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Fins de mois, retraites, productivité et changements

par Yves Buchsenschutz
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En ce qui concerne l’enrichissement (solution habituelle aux difficultés de fin de mois des gilets jaunes et des autres) et la productivité, je me permets de vous renvoyer à un article publié en octobre 2018 « Demain, la productivité, c’est-à-dire la richesse ».
Nous avons eu droit le 5 décembre à un prurit classique en France de protestation contre le projet de modification des retraites. Il pose plusieurs problèmes : un préjudice général, une démocratie dévoyée, une absence de solution, lamentable dans un océan de mauvaise foi.

Une désorganisation préjudiciable à tous

Ce mouvement va désorganiser considérablement la vie de tous les Français, qu’elle soit de production ou de consommation, et sera donc une perte sèche pour tout le monde. Par exemple elle va faire baisser les indices de productivité de notre pays et donc sa richesse. Ce sera autant de moins à redistribuer pour tout le monde, dommage. Après 50 samedis successifs de casse des gilets jaunes, et 17 Milliards de déficit supplémentaire à financer. Les 66,6 Millions de français qui ne portent pas de gilet ont le droit d’en avoir assez et n’avaient pas besoin de recommencer avec les retraites. Il faut espérer qu’ils finiront par trouver un moyen pour le dire et être entendus.

La démocratie dans la rue

Un deuxième problème est celui de la mise en place quasi institutionnelle de la démocratie de l’émeute : nous avions autrefois une méthode, nous élisions des députés et des sénateurs et ces gens-là étaient chargés de régler le problème. Aujourd’hui il ne se passe pas de jour sans qu’une manifestation se déclare : paysanne, sidaïque, contre les violences faites aux femmes, pour la libération du Burkina Faso ou autre lieu, la PMA, la taxe carbone, etc. Le débat politique a glissé de la représentation nationale vers la rue. Mieux, si l’on veut être entendu, il ne reste plus que la rue, laquelle finit le plus souvent par avoir raison car elle utilise systématiquement le chantage comme moyen de pression. Le résultat est que 50 ou 1.000 personnes décidées finissent par faire le droit (rappelez-vous Notre-Dame-des-Landes, et posez-vous la question : si vous étiez un propriétaire expulsé il y a quelques années dans une procédure légale d’utilité publique, et que vous retrouviez à ce jour votre bien dans les mains de quelqu’un qui a simplement crié plus fort que vous… et s’est attaché à la maison. Que penseriez-vous de la justice de votre pays ?) À noter que ceux qui n’ont pas la voix assez forte ne sont plus ni entendus ni respectés. La justice nous explique désormais qu’il ne faut plus condamner personne, ni envisager de vraies peines dissuasives, car il paraît que cela ne sert à rien, à l’exception des procès-verbaux pour excès de vitesse qui eux, c’est une curiosité, restent bien vivants.

Le troisième problème est que cela ne résout rien

Il ne va pas sortir de ces journées de manifestation le moindre petit bout de solution et pourtant ce n’est pas faute d’avoir élaboré des propositions. Les Français sont un peuple des plus curieux : ils voudraient que leur situation s’améliore « à circonstances constantes ». C’est-à-dire en gagnant quelque chose, mais sans rien perdre jamais de ce qu’ils ont l’habitude de nommer « avantages acquis » et qui correspond en fait à des rentes devenues privilèges, en général sclérosantes de surcroît. C’est-à-dire en fait une espèce d’amélioration de la productivité qui tomberait du ciel comme autrefois la manne dans le désert. Ceci est tout bonnement impossible : il ne peut pas y avoir amélioration de la situation globale s’il n’y a pas changement de l’avenir mais aussi souvent du passé. Cette équation est consubstantielle à la productivité.

Toujours plus (réactionnaire)

Regardons de plus près ce fameux problème des retraites : si tout, mais alors tout, doit être conservé de l’ancien système (Saint Graal de la CGT et de la SNCF) alors il faut se remettre en 1945 lorsque les locomotives étaient à vapeur, que Serge Gainsbourg glorifiait le poinçonneur des Lilas, et que le cheminot moyen décédait à 65 ans… Dans ces conditions, il n’y a aucun problème à continuer : simplement, il va falloir euthanasier les gens le jour de leurs 65 ans et diviser le montant des retraites par 3 ou 4, niveau probable de l’époque[[Accessoirement il va falloir réintroduire de la pénibilité : le siège de TGV contre la chaudière à charbon !]]. Variante, la retraite à durée déterminée : vous partez à 52 ou 54 ans mais pour 15 ans seulement. Ensuite débrouillez-vous : ne comptez plus sur les autres fourmis pour entretenir les cigales. (Ce qui, dans une certaine mesure, est déjà le cas pour les régimes excédentaires qui comblent de force[[Les décisions d’arbitrage entre régimes sont prises par des fonctionnaires seuls sans les intéressés !]] le déficit des régimes en déshérence : ensemble des fonctions publiques, SNCF, RATP, etc.) Il n’y a aucune raison d’accepter les progrès de la société comme l’espérance de vie, sans aménager les carrières et les statuts par exemple.

Les temps ont changé

La productivité est la seule solution permettant l’augmentation de la richesse et l’amélioration des conditions de vie. Mais il faut accepter le changement qui l’accompagne toujours. Qu’est-ce qui la freine ? les rentes, les normes, le principe de précaution, et celui de complication, la crainte du changement… Ne nous y trompons pas : le bio et l’écologisme ajoutent des contraintes, donc vont à l’encontre de la productivité immédiate, mais celle-ci est comme un oignon : il y a toujours une peau derrière. Combat permanent entre l’innovation, l’astuce humaine qui améliore les solutions et la productivité, et entre l’augmentation des contraintes qui peut – parfois doit – exister, mais proposer des défis raisonnables et la résistance au changement.

Il faut certainement laisser du temps au temps mais refuser l’immobilisme. Tout le monde devrait en permanence rechercher la productivité, pas seulement les ingénieurs et les patrons mais aussi les fonctionnaires, les salariés, l’Etat et les syndicats. C’est, avec le changement, le chemin incontournable de l’amélioration de la condition humaine, au moins matérielle.

 

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1 commenter

zelectron décembre 9, 2019 - 7:15 pm

cet état ne sait rien faire d’autre que de mettre la charrue avant les boeufs
La démesure dans le fait de chercher à tout prix à légiférer au moyen d’une pléthore de mesurettes ineptes s’apparente à du déconstructivisme frénétique pour montrer qu’on agit, qu’importe le gaspillage de temps et d’argent pour ce faire.
Un état digne de ce nom s’occupe d’abord et avant tout de ce pourquoi il existe: arbitrer.
Lorsque l’industrie, le commerce et l’artisanat, le monde paysan et les services seront florissants il sera beaucoup plus facile d’établir un système de retraite digne de ce nom et approchant autant que possible la loyauté dont sont parfaitement dépourvus nos édiles félons et syndicats dévoyés.

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