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Grève Total : la réquisition face aux capacités de nuisances

par Yves Buchsenschutz
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Les Français viennent de passer un deuxième week-end à faire la queue dans les stations d’essence. Tout ceci parce que des salariés de Total ont décidé que leur firme faisait des bénéfices extraordinaires, ce qui n’est pas faux, et privilégiait les actionnaires sans tenir compte des salariés. Vous trouverez le communiqué complet de cette société sur les avantages des gens qui ont eu la chance, la plupart du temps par hasard, d’aller travailler dans cette entreprise.

Pour ceux qui auraient moins de temps résumons tout de même rapidement :
• Un salarié, opérateur de raffinerie en France en 2022 touche une rémunération totale de 5000 € par mois qui se décompose en 4300 € de salaire et 700 € « d’intéressement ». En 2022, l’intéressement qui est, rappelons-le, une participation des salariés aux « bons résultats » de l’entreprise s’est tout de même élevée à 7250 € minimum (9108 € en moyenne) ce qui représente presque deux mois de salaire. Il est donc parfaitement inexact de prétendre que les salariés, chez Total en tous les cas, ne bénéficient pas des résultats de l’entreprise. Pour résumer il ne semble pas que Total fasse partie des buveurs de sang que nous décrit la CGT.
• En termes d’augmentation : une augmentation de 3,5 % de l’ensemble des salaires a été réalisée dès janvier 2022 (pour mémoire la CNAV n’a réellement bougé les retraites que cet été et l’AGIRC-ARRCO ne va le faire qu’en novembre 2022). Les négociations pour 2023 ont été anticipées et prévoient d’ores et déjà au niveau de la branche 4 % en janvier 2023 et 6,7 % pour le minimum annuel garanti
• Pour faire face à l’inflation de l’énergie un avoir de 150 € a été proposé aux salariés abonnés ainsi qu’une prime énergie de 200 € nets en juillet.
• Un dividende exceptionnel de 1 € a bien été décidé pour les actionnaires ce qui, compte tenu du cours de l’action qui est à peu près de 50 €, représente 2 % ! Dont il faut retirer 30 % d’imposition à la source, ce qui ramène le pourcentage à 1,32 ! Et dont les actionnaires d’ailleurs remercient Total. (Ce n’est pas très fréquent)
• Les consommateurs eux bénéficient actuellement d’une ristourne « Total » de 0,30 € au litre, à la pompe en dehors de toute obligation légale. Quel scandale !

Et ce sont ces salariés-bénéficiaires, les pauvres, qui imposent à l’ensemble de la population depuis 10 jours un sujet unique de préoccupations à savoir la disponibilité de carburant, des queues de une à deux heures pour parfois arriver devant une pompe vide et désorganise l’ensemble de la vie de leurs concitoyens et des entreprises. Ayant des obligations ce week-end, j’ai eu la chance d’avoir un réservoir quasi plein au départ, d’aller dans une région moins sinistrée mais j’ai tout de même rempli mon réservoir tous les 200 km pour être à peu près certain de pouvoir revenir. Merci la grève.
Il me semble que le droit de grève est une bonne chose car il permet l’existence d’un contre-pouvoir dans l’entreprise mais qu’il est complètement dévoyé. Qui fait grève aujourd’hui ? Des gens protégés, et placés dans l’organisation de la société dans des passages obligés. Depuis la rentrée nous avons eu droit à la SNCF, à l’enseignement, aux aiguilleurs du ciel, maintenant au carburant … tous ces gens ont des statuts de fonctionnaires ou de quasi fonctionnaire, (donc ne risquent rien, pas de licenciement à la clé) et surtout sont placés dans des situations de passage obligé.
Ayant eu l’avantage de m’occuper de commercial dans une entreprise agroalimentaire, j’ai eu la tâche de défendre les intérêts de la société devant la grande distribution. Or il existe un schéma qui ressemble étrangement à un sablier : 65 millions de consommateurs, quelques dizaines de milliers de fabricants fournisseurs de la distribution et entre les deux une dizaine de bureaux d’achat ! (Leclerc, Carrefour, Intermarché, Lidl, Auchan …) Si vous voulez que vos produits soient mis à disposition dans les rayons d’un supermarché il va falloir trouver un accord avec le bureau d’achat. Or il se trouve que vous représentez en général moins de 1% du chiffre d’affaires de l’hypermarché alors que la chaîne Leclerc ou Carrefour représente plus de 20 % du vôtre : devinez qui gagne ou imaginez quelles contorsions le fabricant va devoir réaliser pour être présent dans les linéaires, en concurrence d’ailleurs avec les fabricants de produits similaires, ce qui n’est que normal. On insiste très souvent sur la nécessité de la concurrence et c’est une bonne chose mais dans le cas précis, il ne s’agit plus de concurrence mais de capacité de nuisance relative. Au moins sur le papier, Leclerc ou Carrefour pourra se passer de n’importe quel produit, au moins pendant quelque temps, sans que son chiffre d’affaires en souffre. Le fabricant par contre est dans l’incapacité de perdre un client qui représente à lui tout seul entre 15 et 25 pour cent de son activité. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle vous entendez de temps à autre les fabricants de lait ou de tout autre produit se plaindre d’être écrasés par la grande distribution ou les éclats de voix qui entourent les négociations de conditions de fin d’année entre fabricants et distributeurs. Cela fait une trentaine d’années voire 40 que la grande distribution s’est concentrée et que l’on empile les lois pour essayer de régler ce problème sans y arriver car on le considère comme un problème de concurrence alors que c’est un problème de capacité de nuisance relative.
Il se trouve que l’enseignement, les aiguilleurs du ciel, la SNCF, l’EDF et les autres énergies, la RATP, mais aussi parfois les camionneurs qui peuvent bloquer facilement la circulation, les motocyclistes que l’on ne sait ni attraper ni verbaliser, depuis peu les vélos qui ont décidé, avec l’approbation affichée de Madame Hidalgo, d’ignorer l’existence d’un quelconque code de la route (c’est-à-dire de vie en commun) sont dans la même situation.
Il faudrait rapidement accepter que dans ces situations de blocage par monopole de fait, des mesures de réquisition puissent être envisagées car sinon, puisque notre civilisation devient de plus en plus complexe, les bloqueurs de systèmes et les chantages vont se multiplier.
Que se passera-t-il demain si vous bloquez Internet, Twitter ou le téléphone ? Les racketteurs d’hôpitaux l’ont déjà imaginé ! La CGT de Total suit leurs traces « quoiqu’il en coûte » à ses concitoyens. Merci.

 

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2 commentaires

Régis GLORIEUX octobre 10, 2022 - 7:20 pm

L’idéologie française
La France continue hélas d’être menée par des idéologues (syndicalistes, un grand nombre de fonctionnaires, écologistes, etc.) qui monopolisent les médias incultes (ils se contentent de reprendre les slogans ; où est le véritable journalisme d’investigation ?) et influencent donc l’opinion et donc les partis politiques à l’affut des voix.
L’infirmière qui vient quotidiennement chez nous m’a prévenu qu’elle pourrait ne plus être à même de venir faute de carburant, malgré toutes ses recherches. La station en Ile-de-France où j’ai pu refaire le plein de diésel samedi était déjà à cours de tous les autres carburants.

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zelectron octobre 11, 2022 - 5:03 pm

Pour faire face aux capacités de nuisances de la CGT il faut l’éliminer !
La richesse de la CGT provient de ses chantages et combines dans les comités d’entreprises tout secteurs confondus et de ses syndiqués appointés par les firmes elles-mêmes et ça n’a pas l’air de cesser !

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