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INSEE, les syndicats dans l’affaire du SMIC

par Bernard Zimmern
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Principe 6 – Impartialité et objectivité
Les autorités statistiques doivent produire et diffuser des statistiques dans le respect de l’indépendance scientifique et de manière objective, professionnelle et transparente plaçant tous les utilisateurs sur un pied d’égalité.

Indicateurs 1 et 2 : Les statistiques sont établies sur une base objective déterminée par des considérations statistiques.
Le choix des sources et des techniques statistiques se fait en fonction de considérations statistiques.

Source : INSEE

En avril et juin 2000, Guy Laroque, directeur des études et des synthèses économiques de l’institut, et Bernard Salanié, chercheur dans le même département, publient dans la revue mensuelle Economie et Statistiques deux articles sur le «non-emploi» en France.

Le deux chercheurs ont voulu expliquer non pas le chômage mais le non emploi, ceux qui ne trouvent pas un emploi mais également ceux qui se tiennent à l’écart du marché du travail, à travers un modèle, basé sur la probabilité d’améliorer leur revenu et sur des statistiques détaillées issues de l’enquête emploi de l’INSEE.
Avec une conclusion: le Smic et les minima sociaux pèsent sur le «non-emploi ». « Il ressort de l’étude que l’incitation financière à reprendre un emploi payé au Smic est faible pour nombre de chômeurs», lit-on dans le rapport d’avril. Une « augmentation du salaire minimum détruirait environ 290 000 emplois à long terme» dit celui de juin.
Les syndicats maisons de l’Insee (CGT, CFDT, FO et CGC) demandent immédiatement une rectification aux articles publiés. Michel Jacode, directeur de la diffusion et de l’action région à l’institut confirme que «c’est un article qui a beaucoup de limites, mais l’Insee a deux rôles. Celui de fournisseur de statistiques, où il ne doit pas y avoir de controverses, mais aussi une fonction d’étude, où il s’agit de publier des approches partielles, internes ou externes, sur des points qui font débat».(Libération 3 août 2000).

On ne saurait pas mieux exprimer que l’INSEE ne se limite pas à la fourniture des données de base mais les traite pour en tirer des conclusions. Tout au moins celles que permet la dictature syndicale.

Il n’y aura pas publication d’un démenti par l’INSEE, qui couvre ses chercheurs, mais une série d’articles publiés par des organismes externes comme l’IRES, l’association de recherche des syndicats, ou l’OFCE, qui montrent les lacunes de l’étude, comme le fait qu’elle ne couvre que la population de 24 à 55 ans. Ces lacunes existent car il s’agissait d’un premier travail de défrichage qu’il aurait fallu poursuivre par des recherches plus fouillées. Mais l’offensive des syndicats est couronnée de succès.

La voie de recherche ouverte par Laroque et Salanié ne sera pas poursuivie.
Lorsque dans la campagne présidentielle 2012, le candidat Mélenchon propose d’augmenter le SMIC de 22%. Francis Kramarz, qui dirige le Crest, le centre de recherche de l’INSEE et réagit dans « débats&Co », une cellule de chiffrage de l’Institut de l’Entreprise, à la proposition Mélenchon, ne peut que citer l’étude de Laroque et Salanié et l’estimation de 290.000 emplois détruits par une augmentation de 10% du SMIC. Il évalue à plus de 30% de l’emploi existant la perte d’emplois qui aurait été la conséquence de la proposition Mélanchon. Mais il n’a rien à ajouter aux travaux de l’an 2000. Les syndicats ont gagné…
Les recherches sur des sujets importants pour l’économie française mais qui remettraient en cause l’omnipotence syndicale ne sont pas autorisées.

Dans un autre registre, en 2007, le rapport annexé au projet de Loi de finances pour 2008 constatait à partir de données collectées par l’Insee qu’en 2004 le salaire moyen des agents de l’Etat était supérieur de 14% à celui du secteur privé, et de 20% pour les employés. Pour les hôpitaux, la comparaison était encore plus favorable au secteur public : +24%.
Les syndicats du secteur public se sont émus de cette comparaison qui leur enlevait des arguments dans leurs négociations de salaires. Ils ont donc fait abroger dans la Loi du 25 décembre 2007 l’article 15 de la Loi le Pors [[En 1983 le ministre communiste Anicet Le Pors fit voter un statut de la fonction publique dont l’article 15 précisait : « le gouvernement dépose tous les deux ans en annexe au projet de loi de finances de l’année un rapport sur les rémunérations et les pensions de retraite versées au cours des deux années précédentes à l’ensemble des fonctionnaires. A l’époque, les fonctionnaires, bénéficiant de la garantie de l’emploi, étaient à égalité de poste moins bien payés que les salariés du secteur privé.]]. La comparaison des salaires public/privé n’est plus publiée en annexe aux projets de Loi de finances.

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