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COP 21 et démographie

par Yves Buchsenschutz
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S’il y a bien un sujet que la COP 21 a soigneusement éludé, c’est celui de la démographie. Et pourtant, le problème que nous essayons de résoudre, dans la COP 21 et tout ce qui l’entoure, est fondamentalement celui de la consommation de planète, devenue « de facto » une nouvelle frontière pour l’humanité. Mesurée principalement pour le moment, par l’émission de CO2, elle est vraie en fait de toutes les consommations non renouvelables ou rares, quel qu’en soit le motif. Or, chacun conçoit facilement que la consommation globale de planète, peut se décomposer en « consommation de planète moyenne par individu habitant la planète x nombre d’individus qui l’habitent ».

Concernant la consommation par individu, on nous rebat les oreilles, avec une certaine raison, de la consommation « frugale ». Certes, mais les mêmes personnes qui considèrent non seulement que les populations des pays en développement ont un gros rattrapage à effectuer, crient chaque jour que, de plus, une large fraction de la population des pays développés est dans la même situation. Sournoisement, on avance qu’une large redistribution résoudra le problème : je rappelle que la fortune de Madame Bettencourt, top riche du système français, divisée par le nombre de Français représente 500 € par personne, et ceci une seule fois, sans compter la part de l’Etat ! Le problème de la redistribution c’est d’une part qu’elle est largement entamée et surtout qu’il y a peu de « riches » et beaucoup de « pauvres »[[Il faudrait d’ailleurs définir les riches et les pauvres, qui semblent toujours être l’autre.]]. On risque fort d’être déçu à l’arrivée. Sans compter qu’il faudra arriver à faire fonctionner des systèmes complètement égalitaires, lesquels n’ont jamais fonctionné en vraie grandeur (cf. par exemple les expériences malheureuses de l’ex URSS, de Cuba, de la Chine de Mao, voire même de l’Allemagne de l’Est ou la Corée du Nord). Au passage, nous vivons dans des démocraties et pour le moment, il suffit d’observer le comportement des migrants : ils votent massivement avec leurs pieds pour venir dans les pays « développés » dans l’espoir de vivre leur modèle actuel, pas un modèle dégradé ou frugal. Tout ceci pour constater que le virage envisagé est immense et qu’il faudrait arriver à le faire de manière volontaire sous peine de réinventer des totalitarismes pires que le mal. Accessoirement on pourrait s’appuyer aussi sur l’industrie au lieu de la rendre omni-responsable et coupable : c’est grâce à elle que nous nourrissons désormais, à peu près, le monde, et elle a su par exemple résoudre le trou d’ozone qui, toute proportion gardée paraissait très grave il y a 20 ans (ex cité par J. Mistral, économiste durable réputé du Conseil d’Analyse Economique).

Mais ma vraie question n’est pas là : elle concerne le deuxième facteur de la multiplication, à savoir le volume de population consommateur de planète. A date, il semblerait que la population mondiale continue à augmenter de 200.000 individus par jour. Or chaque individu supplémentaire est un consommateur-pollueur potentiel de planète. L’évolution récente constatée de la population mondiale est la suivante :

• En 1850 1.260 millions (révolution industrielle)
• En 1900 1.650 millions
• En 1927 2.000 millions
• En 1960 3.000 millions
• En 1974 4.000 millions
• En 1987 5.000 millions
• En 2011 7.000 millions d’habitants

La démographie est certes un phénomène difficile à piloter mais peut-être pas plus que l’économie. La Chine l’a tenté et cela a donné des résultats (délicats certes mais cela a certainement largement participé au décollage de ce pays. A contrario le renoncement à l’enfant unique décidé récemment devrait avoir pour conséquence une croissance supplémentaire de près de 80 Millions d’habitants, soit en gros l’Allemagne ou la France demain ! Donc l’équivalent à terme de leur consommation de planète !).

Pourquoi s’interdire d’agir sur le paramètre population, lequel semble être un sujet tabou ? Ci-dessous la courbe de prévision d’évolution démographique mondiale. Elle appelle au moins deux commentaires : tout d’abord elle est assez comparable à celle du CO2, mais intègre par contre à terme une diminution – non prouvée – vers 2150, laquelle devrait logiquement entraîner dans son sillage, une décroissance « naturelle » de la consommation de planète ( ?). Au demeurant, le bon sens indique qu’une population à peu près stable serait souhaitable, voire nécessaire, à un système pérenne.

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Surtout, il faudrait faire confiance aux prévisions officielles des démographes qui promettent toujours « l’atterrissage démographique » pour demain… Elles sont régulièrement dépassées à la hausse.

La dernière projection (2015)[[https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale#cite_note-ONU2015-1]] porte la prévision 2100 à 11,21 milliards de personnes ; on constate donc une dérive très nette dans ces prévisions laquelle finira bien par donner raison à Malthus.

