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Gérer l’hôpital comme une entreprise

par Gérard Dosogne
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Les soins aux malades sont-ils ou non un service marchand comme un autre, et faut-il le laisser gérer par des fonctionnaires d’Etat, ou bien par des professionnels des gestions d’entreprise ? Je reviens sur un récent article du Docteur Guy Valencien, membre de l’académie de médecine.

Guy Valencien « nous » invite donc à repenser l’hôpital en entrepreneur (Les échos, 27 septembre 2019) (mais qui est ce « nous » ?)

Et pourquoi donc ? « Nous » sommes de plus en plus conscients de la gestion catastrophique de l’hôpital, exacerbée par celle criante des urgences, mais qui n’est pour ma part que la partie émergée de l’iceberg.

Aujourd’hui, on sait prévoir dans chaque service d’urgence, pour chaque jour, combien de malades vont se présenter, avec quelles pathologies, mais cette information reste dans les tiroirs et n’est pas exploitée, victime des lourdeurs et procédures administratives d’un autre âge, ou plutôt d’une lourdeur étatique mortifère.

Une gestion entrepreneuriale permettrait en effet, grâce à ces informations, de gérer de manière intelligente les flux de patients qui arrivent aux urgences.

Je reprends le diagnostic du docteur Guy Valencien : « Aujourd’hui, on sait prévoir les urgences, leurs types, leur fréquence, en fonction de l’heure, du jour, de la semaine, du mois et de la météo, grâce aux bases de données et aux algorithmes qui les moulinent. S’il fait -10° la nuit du 13 janvier 2020, le service d’urgence de l’hôpital X accueillera avant midi 3 entorses à la cheville, une fracture du poignet, une du col du fémur, deux plaies à la main et un traumatisme crânien. Avec de telles informations, l’urgence disparait, remplacée par la gestion des flux »

Donc, une gestion entrepreneuriale de l’hôpital, que l’on devrait retrouver dans tous les services, serait bien mieux adaptée aux soins efficaces des patients.

Alors, qui est le plus capable d’instaurer cette gestion ? Vers qui se retourner ? Le ministre de la santé, un grand gestionnaire devant l’éternel ? Les autorités étatiques de santé qui pullulent dans notre pays ? Les brillants énarques qui vont rajouter des procédures aux procédures ?

L’incompétence de l’Etat et de ses « serviteurs » est démontrée (mais pas toujours acceptée) et la solution est bien entendu là, à portée de main, mais un mur de verre, un tabou français nous empêchent d’y recourir.

Qui est le mieux à même de gérer une entreprise sinon les entrepreneurs privés, qui ont prouvé leur efficacité dans la plupart des domaines marchands, par exemple les assureurs. Qui fera sauter le tabou que l’Etat est le seul gestionnaire compétent d’un système de santé juste et « magnifique » ? Il faut mettre les pieds dans le plat et oser mettre sur la table la privatisation des hôpitaux « publics » et aussi de l’Assurance Maladie » qui lui dicte ses règles et procédures étouffantes et souvent inefficaces, et la suppression de la plupart des agences de santé, sauf une autorité de contrôle forte qui veillera à la qualité des soins et l’égalité des patients, sur tout le territoire, dans la prise en charge.

Laissons à l’Etat le contrôle et aux entrepreneurs privés la gestion. Docteur Valencien, osons franchir le pas pour enfin retrouver un service de santé « que le monde nous enviera » !

PS : On peut d’ailleurs rappeler que les cliniques « privées », assurent déjà aujourd’hui 20 % des prestations hospitalières totales et ceci pour un coût inférieur de 30 % environ à celui de l’hospitalisation publique. Augmenter leur poids serait assez facile puisque ce pourcentage, maximum, fixé par l’Etat, est la seule raison qui limite l’hospitalisation entrepreneuriale. Ce pourrait être un premier pas vers un changement plus global de système.

 

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2 commentaires

Charles Garnier octobre 10, 2019 - 5:59 pm

La seule solution pour arriver à des résultats tangibles pour la santé des français
La sécu toujours plus déficitaires est malade de ses hôpitaux noyés par les urgences et la désorganisation des centres de soins que représentent les hôpitaux.
Puisque les médecins particuliers ne sont plus tenus d’assurer des urgences, tout le monde se retourne vers l’hopital. Débordé, surtout le soir ou le week end, le personnel médical n’en peut plus. Y a-t-il un vrai patron à l’hopital? Hélas non, le Dr nest pas médecin et gère çà sans souci du service et de son efficacité tant pour les patients que pour la sécu.
Je n’aborderai même pas le role des syndicats qui pourrissent le système car ils s’opposent à la règle de travail qui consisterait à faire qu’une infirmière du service cardiologie, pourrait assister ses collègues des autres services pneumologie ou rhumatologie en cas de surcroît de travail. Chacun dans son service sinon point de salut…Un vrai patron d’entreprise ou un Dr de Clinique privée sait que la seule façon de bien gérer est de faciliter la fluidité du personnel dans le travail, sans multiplier les coûts ou les ruptures de service aux patients.
Gérard Dosogne nous le rappelle utilement. A quand la concurrence réelle dans ce monde de la santé, comme cela existe dans les autres pays de l’UE avec une meilleure efficacité et un moindre coût pour la collectivité.
Charles Garnier

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Biomass mars 18, 2020 - 2:50 pm

3e voie ?
Il doit bien exister une troisième voie, qui ne privilégie pas trop la gestion purement entrepreneuriale (avec ses propres derives, il faut le rappeler…)

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