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Hôpitaux, la triste idéologie secteur public contre secteur privé

par Bertrand Nouel
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La crise des hôpitaux est un parfait exemple du fossé idéologique qui sépare l’extrême gauche du reste de l’échiquier politique. En 2019 s’est ouverte à Bordeaux la clinique Tondu, bien entendu conventionnée et pratiquant des tarifs permettant le remboursement par beaucoup de mutuelles. Récemment, cette clinique vient d’obtenir l’autorisation par l’ARS d’ouverture de son service des urgences 24 heures/24 ; au même moment le CHU de Bordeaux, comme d’autres hôpitaux publics, se voit contraint de fermer la nuit face au manque de personnel.
On vous livre ici la réaction indignée d’un parti comme Révolution Permanente. On fera ensuite le lien avec le programme de Jean-Luc Mélenchon, qui pense trouver la réponse aux problèmes des hôpitaux publics en préconisant…la réquisition des médecins libéraux !

La réaction de Révolution permanente

Voici des extraits de l’article paru sur le site du parti vendredi 27 mai

« Casse organisée de l’hôpital public : le privé en embuscade
« La logique est claire : face à l’hécatombe dans l’hôpital public, c’est les groupes privés qui s’avancent en sauveur et viennent faire des profits sur la santé…
En s’appuyant sur le manque de moyen dans le public, le gouvernement ouvre grand la porte au privé » …

« Privatisation en marche. À qui profite le crime ? » …
[ Ce que dit le responsable de la clinique] : « Mais quelle fierté pour nous de participer encore davantage à la santé des habitants de la métropole bordelaise. Il est clair que la démographie a flambé sur la rive droite, où les seules urgences de la clinique Bordeaux Rive Droite assuraient cette mission de service public. Désormais nous sommes deux, ce qui va permettre de partager la charge » …
[ La réplique de Révolution permanente : ] « Un discours pour le moins écœurant [ sic!!] qui reflète bien la logique des cliniques privées. Celles-ci tirent les bénéfices du délitement de l’hôpital public avec lequel elles se trouvent mises en concurrence. Derrière les établissements de santé privé se cachent bien souvent d’importants investisseurs, c’est le cas de la clinique du Tondu, qui a été financée par BNP Paribas, qui possède par ailleurs deux autres établissements de santé » …
« la Clinique du Tondu s’est faite dans le cadre du projet urbaniste Euratlantique, c’est-à-dire avec le concours de la Mairie de Floirac et de Bordeaux Métropole. Un exemple clair de l’implication et l’accompagnement des pouvoirs publics dans la construction de secteurs privés de la santé » …
« Les gouvernements successifs ont mené d’importantes politiques d’austérité et sont en train de sacrifier le secteur de la santé publique aux intérêts du privé. Celle-ci va considérablement accroître les inégalités d’accès aux soins, en fermant l’accès aux urgences au plus précaires. »

Ce que préconise Jean-Luc Mélenchon

Voici, relevées par le magazine Challenges, les déclarations du leader de LFI :
« C’est eux (le secteur public, ndlr) qui font tout et les autres dans le secteur privé font ce qu’ils peuvent. Ils le font plutôt bien mais dans des conditions où ils ne s’occupent que de ce qui les intéresse. L’hôpital public lui s’occupe de tout le monde »…
M. Mélenchon a tenu à préciser que la mesure de réquisition n’était pas « motivée par des a priori idéologiques, mais par une situation d’urgence ». « Par conséquent, quand la situation d’urgence sera retombée, la réquisition aussi », a-t-il indiqué…
S’élevant contre des « logiques de marché contraires aux logiques de soins », M. Mélenchon a affirmé qu’il nommerait « un professionnel » au ministère de la Santé … »

Pas d’a priori idéologique ?? Les médecins libéraux, de ville et de campagne, qui pratiquent bien au-delà de 65 ans et ne comptent pas leurs heures, contrairement aux fonctionnaires des hôpitaux publics, seront ravis, mais aussi perplexes sans aucun doute d’entendre qu’ils délaissent la « logique de soins » pour la « logique de marché », et qu’ils ne font « que ce qui les intéresse » …

Nous sommes donc en présence d’un parti, issu de la scission du NPA, qui trouve scandaleux que le privé ose concurrencer le public et marcher sur ses plates-bandes, voire s’allier à lui, et d’un leader qui le trouverait plutôt efficace au point de s’approprier ses entreprises – sans bien entendu accepter d’établir de lien entre efficacité et logique de marché. Mais les deux ont un point commun, la détestation du « marché », la conviction que seul le secteur public est digne de servir le public, que la rentabilité est un scandale quand il s’agit de la santé, que la santé doit être gratuite etc.