Évolution des prévisions de l’ONU (scénario moyen, en milliards d’habitants)
Prévision ONU Population en 2050 Population en 2100
Révision 1998[[https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale#cite_note-Rev1998-18]] 9,1 9,5
Révision 2011[[https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale#cite_note-ResumOnu2011_05_03-20]] 9,3 10,1
Révision 2013 9,55 10,85
Révision 2015[[https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale#cite_note-ONU2015-1]] 9,72 11,21
Source ONU et Wikipédia

L’instauration d’un simple droit généralisé à consommer de la planète, sous forme d’une taxe basée sur le nombre d’habitants, existants ou à venir, modulée ou non en fonction de l’intensité de consommation de la population concernée, pourrait être un premier frein à l’augmentation inconsidérée du nombre de consommateurs et alimenter un fonds mondial pour encourager les pays les moins riches à consommer « durable ».

 

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2 commentaires

Yves Montenay février 14, 2016 - 8:27 pm

Rien n'est plus menteur qu'une moyenne
Pour les raisons indiquées dans cet article, presque tout le monde souhaite que la population mondiale plafonne. Le problème est que la planète est divisée entre pays de comportements démographiques très différents, et que raisonner sur des moyennes n'a pas de sens.

– d'une part c'est en Afrique subsaharienne et quelques autres pays que la fécondité baisse trop doucement pour que l'on voie apparaître un plafonnement avant plus d'un siècle. En schématisant, l'Afrique est passée d'un modèle de huit enfants par femme donc six mouraient, donc une population plus ou moins stable, à un modèle de 5,5 enfants par femme (et 7 dans certains pays), dont 0,5 ne survivent pas, soit une multiplication par 2,5 par génération. Il faudrait tomber à environ deux enfants, ce qui viendra peut-être (mais quand ?). Je ne vois pas très bien comment une taxe pourrait changer le comportement d'un agriculteur au fond de sa brousse où les enfants sont une ressource plus qu'une charge. Si fécondité baisse néanmoins, c'est du fait de l'urbanisation, car l'enfant a alors un coût. De toute façon cas je vois mal un gouvernement africain arriver concrètement à prélever une taxe sur chaque naissance dans des familles en majorité extrêmement pauvres. Sans parler du fait que les gouvernements et les églises, notamment chrétiennes, sont hostiles à une limitation des naissances et qu'un Africain est bien plus religieux qu'un Européen.

– d'autre part un nombre croissant de pays ont nettement moins de deux enfants par femme, et leur population diminue ou va diminuer ( Chine, Russie, une grande partie de l'Asie orientale et de l'Europe … et l'Iran que je cite pour démentir l'idée d'une fécondité musulmane forcément élevée). Cette diminution se fait PAR LE BAS DE LA PYRAMIDE DES AGES. Mathématiquement il faut donc soit PLUS d'enfants, soit tuer les vieux, soit transformer les vieux en jeunes en reculant massivement l'âge de la retraite, soit demander à tous les couples de moins de 40 ans d'adopter un enfant africain … je ne vois pas bien le rôle d'une taxe dans chacune de ces hypothèses …. sauf peut-être taxer massivement les retraités de moins de 70 ans pour les inciter à travailler,

– une minorité de pays sont en situation intermédiaire hors immigration (la France, les États-Unis, le Maghreb ..) : la population n'y augmente que du fait des vieux, et ils auront donc, en moins fort et plus tard, les mêmes problèmes que les précédents.

Bref une taxe n'est possible que dans des pays pas trop pauvres, c'est-à-dire ceux où on manque d'enfants, et ne l'est pas là où il y en a "trop". Rien n'est plus menteur qu'une moyenne !

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Gilbert CLARET février 17, 2016 - 7:11 pm

OCP 21 et démographie
Vous avez raison de soulever la question du poids de la hausse de la démographie humaine dans la consommation de la planète, car il s'agit bien d'une consommation. La question semble tabou. Pourquoi? L'homme serait-il incapable de réfréner ses pulsions reproductrices? La réponse est négative s'agissant des pays développés occidentaux dans lesquels le nombre d'enfants par famille est relativement sous contrôle voulu par les familles sans qu'elles subissent une forme de coercition pour limiter les naissances de la part de l'Etat contrairement au cas de la Chine. La difficulté vient des pays pauvres dans lesquels les enfants représentent souvent la seule richesse des familles. Les progrès dans les soins médicaux et l'hygiène dans ces pays défavorisés permettent progressivement une diminution notable de la mortalité infantile, ce qui a pour effet d'augmenter la population sans que la pauvreté diminue ou ne régresse au même rythme. L'idéal serait que dans tous les pays les populations limitent volontairement, au niveau de chaque individu c'est à dire sans coercition étatique, le nombre des naissances par une prise de conscience généralisée que la terre ne pourra pas supporter indéfiniment une hausse continue du nombre des humains qui la peuplent. Quant au rêve de coloniser d'autres planètes habitables qui restent à trouver à une distance acceptable de la terre, ce n'est encore qu'un rêve car ce n'est pas demain ni après-demain qu'il pourra se réaliser pour absorber le surplus de population que la terre ne pourra plus supporter sans auto limitation des naissances.

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