait trouvé la solution à la crise de 2008 : toujours plus de liquidités, donc des taux très bas. L’inventeur du QE (Quantitative Easing) a eu en partie raison même s’il n’a pu éviter la faillite de Lehmann Brothers et ses conséquences désastreuses.

Les avantages théoriques de cet afflux de liquidités et du QE sont multiples, les banques fortes de montagnes de cash vont prêter, les taux vont baisser car il faut inciter les entreprises et particuliers à emprunter et investir. Tout ce cash injecté dans l’économie devra à la fois booster la croissance et l’inflation, ce qui est indispensable pour éponger les dettes… un cercle vertueux génial !

Patatras, cette « théorie économique » imaginée par des banquiers centraux en dehors des recherches académiques, ne fonctionne pas, ou mal, sur le long terme et rend l’avenir plus incertain que jamais. Comme le rappelait Keynes, Lenine disait que le meilleur moyen de mettre à mal le capitalisme était de jouer avec la monnaie (« debauch the currency engages all hidden forces of economic law on the side of destruction , and it does it in a manner which not one man in a million is able to diagnose »)

Les taux d’intérêts négatifs, dernière cartouche des banquiers centraux, sont un leurre : plutôt que d’investir dans les entreprises, plutôt que de consommer, on épargne plus que jamais malgré ces taux dissuasifs pour l’épargnant (le taux d’épargne en Europe est au plus haut, à 13%).

Le citoyen serait idiot, inculte en économie, ne réagissant pas comme il devrait ?

Que nenni ! Bien sûr déposer son argent sur des comptes d’épargne, dans des obligations d’Etat ou autres contrats d’assurance « sans risque » ne rapporte plus rien (et peut même couter…) et par contre dans une recherche de rendement les achats d’actifs s’envolent : bourse, immobilier, œuvre d’art… Mais chat échaudé craignant l’eau froide, le citoyen lambda se souvient des crises financières de 2001 ou 2008 qui ont vues s’effondrer la valeur de ces actifs. Les bulles se créent et éclatent un jour et l’épargnant est « risk averse ». Il épargne dans des instruments sans risque, quel qu’en soit la rémunération et ne dépense pas. Donc l’inflation ne repart pas et la croissance de l’économie reste modeste.

Nos chers banquiers centraux ont oublié plusieurs choses essentielles
– La peur de l’avenir de la plupart des épargnants qui privilégient la sécurité
– L’investissement dans les actifs risqués ne relance pas l’inflation (ni la croissance)
– Même si les taux sont négatifs… il faudra rembourser le principal… qui ne sera pas érodé par l’inflation : quand l’Etat empruntait à 6% quand l’inflation fluctuait entre 4 et 7%, après 20 ans il remboursait des clopinettes… Aujourd’hui, il risque de devoir rembourser une somme qui a la même valeur qu’au moment de l’emprunt. De plus, cette inflation affectait TOUT le stock de la dette …

Résultat : une dette d’Etat qui gonfle énormément en terme réels (car l’état emprunte de plus en plus), avec un vrai risque d’insolvabilité si un Etat ne peut plus rembourser sa dette par un nouvel emprunt ; des grandes entreprises qui n’investissent pas dans la production ou l’innovation , mais dans le rachat de leurs actions , ce qui est immédiatement très rentable ; une économie stagnante , serait on revenu à la « stagflation « sans s’en rendre compte ? ; un affaiblissement de l’euro qui reste cependant modéré ; un énorme problème pour les retraites , surtout dans les très nombreux pays de retraite par capitalisation.

Comment sortir de ce cercle devenu vicieux ? Personne (et surtout pas nos apprentis sorciers) n’en sait rien. Comment restaurer la confiance ? Comment revenir à des taux d’intérêts positifs raisonnables sans enclencher une panique boursière et l’éclatement des bulles ? Comment retrouver une inflation modérée …

Personne n’en sait rien. L’apprenti sorcier ne sait pas comment arrêter le déluge qu’il a engendré. Et il n’y a pas de sorcier.

 

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