Mélenchon veut faire de la réquisition une méthode normale de gouvernement

Le leader des Insoumis prévoit de réquisitionner le secteur privé de la santé. Mais il met aussi la réquisition à toutes les sauces : les stocks de blé français, pour éviter la spéculation des producteurs français et faire un troc à bas prix pétrole contre céréales avec l’Algérie ; les usines françaises afin de produire du silicium ; les mètres carrés des communes françaises pour produire des logements ; et encore, il y a six ans, la Société Générale en punition de son président qui aurait « menti » devant la commission parlementaire du Sénat lors de l’enquête « Panama papers ».

Mélenchon veut donc instituer la réquisition comme méthode de gouvernement. Mais la réquisition, c’est tout le contraire. C’est une mesure exceptionnelle, ponctuelle et temporaire, qui ne peut être utilisée que lorsque tous les autres moyens ont été essayés pour résoudre une crise, certainement pas pour remédier aux carences de l’Etat lui-même et de son organisation. Il existe une abondance de jurisprudence du Conseil d’Etat et du Conseil constitutionnel sur le sujet, et il ne fait aucun doute que dans tous les cas cités une décision de réquisition serait annulée pour excès de pouvoir ou contrariété à la Constitution. Réquisitionner les stocks de blé ou les usines relèverait de l’expropriation pure et simple (sans « juste indemnité » comme le veut la loi ?) pour des causes qui ne sont pas d’« utilité publique », mais qui répondraient seulement à une option politique prise par un gouvernement. Le respect de l’article 17 de la Déclaration des droits de l’Homme, traitant de la propriété comme un droit « inviolable et sacré » n’est apparemment pas un souci pour Mélenchon. En ce qui concerne la santé, la situation est peut-être urgente, mais pour des causes hélas anciennes révélant la carence de long terme de l’Etat. Et quel remède apporterait la réquisition du « secteur privé » qui fournit lui-même les services d’urgence comme dans le cas de la clinique Tondu ?

La prise du pouvoir par l’extrême gauche plongerait la France dans un système où la dictature du Parti (avec un grand P), viendrait prendre la place de la démocratie (on appelle cela une « démocrature ») et du respect des droits de l’Homme, la signature mondiale de la France depuis 1789.

 

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2 commentaires

Régis GLORIEUX juin 3, 2022 - 11:27 am

Hôpitaux, la triste idéologie secteur public contre secteur privé
L’idéologie nous perdra !
Il n’y a plus désormais de « cliniques » qui sous-entendaient « privées » mais uniquement des « hôpitaux » indistincts. Cela n’est pas gênant, puisque tous font la même chose. Mais ils le font souvent différemment.
Mon épouse a été admise en urgence pendant la pandémie à l’Hôpital de Bordeaux-Nord, ancienne clinique, donc privé. Tout y fut absolument remarquable, non seulement les soins, mais aussi l’assistance sociale pour son transfert et son admission en rééducation, au point que j’ai tenu à adresser au personnel un courrier de félicitations et de remerciements. Et je n’ai à aucun moment eu le sentiment que l’on faisait de l’argent sur notre dos.
Les idéologues du public sont les uniques responsables de l’état calamiteux de notre système hospitalier et de notre système éducatif.

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zelectron juin 3, 2022 - 9:13 pm

Melanchon: faites comme je dis, mais pas comme je fais
Mélenchon n’a jamais rien fait de ses dix doigts, ni remuer la bouse de vache et encore moins le cambouis, c’est facho-socialiste.

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