Les États-Unis ont affiché la semaine dernière le chiffre inattendu du nombre de personnes nouvellement inscrites au chômage. Il y a eu seulement 268.000 nouvelles demandes d’allocations chômage pour la semaine close le 28 mars dernier, alors que les prévisions des analystes s’établissaient autour de 288.000 nouvelles inscriptions.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux États-Unis représentent une statistique importante du dynamisme du marché du travail américain. Contrairement à la France, où les statistiques équivalentes sont mensualisées, elles permettent de suivre de plus près l’évolution de l’emploi et de mieux comprendre la résonance des mesures ciblant l’état du chômage.
Le département du travail américain n’annonce aucun facteur particulier de la baisse inattendue du nombre d’inscriptions hebdomadaires au chômage. La moyenne sur quatre semaines glissantes s’établit alors à 285.500 inscriptions par semaine, contre 300.250 pour la semaine précédente. De plus, le nombre de personnes percevant régulièrement les allocations chômage recule également à son plus bas niveau depuis décembre 2000, à savoir à 2,325 millions, contre 2,412 millions précédemment.
Pour revenir chez nous, les chiffres américains d’inscriptions au chômage montrent à quel point l’économie des États-Unis est plus dynamique que celle de la France. Quelques calculs simples confirment la découverte annoncée à plusieurs reprises sur les pages de ce blog : le taux de turbulence, ou de renouvellement de l’économie américaine est de deux fois supérieur à celui que l’on observe en France.
Si l’on rend les statistiques sur les inscriptions au chômage comparables entre les deux pays, l’économie américaine affiche des flux de sorties – sans parler d’entrées – sur le marché du travail doubles de ceux constatés pour l’économie française. Cela nous permet de revenir sur l’observation que la turbulence économique, notamment en termes de destructions d’emplois, est de l’ordre de 10%, voire 15% de la population active aux États-Unis, alors qu’elle n’est que de 5% en France.
France | États-Unis | |
---|---|---|
Nombre de chômeurs nouvellement inscrits par mois |
328.000[1] | |
Nombre de chômeurs indemnisés nouvellement inscrits par mois |
131.530[2] | 1.072.000[3] à population comparable : 221.950 |
Après retraitement des données mensuelles publiées par la Dares, nous arrivons à près de 132.000 nouvelles inscriptions au chômage en France. À populations comparables, les États-Unis affichent un nombre d’inscriptions beaucoup plus élevé, à savoir de près de 222.000 nouvelles inscriptions par mois. Il faut noter que seules les inscriptions indemnisées sont comptabilisées dans cette étude pour rendre les statistiques comparables entre les deux pays.
Notre conclusion ne tient évidemment pas compte du fait que les chiffres français puissent être considérés artificiellement surestimés du fait du système d’indemnisation du chômage beaucoup plus généreuse et de l’encadrement juridique du travail moins souple, par rapport au système instauré aux États-Unis.
Mais il est évident que la vitesse du renouvellement de l’économie reste très importante pour son assainissement. Avec le chômage tombé à 5,5% depuis quelques mois, l’Amérique semble s’en sortir plutôt bien.