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Conseil consultatif de quartier : un exercice inutile avec des élus impuissants

par Yves Buchsenschutz
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Il y a quelque temps, j’ai eu, dûment invité, l’occasion de me rendre à un « conseil consultatif de quartier », dans le 8ème arrondissement de Paris. J’en ai tiré la conclusion que cet exercice était malheureusement un pur artifice…

Plutôt partisan, intuitif, de la démocratie directe, je pensais que cette réunion serait l’occasion de rencontrer les gens qui « nous gouvernent », de comprendre leurs difficultés et accessoirement d’exposer les miennes. Las, au bout de deux heures de questions et réponses sans saveur, l’ordre du jour avait un peu avancé mais aucune solution n’avait émergé. Nous revenions aux débats des années précédentes, ressassés, retriturés…, mais toujours sans issue. Alors… qu’est-ce qui grippe cette machine ?

Pour le comprendre, voici donc un petit récapitulatif de ce conseil qui s’est tenu le 15 février en présence de Monsieur Baladi, adjoint au maire.

En point n°1 a été évoquée la multiplication des sans-abris et ceci jusque sur les paliers dans les immeubles. Selon la Commissaire, la police essaie de les regrouper dans des centres idoines, mais ils ont le droit de refuser d’y aller ! D’après elle, on ne peut plus compter les interventions tellement elles sont nombreuses… Par ailleurs, quand le climat social est mauvais, les policiers prennent de vrais risques.

En point n°2 a été évoquée la question des « Ferrari ». Dans ce quartier proche des Champs-Elysées, des loueurs proposent aux touristes des « tours » en Ferrari moyennant finances. Pourquoi pas… si elles n’écrasent pas les piétons et circulent à une allure raisonnable. Malheureusement, elles roulent vite, très vite, souvent la nuit et avec un échappement pour le moins sonore, voire libéré! Récriminations de l’assistance et réponse de Madame la commissaire centrale de police encore : ce phénomène est bien connu mais compliqué ; les voitures appartiennent à des citoyens privés, la gestion à une organisation et les chauffeurs sont des employés. De fait il semblerait que personne ne soit vraiment sanctionnable car la législation se prête à des interprétations très diverses. La police a multiplié les PV (plusieurs centaines ?) mais ceci a été sans effet sur la vitesse des Ferrari… Le Grand Prix de Formule 1 du 8ème continue… De même d’ailleurs que quelques boîtes de nuit qui dégorgent dans la rue des ivrognes braillards vers 4 heures du matin.

Le point n°4 fut à propos des autobus. La nouvelle signalisation indiquant sur des mâts le temps d’attente, n’est indiquée que sur un côté (en général la direction vers laquelle le bus se dirige), pourtant on accède à la station par les deux côtés. Ce problème a déjà été signalé en 2017, sans qu’une solution ne soit apportée, ni même la question regardée. Comme de plus la signalisation ne fonctionne pas systématiquement même quand on est du bon côté, son utilisation n’est plus que marginale…

En point n°5 ont été évoqués la qualité des revêtements des trottoirs et des chaussées, et les travaux. Depuis plus de trois ans, le quartier est la proie incessante de réfections de toute sortes : pour ne citer que les principales d’entre elles : aération du métro place de l’église Saint Philippe du Roule, ambassade du Canada, chauffage urbain (deux interventions à moins de six mois d’écarts dont l’une dure encore), Vélib (en chambardement depuis juin 2017 ; que sont censés faire ses utilisateurs pendant ce temps là ? Racheter une voiture ?), une nouvelle voie cyclable avenue Franklin Roosevelt alors qu’il en existe déjà une avec les bus, etc. Camions, bruits, double voire, triple-file de stationnement, interdictions et privations d’usage de toutes sortes. Nous serions intéressés de connaître l’évolution du chiffre d’affaires des commerçants du quartier. Quant à la tranquillité des riverains, elle en pâtit évidemment de manière patente. En m’installant dans le 8ème arrondissement de Paris, je ne croyais pourtant pas être dans une ville nouvelle en pleine construction !

Le point n°6 fut celui de la propreté. Rien de spécial n’est à mentionner… Ou plutôt le quartier est au même régime que le reste de la ville : sale et infestée de rats et de papiers gras. Mes impôts locaux ont pourtant augmenté de 60 % car je suis considéré comme occupant une résidence secondaire ! (donc consommant plus de services publics ?). C’est que les élus ont traité d’autres priorités. Par exemple la fameuse salle de shoot du 10ème arrondissement : ouverte le 17 octobre 2016, elle compte au total à fin janvier 2018, 6.470 contrôles (soit 14 par jour) et 1.800 infractions relevées (soit 4 par jour). Vous avez envie d’élever des enfants dans le quartier ?

Vinrent ensuite les discussions sur le budget participatif, c’est-à-dire le suivi des projets proposés et retenus par les citoyens, et les questions diverses : je suis parti. A quoi bon ?

Cet inventaire à la Prévert révèle les dysfonctionnements de la politique locale telle qu’elle existe actuellement. La population arrive, difficilement, à exprimer ses doléances, mais la réponse des élus ou des fonctionnaires locaux est toujours la même : nous avons fait beaucoup d’efforts, les plus grands, mais rien n’a changé et d’ailleurs rien ne changera, car la loi, le règlement, l’air du temps, font que ces problèmes sont inextricables. Les fonctionnaires proposent par contre un certain nombre d’améliorations tout à fait différentes de celles réclamées par les citoyens, car il faut bien faire le bien des gens malgré eux. Les administrés n’en ont évidemment que faire. On constate donc que les services publics sont devenus non seulement incapables de répondre aux préoccupations des administrés, mais encore qu’ils tournent en rond dans leurs réglementations et contraintes contradictoires. A se demander si, quand on propose une loi ou un règlement, on se pose la question de sa compatibilité avec les règles existantes.

En activité professionnelle, j’avais l’habitude de dire aux salariés de ma société que je connaissais deux types de collaborateurs : ceux qui avaient des résultats et ceux qui avaient des explications. Chacun doit choisir le camp auquel il souhaite appartenir, sachant qu’avoir des résultats ne signifie pas faire n’importe quoi ni des actions illégales. Dans le cas qui nous occupe, il faudrait que les fonctionnaires locaux se rappellent chaque matin qu’un service public est d’abord un service au public et que les difficultés de services, y compris des règlements ou des lois contradictoires, sont là pour être résolues et corrigées, et non pour être racontées le soir à la veillée dans des réunions d’auto-contrition.

 

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1 commenter

zelectron mars 7, 2018 - 7:56 pm

Conseil consultatif de quartier
à croire que les « politiques » laissent parler ces intervenants en laissant leurs oreilles grandes ouvertes pour évacuer par l’autre oreille tous ces discours qui les ennuient profondément.

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